A Montpellier, les évacuations de bidonvilles se succèdent. Après le démantèlement, le 31 août, des campements « Mas rouge 1 et 2 » du quartier Port Marianne de Montpellier, ce 8 septembre, les forces de l’ordre ont mené une troisième évacuation sur le campement dit « Zenith 2 », implanté dans le même quartier.
Ces expulsions de plusieurs centaines de personnes stupéfient les associations qui accompagnent les familles sur ces zones. La destruction des campements intervient avec l’octroi du concours de la force publique d’Hugues Moutouh, préfet de l’Hérault, alors qu’aucune décision de ce type n’avait été prise depuis plusieurs années et que, depuis 2015, un travail entre l’Etat, la municipalité et les associations avait été engagé dans le but d’éviter de déplacer les personnes.
« C’est incompréhensible. Depuis cinq ans, avec d’autres associations, nous travaillons en partenariat avec les services de l’Etat dans un réel rapport de confiance pour proposer un accompagnement social global aux résidents des campements. De plus, depuis un an, avec le nouveau conseil municipal, nous avons produit la stratégie territoriale “Territoire zéro bidonville” », explique Catherine Vassaux, directrice de l’Area (Association recherche éducation action).
Construction de nouveaux bidonvilles
Selon le collectif Alerte Hérault, qui regroupe plus d’une vingtaine d’associations, l’incompréhension tient à la rupture de l’application de la feuille de route de cette stratégie, engagée dans le but de voir se résorber les bidonvilles via la réduction des risques et la coconstruction de solutions d’insertion avec les habitants. Plusieurs financements étatiques dépendent de France Relance ou de la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté.
Pour ce qui est des familles évacuées la semaine dernière, d’après des sources concordantes, une partie d’entre elles bénéficieraient de nuitées en hôtel par l’intermédiaire des services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO). D’autres familles se seraient installées dans des zones pour construire de nouveaux bidonvilles.
« C’est déplorable, la semaine dernière, deux jours avant la rentrée scolaire, certaines familles ont été logées dans des hôtels à 30 kilomètres des écoles où sont scolarisés les enfants. Côté hébergement d’urgence, la décision préfectorale a également embolisé les SIAO dans un contexte local de forte tension pour le secteur », indique Christophe Perrin, délégué national en région Languedoc (Occitanie Sud) pour La Cimade.
«Notre travail devient humanitaire. Au lieu de se concentrer sur l’accompagnement en matière de droits sociaux ou de recherche d’emploi, nous allons devoir nous focaliser sur le repérage des familles et concentrer nos efforts sur le fait de recréer avec elles de la confiance », ajoute Catherine Vassaux.
Base juridique contestée
Pour leur part, dans un communiqué du 7 septembre, Montpellier Méditerranée Métropole et la ville de Montpellier indiquent ne pas avoir formulé de demande d’expulsion de bidonvilles. Le préfet de l’Hérault affirme, quant à lui, que les évacuations permettent d’éviter les risques pris par les résidents en matière d’insécurité et d’insalubrité.
Par ailleurs, le fondement juridique des actions des forces de l’ordre étant contesté, une audience en référé est programmée jeudi 9 septembre au tribunal de grande instance de Montpellier, à la demande de l’avocate représentante des familles expulsées. Une audience qui n'aura qu’une valeur symbolique. Car même si l'action de la préfecture est jugée illégale, sur le terrain, les habitats de fortune ont été irrémédiablement détruits.