Quels sont les objectifs du centre Covid que vous coordonnez ?
Dans le 20ème arrondissement de Paris, de nombreuses personnes sont en situation d’extrême précarité, personnes âgées isolées, étudiants ou travailleurs migrants. Certains n’ont jamais eu de masques. Depuis le début de la crise, aux urgences médicales de Paris, nous avions des difficultés à soigner certains patients : laboratoires saturés, personnes sans papiers... Avec la Communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) du 20ème, nous avons donc créé un centre dans lequel on ne demande ni pièce d’identité, ni carte vitale et toutes les prestations y sont gratuites. Techniquement, les professionnels de santé recensent les personnes et nous font remonter les besoins par le biais d’un standard téléphonique ouvert tous les jours. Nous fixons ensuite des rendez-vous pour tester et centraliser les résultats puis nous nous occupons du suivi sanitaire et social.
Concrètement, comment les choses s’organisent ?
Nous assurons deux types d’intervention, soit sur place, soit à domicile. L’équipe médicale est composée d’un médecin et de quatre infirmiers libéraux membres de la CPTS. La mairie du 20ème arrondissement met à disposition des locaux et la société Rentacar nous prête un véhicule. Au centre, la capacité d’accueil est de dix personnes par demi-heure. Nous y effectuons des tests Covid. Un médecin assure des conseils de prévention et nous distribuons des masques ainsi que du gel hydroalcoolique. Deux personnes formées au dispositif Covisan de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (APHP) travaillent également à temps plein. Ils ont pour principale mission le traçage des personnes contacts, l'enquête sociale et le suivi. Si l’isolement est nécessaire, il faut assurer l’alimentation. D’un point de vue médical, faire du test est facile mais ce n’est pas stimulant. Aussi, nous souhaitons accompagner les gens. Si le patient n’est pas à même de venir ou s’il risque de contaminer d’autres personnes en se déplaçant, nous organisons une visite à domicile. Huit infirmiers peuvent être très rapidement appelés en renfort et intervenir en moyenne auprès de 10 foyers par jour. Les prestations sont identiques à celles effectuées au centre. Ensuite, l’APHP prend le relai.
Pourquoi avoir attendu décembre pour ouvrir ce centre ?
Comme l’épidémie régresse, nous avons le temps d’évaluer les besoins et de nous organiser. Nous arrivons à nouveau sur une période de tests massifs et d’isolement rapide. Avec l’approche des fêtes de fin d’année, des dépistages à grande échelle dans les Ehpad ou les foyers de travailleurs migrants se préparent. Le centre est pilote car ses services ont vocation à s’étendre à l’ensemble de la capitale. Pour l’heure, l’Agence régionale de santé subventionne tous les moyens de coordination et humains. L’APHP assure, quant à elle, le paiement de l’ensemble du matériel (tests…). Il s’agit d’un moyen d’économiser au regard du coût des hospitalisations et cela permet d’éviter les dérives. Nous ne proposons pas de tests de confort. Après, nous serons reconvertis en centre de vaccination mais nous n’avons pas encore d’information quant à son organisation. En revanche, nous savons que nous ne pourrons pas vacciner tout le monde et que l’alternative est la mise en place de grosses campagnes de communication.
