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Prévention, adoption, accueil familial… Sarah El Haïry livre sa feuille de route

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Sarah El Haïry devant la commission des affaires sociales

Après un propos liminaire, Sarah El Haïry a répondu aux questions des sénateurs sur des sujets aussi divers que la limitation des écrans pour les plus jeunes, l'attractivité des métiers du lien ou encore de l'accompagnement des jeunes majeurs de l'ASE. 

Crédit photo Capture d'écran du site du Sénat
La Haut-commissaire à l’enfance était entendue par la commission des affaires sociales du Sénat mercredi 30 avril. Pendant deux heures, l’ancienne ministre a expliqué quelles seraient les priorités de son action, se contentant souvent de dresser des constats.

Le décret publié le 10 février 2025 avait annoncé les missions et le rôle de l’institution. Près de deux mois après sa nomination à la tête du Haut-commissariat à l’enfance, le 5 mars, Sarah El Haïry a pris le temps, devant les sénateurs de la commission des affaires sociales, de les préciser.

« La mission du Haut-commissariat sera de coordonner des politiques publiques, pas de les porter en direct », a rappelé la Haut-commissaire, qui dit être épaulée au quotidien par six personnes.

Rattachée – et située – au ministère du Travail, de la Santé, des Solidarités et des Familles, l’institution mobilisera les ministères de l’Intérieur, de l’Education nationale, de la Justice, et des Affaires étrangères. Ces trois derniers ministères détacheront chacun un expert pour intervenir sur des questions comme l’adoption et la santé scolaire.

>>> A lire aussi : Quelles seront les missions du haut-commissaire à l’enfance ?

Quatre domaines d’action : le soutien à la parentalité, la petite enfance, la protection de l’enfance – dont la lutte contre les maltraitances et les violences – et la santé. « Après avoir eu un certain nombre d’échanges avec la ministre Catherine Vautrin, le Premier ministre comme d’autres membres du gouvernement, il m’a été confié des axes prioritaires et des enjeux avec une feuille de route très claire. »

Sarah El Haïry a évoqué les différents sujets qui lui paraissent prioritaires.

 

  • Sur la lutte contre les violences

    Le Haut-commissariat instruira les recommandations, remises en février 2025, de la Commission indépendante sur l'inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise). Il veillera au déploiement du plan de lutte (2023-2027) contre les violences faites aux enfants, « en consultant les acteurs qui portent cette stratégie et en leur proposant les améliorations nécessaires ».

    >>> Sur le même sujet : Sarah El Haïry enfin nommée haut-commissaire à l'enfance
  • Sur l’adoption

    Sarah El Haïry a été mandatée par la ministre Catherine Vautrin pour travailler à l’évolution des modèles de l’adoption. « On a plus de 10 000 familles qui ont un agrément et sont prêtes à adopter en France, et on a plus de 5 000 enfants qui ont la possibilité d’être accueillis et ne le sont pas, explique la Haut-commissaire. La réforme de l’adoption passe par l’accélération des procédures et l’évolution de notre modèle d’adoption. »

    Des travaux sont actuellement menés sur l’élargissement des critères de l’adoption. « Je suis favorable à l'évolution du cadre en privilégiant toujours dans un premier temps la famille proche, parce que c'est l'esprit de la loi. »

    >>> Sur le même sujet : Catherine Vautrin veut "familialiser" la protection de l’enfance

    « Aujourd'hui, les adoptions des enfants de l'ASE relèvent de l’adoption simple (où le lien avec les parents biologiques demeure contrairement à l’adoption plénière, NDLR) par la famille d’accueil, le plus souvent à la majorité des enfants. Mais l’intérêt de l’enfant, n’est-il pas “plus vite, plus tôt” ? J’en ai la conviction. »

    Une des pistes pour aller plus vite tout en sécurisant un foyer consisterait à proposer aux familles qui le souhaitent une formation en vue d’obtenir un agrément d’assistants familiaux.
     
  • Sur la prévention

    La Haut-commissaire veut mettre l’accent sur le soutien à la parentalité pour éviter les trop nombreuses mesures de placement en France. « Il faut créer un écosystème aux côtés des parents, travailler avec les professionnels une véritable politique de soutien bien en amont, par des modalités qui préparent les conditions de retour des enfants. »
     
  • Sur la petite enfance

    Les enjeux résident dans le développement de l’offre et de sa qualité, autant sur l’accueil individuel que collectif. « On est en grande tension en matière de recrutement », constate la Haut-commissaire.

    Elle précise que les questions d’attractivité comme celles sur la refonte du financement des modes d’accueils seront portées par la ministre Catherine Vautrin.

    « Ma mission est d'être aux côtés du bloc communal et intercommunal pour accompagner les meilleures initiatives. Elle est aussi de faciliter le déploiement de l'offre d’accueil et de son maintien : aujourd’hui, on voit des berceaux gelés par manque de professionnels. »
     
  • Sur la désinstitutionnalisation de l’ASE

    Une des réponses à la crise de l’ASE passe par une recherche de solutions de placement dans l’entourage de l’enfant. Que ce soit un tiers digne de confiance ou dans le cadre d’un accueil durable et bénévole, estime Sarah El Haïry.

    Cela passe également par le recours accru aux assistants familiaux et donc au recrutement de nouveaux profils. Le gouvernement veut ainsi, comme l’avait évoqué Catherine Vautrin, élargir la possibilité de cumuler une activité aux professionnels de la fonction publique. A ce jour, seuls ceux sous contrat privé peuvent exercer une autre activité.

    >>> Sur le même sujet : Accueil familial : faut-il étendre le droit au cumul des emplois ?

    « La question, c’est comment on accompagne ces professionnels qui n'ont peut-être pas vocation à accueillir trois enfants ni des enfants avec des besoins spécifiques », souligne Sarah El Haïry qui plaide pour « une évolution législative ». Elle estime également qu’une « attention particulière » doit être portée au recrutement d’assistants familiaux thérapeutiques.
     
  • Jeunes majeurs

    L’enjeu pour favoriser une sortie réussie de l’ASE réside dans l’accompagnement au droit commun, selon la Haut-commissaire : « Comment on construit et comment on garantit à ces jeunes un entourage qui leur permette d'être accompagné tout au long de leur vie. Les décrets sur le parrainage et l'accompagnement des associations comme les Adepape (Association d'entraide des enfants placés, NDLR) permettent de ne pas laisser le risque de la solitude et donc de la précarité arriver plus vite encore. »
     
  • Sur les hôtels

    Questionnée sur le recours aux hôtels des départements, Sarah El Haïry a rappelé que c’était elle, lorsqu’elle était ministre de l’Enfance, de la Jeunesse et des Familles, qui avait signé le décret d’application de la loi Taquet, interdisant l’accueil à l’hôtel de jeunes de l’ASE. « L’enjeu désormais, c’est d’apporter des précisions sur la question des encadrants, puisque le décret ne spécifiait pas le type d’encadrement nécessaire. Et je pense que les discussions s’ouvriront entre la ministre Catherine Vautrin et les départements. »

    >>> Pour compléter : Interdiction des placements en hôtels : beaucoup de zones d'ombre
     
  • Sur les 0-3 ans

    Sarah El Haïry se félicite des travaux en cours réclamés par le ministère de Catherine Vautrin pour actualiser l’arrêté de 1974 sur l’encadrement des pouponnières, dédiés aux 0-3 ans. Une pouponnière doit toutefois rester un lieu temporaire. « La place d’un bébé n’est pas dans un collectif », estime-t-elle. D’où la volonté « d’accompagner des familles qui peuvent être des assistants familiaux pour les tout-petits ».

    >>> Pour compléter : Commission ASE : les cinq priorités de Catherine Vautrin

Répondant aux questions des sénateurs, Sarah El Haïry a souvent dressé des constats plus que proposé, à ce stade, des mesures concrètes. Ce qui n’a pas échappé à l’ancienne ministre de l’Enfance (2014-2017), Laurence Rossignol : « On n'est pas dans un colloque, en train de poser un diagnostic – d’ailleurs assez consensuel. Des diagnostics, il y en a, maintenant on attend des actes et des moyens pour sauver des enfants. »

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