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Logement et exclusion : les oubliés des annonces présidentielles

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De très nombreuses associations, engagées dans la lutte contre la pauvreté et en faveur de l'accès au logement, se sont exprimées, hier, à quelques heures de l'allocution d'Emmanuel Macron en direction du mouvement de contestation des "gilets jaunes". Selon elles, l'urgence est de revenir sur les mesures gouvernementales qui ont eu un impact négatif sur le logement social et sur le pouvoir d'achat des plus modestes, sans emploi.

Quelques heures avant le discours attendu du président de la République, hier, plusieurs réseaux d’acteurs sociaux se sont exprimés en direction du gouvernement autour de revendications, faisant écho au mouvement de contestation sociale des "gilets jaunes".

L’Union sociale pour l’habitat (USH), réseau national d’organismes HLM, a demandé que le gouvernement revienne sur la baisse des aides personnelles au logement, imposée en 2017 : une "erreur" qui "a contribué à la baisse du pouvoir d’achat de ménages aux revenus modestes". Rappelant que le logement "mobilise une part croissante des revenus des Français", l’USH souligne qu’il est "un des leviers sur lesquels une action publique forte et déterminée est attendue".

De fortes attentes sur le logement

Cette question ne peut pas être considérée par l’Etat uniquement "sous un prisme budgétaire", ajoute en substance l’organisation. Elle demande au gouvernement, "au nom de la justice sociale", de revenir sur les baisses d’APL qui, parce qu’elles se sont accompagnées d’une obligation pour les bailleurs sociaux de réduire leurs loyers, ont un fort impact sur la capacité des bailleurs à "continuer à construire et à gérer des HLM de qualité pour les ménages aux revenus modestes".

Le collectif Alerte, qui réunit 37 associations et réseaux nationaux engagés dans la lutte contre la pauvreté, et le Collectif des associations unies pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées portent la même revendication : revalorisation des APL et moratoire sur les coupes budgétaires affectant le logement social. Plus généralement, ils y ajoutent la mise en œuvre de l’encadrement des loyers dans les grandes métropoles et des mesures en faveur de la rénovation thermique des habitations.

Dans leur lettre au Premier ministre, datée aussi du 10 décembre, ils affirment que "les mobilisations actuelles témoignent d’une forte demande de revalorisation du pouvoir d’achat des salariés modestes et des personnes en situation de précarité", après que de nombreuses décisions, prises depuis le début du quinquennat, "sont venues dégrader [leur] situation". "Aux côtés de l’augmentation des prix de l’énergie, ce sont aussi ces décisions qui nourrissent la crise sociale actuelle", écrivent les deux collectifs.

De ce fait, outre leurs revendications sur le logement, ils estiment qu’une réponse à cette "crise" se situe dans la revalorisation du RSA et son ouverture aux 18-15 ans et la ré-indexation des allocations familiales et des allocations logement sur l’inflation.

Des mesures à côté des revendications

Cependant, il n’en sera rien, au regard de la réponse apportée, quelques heures après, par Emmanuel Macron, et confirmée ce mardi 11 décembre par le Premier ministre devant l’Assemblée nationale.

Le président de la République a annoncé un "coup de pouce" de 100 euros par mois au SMIC. Cependant, en réalité, il ne se traduira pas par une hausse effective du salaire brut minimum mais, épargnant les employeurs, ce "coup de pouce" sera le résultat, essentiellement, d’une baisse des cotisations sociales (du salaire différé) et de la hausse anticipée de la prime d’activité, initialement étalée sur 2019, 2020 et 2021. A noter que la prime d’activité ne concerne pas automatiquement tous les "smicards" et faibles salaires, et qu'elle ne touche pas du tout les sans-emploi.

Comme Nicolas Sarkozy en son temps, Emmanuel Macron propose par ailleurs que les heures supplémentaires 2019 soient exonérées d’impôt et de cotisations, tout comme l'éventuelle prime qu'il encourage les entreprises à verser à leurs salariés, en cette fin d’année.

"Les retraités constituent une partie précieuse de notre Nation, a affirmé le Président. Pour ceux qui touchent moins de 2 000 euros par mois, nous annulerons en 2019 la hausse de CSG subie cette année ; l'effort qui leur a été demandé, était trop important et il n'était pas juste", a-t-il reconnu. Toutefois, d’un point de vue technique, il s’agira en réalité de la fin de la hausse de 1,7 point de la CSG pour les retraités ayant des revenus fiscaux de référence compris entre 1 200 et 2 000 euros par mois, et jusqu’à 2 750 euros pour un couple. Revenu fiscal et pension de retraite, ce n’est pas la même chose.

Les exclus, grands absents

Enfin, alors que l’une des revendications fortes des gilets jaunes, mais également du Mouvement associatif, était le retour de l’impôt sur les grandes fortunes, le chef de la Nation a confirmé son refus : "je sais que certains voudraient dans ce contexte que je revienne sur la réforme de l'impôt sur la fortune. Mais pendant près de 40 ans, il a existé ; vivions-nous mieux durant cette période ?" Et de répondre : "Les plus riches partaient et notre pays s'affaiblissait".

Affirmant que la suppression de l’ISF "pour ceux qui investissent dans notre économie et donc aident à créer des emplois" porte déjà ses fruits en matière d'emploi, Emmanuel Macron a annoncé qu’il réunira "nos grandes entreprises, nos concitoyens les plus fortunés" : "J’ai besoin qu’[ils] aident la Nation à réussir".

En attendant que cet action ait un éventuel effet sur le taux de chômage, comme l'ont souligné de nombreux acteurs associatifs en réaction à ces annonces : les plus précaires, ceux qui ne travaillent pas, sont absents du viseur du président.

 

 

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