Depuis le 17 mars, les parloirs sont suspendus dans les prisons afin d’éviter la propagation du coronavirus. Or ceux-ci représentent souvent le seul contact des détenus avec leurs proches, certaines familles faisant parfois plusieurs centaines de kilomètres dans une journée pour rendre visite à un.e conjoint.e, un père... incarcéré. Afin de conserver les liens familiaux, la ministre de la Justice, Nicole Belloubet, a annoncé le 19 mars plusieurs mesures qui entreront en vigueur à partir du 23 mars.
Chaque détenu bénéficiera, jusqu’à la fin de la période de confinement, d’un crédit mensuels de 40 € sur son compte de téléphone. Cette somme équivaut à onze heures de communication en France métropolitaine vers un téléphone fixe ou à cinq heures vers un portable. Mais alors qu’il existe 188 centres de détention, elle ne pourra être utilisée que dans « les 64 établissements déjà équipés de téléphones en cellule ou depuis les cabines téléphoniques installées dans l’ensemble des détentions », indique le communiqué de presse. Un service de messagerie téléphonique sera également ouvert aux familles via un numéro non surtaxé.
Les intervenants extérieurs ne pouvant désormais plus se rendre en détention pour y encadrer les activités ou le travail en ateliers, l’accès à la télévision sera gratuit durant la période de restriction. Les familles pouvant rencontrer des difficultés à effectuer des virements, les détenus les plus défavorisés percevront une aide majorée de 40 € par mois.
Eviter les émeutes
Plusieurs associations avaient déjà recommandé d’aménager les peines de courte durée et celles des détenus âgés afin de ne pas encombrer les centres de détention, en surpopulation chronique. La garde des Sceaux semble avoir entendu le message en appelant les juridictions à « différer la mise à exécution des courtes peines d’emprisonnement ».
En prison à Fresnes (Val-de-Marne) depuis le 8 mars, un premier détenu, âgé de 74 ans, est décédé le 17 mars. Il avait été testé positif au coronavirus. Quelques cas de contamination ont été signalés chez d’autres détenus ainsi que chez trois soignants pénitentiaires. A l’annonce de la supension des parloirs, des débuts de mutinerie ont démarré dans certains établissements pénitentiaires, dont celui de Grasse (Alpes-Maritimes). Les dispositions prises ce jour par la ministre de la Justice contribueront-elles à rassurer détenus et surveillants et à éviter les tensions ? En Italie, de nombreuses scènes de violences ont eu lieu dans les prisons à l’annonce des mesures anti-coronavirus suspendant leurs droits de visite.