« Saignée sans précédent » dans les effectifs des travailleurs sociaux de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), perspectives d’une réforme « purement répressive », « répercussions immédiates désastreuses »… dans un communiqué conjoint, les syndicats de la magistrature et des avocats de France n’ont pas mâché leurs mots pour annoncer qu’ils se joignaient à nouveau au mouvement de grève des personnels de la PJJ. Un champ lexical à la hauteur de la colère des deux corps professionnels.
Car de motifs de mécontentement, les professionnels n’en manquent pas. D’abord, il y a cette « partition de l’exécutif » aux accents « martiaux », qui a successivement stigmatisé les mineurs délinquants « comme de nouveaux monstres » en perpétuelle augmentation, avant de restreindre le champ de l’intervention éducative de la PJJ, pour finir par se plaindre du « laxisme des juges ».
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Ensuite, ce projet de refonte de la justice pénale des mineurs dont les auteurs du communiqué déplorent le caractère « purement répressif », alors même que la précédente réforme n’a même pas « fini de produire ses effets ».
Mais le point d’orgue de l’insatisfaction reste « ces centaines d’agents contractuels de la PJJ (…) qui se sont vu annoncer en plein été la non-reconduction de leur contrat » dès le 1er septembre, prouvant « les effets délétères » de la contractualisation du service publique de la justice. Au premier rang desquels la rupture dans l’accompagnement de mineurs suivis par des nouveaux professionnels, contraints de reprendre les situations inconnues au pied levé. Et de réduire à néant le travail engagé depuis des années.
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Une baisse d’effectifs aux répercussions immédiates « désastreuses », du manque de personnels dans les dispositifs à la charge de travail exponentielle pour les travailleurs sociaux restants, en passant par une explosion de la non-application des mesures prises par les juges, faute de professionnels pour les mettre en œuvre.
Autant de signaux d’alarme qui ont poussé les grévistes à exiger plusieurs revendications, parmi lesquelles :
- un plan de titularisation et de recrutement sur l’intégralité des postes vacants ;
- l’embauche de professionnels formés ;
- l’abaissement immédiat des taux d’encadrement ;
- un bilan chiffré, détaillé et consolidé de la situation de la PJJ ;
- la transmission du rapport de l’Inspection générale de la justice (IGJ) une fois sa mission d’évaluation terminée ;
- une collaboration constructive avec les organisations syndicales sur les questions budgétaires.
Car, les deux syndicats en sont sûrs : « Pour accompagner les mineurs, il faut se donner les moyens de l’humain. »
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