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Assurance chômage : le gouvernement renonce – en partie – à son programme d’économies

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Comme l'avaient demandé les partenaires sociaux - sauf le Medef - le gouvernement Lecornu a renoncé à l'application de la réforme de l'assurance chômage mise en chantier par François Bayrou. (Photo: Jean-Pierre Farandou, ministre du Travail.)

Crédit photo Hans Lucas via AFP
Jean-Pierre Farandou vient d’annuler le projet de réforme de l’assurance chômage qui promettait de durcir les conditions d’indemnisation pour réaliser entre 2 et 4 milliards d’économies par an. Une concession qui ne va pas sans contreparties, pour lesquelles le ministre du Travail invite les partenaires sociaux à se réunir au plus vite.   

Le « carnage » sur l’assurance chômage redouté par les syndicats de salariés depuis l’été 2025 n’aura finalement peut-être pas lieu. Dans un courrier adressé aux principaux dirigeants syndicaux et patronaux à l’exception notable du Medef –, le ministre du Travail, Jean-Pierre Farandou, vient d’annoncer son intention de tirer un trait sur le projet de réforme de l’indemnisation des demandeurs d’emploi initié en août 2025 par François Bayrou.

4 milliards d'économies à terme

Pour mémoire, dans sa recherche d’économies tous azimuts sur le budget de l’Etat, l’ancien locataire de Matignon avait invité les partenaires sociaux à une nouvelle négociation sur l’assurance chômage, corsetée non seulement dans le temps – elle aurait dû s’achever le 15 novembre – mais surtout par une lettre de cadrage financier léonine imposant à ces derniers un programme de réduction drastique des dépenses de l’Unedic.

Dans la note d’intention du gouvernement Bayrou, il s’agissait d’inciter les chômeurs à retourner au plus vite à l’emploi. Et ce en durcissant les conditions d’accès à l’indemnisation (après une première salve en 2019), mais aussi en rabotant de 2 à 2,5 milliards d'euros par an les dépenses d’indemnisation chômage entre 2026 et 2029, avant de passer, en vitesse de croisière, ces économies à 4 milliards d'euros annuels.

De quoi soulager la trésorerie du régime d’assurance chômage, annoncé déficitaire de 300 millions d’euros cette année et de 400 millions en 2026, mais en rognant sévèrement la durée et possiblement les montants d’indemnisation des personnes inscrites à France travail.

>>> Sur le même sujet : Presque 20 % des sortants de l’indemnisation chômage étaient au RSA fin 2022

La décision avait suscité la désapprobation unanime des partenaires sociaux. Y compris dans le camp patronal, puisque les représentants des petites et moyennes entreprises de la CPME et ceux des artisans, commerçants et professionnels libéraux de l’U2P s’étaient joints à la protestation des syndicats de salariés.

A contre-courant, le Medef, lui, a continué – et continue encore – de réclamer la mise en chantier de la réforme Bayrou. Tout à sa fâcherie, son président, Patrick Martin, avait d’ailleurs refusé de signer la lettre commune des partenaires sociaux, demandant son retrait le 14 novembre 2025.

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Timing serré

Cependant, ce que Jean-Pierre Farandou donne d’une main, il le reprend – quoique dans de moindres proportions – de l’autre, invitant les partenaires sociaux à se réunir au plus tôt pour une nouvelle négociation.

Celle-ci devrait d'abord porter sur la réduction de l’usage des contrats courts, ces CDD et missions d’intérim de courte durée dont abusent certaines entreprises, qui plombent les comptes de l’assurance chômage, en multipliant pour nombre de salariés les allers-retours entre périodes d’emploi et d'inactivité indemnisées (situation appelée « permittence » dans le jargon de l’administration du travail).

La négociation doit aussi concerner les ruptures conventionnelles abusives, accusées, elles aussi, de creuser le trou de l’Unedic. Un objectif affiché : réduire de 400 millions par an le coût des ruptures conventionnelles pour les comptes du régime avec des effets attendus dès 2026.

>>> A lire aussi: Comment la précarité est passée de "conjoncturelle" à "structurelle" en 30 ans

Le timing est donc serré. Par conséquent, les partenaires sociaux ont prévu de se retrouver le 3 décembre au siège de l’Unedic pour élaborer le plan de bataille de leur future négociation, mais sans le Medef et l’U2P – pour des raisons d’agenda et de doute sur la finalité d’une négociation d’où sera absente la principale organisation patronale.

Pourtant, l’horloge tourne. Le ministre du Travail a prévenu : si les partenaires sociaux ne s’entendent pas sur un programme d’économies pour l’Unedic dont les premiers effets doivent se faire sentir dès l’an prochain, l’Etat reprendra la main. 

>>> Pour compléter: Précarité : le collectif Alerte appelle à de la "cohérence" politique

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