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Lutte contre la pédocriminalité : la ligne d’écoute STOP a « besoin de communication »

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man hand holding smart phone

Depuis son lancement, la plateforme STOP (service téléphonique d'orientation et de prévention) enregistre 4 000 appels.

Crédit photo Tiko - stock.adobe.com
Lancé en janvier 2021, le numéro STOP s’adresse aux personnes sexuellement attirées par les enfants pour éviter les passages à l’acte. La plateforme, gérée par les centres ressources pour les intervenants auprès d’auteurs de violences sexuelles (Criavs), enregistre plus de 4 000 appels depuis sa création et collabore avec des professionnels de plusieurs pays afin de structurer sa démarche. Le point avec Ingrid Bertsch, psychologue au Criavs Centre-Val de Loire et vice-présidente de la fédération française des Criavs, qui mise sur davantage de communication pour consolider le dispositif.  

Actualités sociales hebdomadaires : Depuis le lancement de la ligne téléphonique il y a deux ans, quels constats tirez-vous ?

Ingrid Bertsch : Cette plateforme répond vraiment à un besoin de la population. Nous avons déjà enregistré plus de 4 000 appels, sachant qu’il n’y a eu qu’une seule campagne de communication. Les appelants sont majoritairement des personnes sexuellement attirées par les enfants, mais il y a également des victimes et des familles. La moyenne d’âge est d’une trentaine d’années, 90 % des personnes sont des hommes, 60 % sont orientées vers du soin et 70 % ont eu connaissance du dispositif par les médias. Ces chiffres sont basés sur les données que nous parvenons à obtenir, nous ne recueillons pas toutes ces informations à chaque fois.

Nous constatons également que des personnes appellent plusieurs fois et au fur et à mesure vont de plus en plus loin dans le dispositif. Cela montre la crainte que peut susciter cette démarche. Nous avons souvent affaire à des gens qui n’avaient pas parlé de leur attirance auparavant ou, lorsqu’ils l’avaient fait, avaient vu leurs propos difficilement reçus. Parmi les 4 000 appels, si nous retirons ceux qui n’ont pas abouti et ceux très courts n’ayant pas permis d’échanger avec un professionnel, nous en enlevons facilement un bon tiers. Les chiffres recueillis sont par ailleurs différents d’un territoire à l’autre. C’est en partie lié à la communication. Sur les territoires où il y a eu de plus importantes campagnes régionales, les appels sont plus nombreux. Il existe également des Criavs avec moins de personnel. Or, le fonctionnement de la ligne est évidemment dépendant de notre capacité à prendre les appels.

A quelles difficultés sont confrontés les professionnels de la plateforme ?

Un premier point est que chaque plateforme en région est soumise aux horaires d’ouverture de ses Criavs, car nous ne sommes pas une ligne d’écoute ouverte en continu. Nous remarquons que des appels ont lieu plus tard le soir ou les week-ends. Or, lorsque les personnes appellent et tombent sur le répondeur, il leur est parfois compliqué de renouveler cette démarche. Nous souhaitons également, au-delà de l’évaluation qui est proposée, pouvoir orienter les personnes jusqu’aux soins. Ce relai peut s’avérer compliqué, car l’offre sur le territoire est insuffisante. Un Criavs ne dispose normalement pas de lieu de soins. Les professionnels de certains centres se sont organisés pour proposer des consultations spécialisées, mais ce n’est pas le cas de tous. Pour poursuivre l’accompagnement des personnes qui appellent, nous relayons donc vers des collègues. Il est important que ces professionnels soient d’accord, formés et supervisés afin que les appelants puissent se rendre en thérapie plus tranquillement. Cela coince de ce côté actuellement.

Quels axes de travail allez-vous développer ?

Il existe un besoin très important de communication car, comme je l’expliquais, les appels sont toujours plus nombreux après une campagne. Nous continuons également de nous organiser. Nous avons développé un groupe de travail pluridisciplinaire constitué de professionnels des Criavs. Ce groupe est déployé en petits sous-groupes avec des thématiques précises. Sur la question de l’éthique, des collègues juristes et psychologues ont par exemple développé un guide médico-légal permettant de nous référer aux textes de loi lors de situations complexes. Il existe également un groupe destiné à organiser des séances de supervision pour les personnes qui reçoivent les appels. Ces initiatives nous permettent de fonctionner au mieux, car le dispositif est tout nouveau en France et nous n’avons pas d’exemple national.

Vous avez signé une charte en juillet avec des professionnels belges, suisses et canadiens. Quel est l’objectif de ce texte ?

Lorsque nous avons développé la ligne, nous nous sommes rendu compte que nous n’étions pas les seuls en phase de développement sur ce type de dispositifs. Nous rencontrions les mêmes questionnements autour de la mise en route de la plateforme que des collègues belges, canadiens et suisses. Nous avons donc mis en place un groupe de travail pour échanger sur nos pratiques. Nous nous rencontrons une fois par mois et nous avons lancé une première journée d’étude à Paris, au ministère de la Santé, en juillet dernier. A l’issue de cette rencontre, nous avons développé une charte de recommandations de développement de ces lignes qui regroupe un certain nombre de principes. Il existe entre nos pays des différences culturelles et légales, mais il y a aussi des leviers et des freins communs.

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