1 000 €, c'est le montant de la nouvelle aide versée par Action Logement aux jeunes actifs pour leur installation. Quatre critères d’éligibilité sont retenus pour accéder au dispositif lancé le 18 février : être âgé de moins de 25 ans, disposer d’un bail locatif, percevoir un salaire mensuel brut compris entre 467 € et 1 711 € et être salarié depuis moins de 18 mois.
« L’objectif de cette aide est de soutenir les nouveaux actifs aux revenus modestes dans le paiement de leurs charges locatives, alors qu’ils doivent affronter un contexte économique et social particulièrement difficile. Elle vise aussi les élèves en alternance dont le parcours se situe entre le monde de la formation et celui de l’emploi. Ce sont les profils les plus impactés par la contemporanéité du calcul des APL », explique Action Logement.
Alors qu’une enveloppe de 30 millions d’euros est allouée au nouveau service, la question se pose de savoir s’il s’agit là d’une compensation aux conséquences restrictives de la réforme des APL (aides personnalisées au logement), en vigueur depuis le 1er janvier 2021.
Une compensation partielle
Car, début janvier, le cabinet d’Emmanuelle Wargon, ministre déléguée au logement, indiquait aux ASH être conscient, que, pour les jeunes, l’APL constituait auparavant une sorte de coup de pouce à l’installation et que le ministère réfléchissait à un moyen de les aider.
« Cela concerne effectivement la même population. Or il ne s’agit pas là d’une compensation. Si un parallèle est fait, les jeunes sont forcément lésés. Mais à ce stade, il n’y pas d’autre solution proposée à ce public-là », précise le cabinet de la ministre qui révèle que les préoccupations de l'Etat se portent actuellement sur les personnes en contrat de professionnalisation.
Action Logement indique, quant à lui, que la nouvelle aide ne compensera que partiellement les conséquences de cette décision qui ne lui appartient pas.
Bien que, pour sa part, Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre, reconnaisse que cette prime soit la bienvenue au regard des frais engendrés par la location d’un premier logement, il reste sceptique quant à son déploiement. « Ça ne risque pas de pallier les 700 millions d’euros de coupe engendrés par la réforme des APL. De plus, la multitude de critères d’éligibilité et les preuves à fournir interrogent. Comment peut-on prouver qu’il s’agit d’un premier emploi ? Personne ne maîtrise le nombre de personnes qui vont bénéficier du dispositif. »
Des inquiétudes basées sur la mise en place par Action Logement, en juin 2020, d’une aide de 150 € pour les salariés et les demandeurs d’emploi qui peinaient à payer leur loyer ou à rembourser leur emprunt et dont les critères ont restreint le nombre de bénéficiaires.
Un système de protection sociale inadapté
Autre interrogation : dans un contexte épidémique où de nombreux jeunes n’ont ni emploi ni logement, la nouvelle prestation s’adresse à ceux qui bénéficient déjà des deux. « Il est commun de proposer des primes à la marge du système. Nous savons qu’il s’agit de communication alors qu’il faudrait augmenter et élargir les prestations existantes. Il ne s’agit pas là d’un système de protection sociale adapté », assure Manuel Domergue.
Le nouveau dispositif intervient à la suite de la signature, le 15 février, d’un avenant entre les partenaires sociaux d’Action Logement et les ministères du Logement et du Budget en faveur de la reprise économique et de l’accompagnement des salariés fragilisés par la crise. Parmi ses axes principaux, l’accompagnement à l’accession d’un logement neuf, l’aide à la construction de résidences pour jeunes actifs et l’extension de la garantie Visale qui assure une caution à certains salariés rencontrant des difficultés pour louer un logement dans le parc privé.