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L'essentiel du discours de Gabriel Attal et les réactions du secteur

Gabriel Attal : « Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défis l’autorité, on t’apprend à la respecter. »

Crédit photo Capture écran LCP
SRU, RSA, AESH ou travaux d’intérêt éducatif, le Premier ministre a annoncé ou confirmé quelques mesures qui ont comme point commun d’hérisser les acteurs des professions sociales. Sans compter tout ce qu’il n’a pas dit...    

Dans son discours de politique générale, le Premier ministre Gabriel Attal a évoqué à plusieurs reprises des points concernant le travail social : logement, minima sociaux, handicap… Mais il a aussi omis de parler de quelques sujets fondamentaux pour le secteur : la loi « grand âge » n’a pas été évoquée et la protection de l'enfance a été à peine effleurée. Quant à la pauvreté, elle a été éclipsée par la focalisation sur les classes moyennes. Ce que Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité, a résumé d’une formule cruelle sur France Info :

« C’est comme si les millions de personnes en situation de pauvreté avaient été laissées dans une espèce de trou noir par le discours du Premier ministre. Elles n’existent pas sauf pour les rendre responsables de la crise des classes moyennes. »

La plupart des réactions aux mesures annoncées lors du discours de politique générale sont d’ailleurs souvent du même acabit.

 

SRU

Ce que Gabriel Attal a dit

« Vous le savez, d’ici à 2025, toutes les communes soumises à la loi SRU doivent posséder au moins un quart de logements sociaux sur leur territoire. Nous proposerons d’ajouter pour une part les logements intermédiaires, accessibles à la classe moyenne, dans ce calcul. »

Ce qu’Emmanuelle Cosse en dit

« C’est une remise en cause, une façon de détricoter la loi SRU. Le logement locatif intermédiaire [LLI] n’a pas de vocation sociale, il s’agit de logements aidés par l’Etat, mais pour loger la classe moyenne “haute” : il n’y a pas de commission d’attribution, pas de contrôle des ressources des locataires après leur entrée dans le logement, aucune obligation liée à la solidarité. »

Emmanuelle Cosse, présidente de l’Union sociale pour l’habitat, la fédération des bailleurs sociaux.

 

Ce qu'a twitté Manuel Domergue

« Faites pression sur les élus pour qu'aucun ne s'abaisse à cette indignité de ne pas respecter la loi. C'était l'ultime combat de l'abbé Pierre pour la loi SRU, en 2006, juste avant sa mort. 70 ans après son appel de 1954, l'annonce de @GabrielAttal est une insulte à sa mémoire. »

Manuel Domergue, directeur des études de la Fondation Abbé-Pierre sur X

 

RSA

Ce que Gabriel Attal a dit

« Dans 18 départements, nous avons lancé une expérimentation qui conditionne le RSA à 15 heures d’activité pour l’insertion. Je vous annonce que nous généraliserons ce dispositif à tous les départements de France d’ici le 1er janvier 2025. »

Ce que trois départements expérimentateurs répliquent

« L’Etat s’est engagé à soutenir les expérimentations jusqu’à la fin de l’année 2024 sans imposer un minimum d’heures obligatoires. Il n’est donc pas question pour nos trois collectivités d’appliquer le conditionnement du RSA à 15 heures d’activité avant que la loi nous y oblige au 1er janvier 2025. La loi plein emploi a été adoptée sans tenir compte des expérimentations menées dans les départements. Ces dernières montrent pourtant que ce sont les moyens financiers et humains qui font la différence et non les menaces de sanctions sur les allocataires qui ne font que renforcer le non-recours. Le RSA est un dispositif d’insertion mais aussi de solidarité et c’est ce que nous défendons ! L’accompagnement doit être adapté à la situation personnelle et familiale de l’intéressé et limité au temps nécessaire à l’accompagnement requis comme l’a rappelé le Conseil constitutionnel en décembre dernier. »

Communiqué de presse des départements de Loire-Atlantique, d’Ile-et-Vilaine et de la métropôle de Lyon

 

ASS

Ce que Gabriel Attal a dit

« Nous avons une conviction et une cohérence forte : nous considérons que la retraite doit être le fruit du travail. Et donc nous proposerons la bascule de l’allocation de solidarité spécifique au RSA et la suppression de cette allocation. »

Ce que les Départements de France en pensent

« Les #Départements ont appris avec stupéfaction le transfert sans concertation de l’ASS vers le RSA et ses conséquences financières. DF s’étonne d’autant plus que @GabrielAttal a promis d’être à l’écoute des Collectivités Territoriales. »

Tweet de Départements de France

Ce que ATD quart monde réplique

« Avec la suppression de l’ASS, le gouvernement lance un nouvel assaut contre l’assurance chômage et les droits des personnes privées d’emploi, poussées vers toujours plus de précarité. Alors que l’allocation de solidarité spécifique bénéficie aux chômeurs en fin de droit, qui font généralement partie des plus éloignés de l’emploi, sa suppression va faire basculer près de 300 000 personnes de plus vers le RSA tout en contribuant à faire baisser leur future retraite. »

Communiqué de presse d'ATD quart monde

AESH

Ce que Gabriel Attal a dit

« Depuis des années, l'Etat et les collectivités se renvoient la balle sur la prise en charge des AESH sur la pause du midi. Résultat, dans beaucoup d'endroits, personne ne le finance. La conséquence, c'est une double défaite : des élèves pas suffisamment bien accompagnés au moment du repas, et des AESH qui ne peuvent faire un temps complet pour améliorer leur rémunération. L'Etat prend ses responsabilités et financera désormais l'accompagnement des enfants en situation de handicap sur le temps du déjeuner en lieu et place des collectivités locales. »

 

Ce que le collectif Handicaps a répondu

« Le financement par l’Etat des AESH sur la pause méridienne ne résoudra pas les difficultés rencontrées pour faire valoir le droit à l’éducation pour toutes et tous, alors que les discours portés par certains syndicats de l’Education témoignent d’une volonté de retour en arrière. Un engagement ferme sur la question aurait rassuré les milliers d’élèves en situation de handicap et leurs familles. »

Communiqué de presse du collectif Handicaps

 

Ce que l'Association des maires de France a répondu

« L’AMF salue positivement les engagements pris par le Premier ministre sur la prise en charge des AESH. »

Communiqué de l'AMF

 

Accessibilité

 

Ce que Gabriel Attal a dit

« Nous accompagnerons nos concitoyens en situation de handicap en toutes circonstances. Nous leur simplifierons la vie. Nous prendrons intégralement en charge le remboursement des fauteuils roulants de ceux qui en ont besoin ! »

 

Ce que la Fondation paralysie cérébrale France a répondu

« Si l'annonce d'une prise en charge intégrale des fauteuils roulants est positive, celle-ci mérite d'être précisée tant les incertitudes planent sur la matérialité de cette mesure importante pour nos concitoyens en situation de handicap. »

Handicap.fr

 

Ce que le collectif Handicaps a répondu

« Gabriel Attal s’est limité à rappeler des promesses déjà faites, tel que le remboursement intégral des fauteuils roulants. Une annonce d’autant plus insuffisante, que les discussions en cours sont plutôt inquiétantes, comme en témoigne la pétition récemment mise en ligne pour demander la concrétisation de la promesse d’Emmanuel Macron. »

Communiqué de presse du collectif Handicaps

 

Travaux d’intérêt éducatif

Ce que Gabriel Attal a dit

« Tu casses, tu répares. Tu salis, tu nettoies. Tu défis l’autorité, on t’apprend à la respecter. »

 

Ce que la FAS a twitté

« Un petit stage avec des travailleurs sociaux pour comprendre que le respect ça se construit notamment en évitant ce tutoiement ? »

Tweet de la Fédération des acteurs de la solidarité

 

Ce que Gabriel Attal a précisé

Il y aura des « travaux d’intérêt éducatif » pour les moins de 16 ans, qui « seront équivalents » aux travaux d’intérêt général et seront « donnés plus facilement ». « Cela fera partie de la révision de l’échelle des sanctions dans nos établissements scolaires. »

« Nous soutiendrons la mise en place de travaux d’intérêt général pour les parents de jeunes délinquants qui se sont totalement et volontairement soustraits à leurs obligations et responsabilités parentales. »

 

Qu’en dit Jean-Pierre Rosenczveig ?

« Quitte à être taxé de ringard ou est le souffle ? En quoi ce discours du plus jeune PM désigné par le plus jeune PR va-t-il enthousiasmer la jeunesse ? Ou est la modernité ! Des internats pour jeunes délinquants ? Où sont ces 50 000 places vacantes ? Des travaux d’intérêt éducatif plus que Tig ? Tout cela existe ! En revanche, quels soutiens aux parents en difficulté qd tous les services sociaux de proximité sont au rouge et la protection de l’enfance asphyxiée ? Symbole : On nous propose une loi sur la fin de vie quand il fallait annoncer une politique de la vie avec l’enfance et la jeunesse. On peut en déduire que demain l’enfance ne sera plus un objet de politique publique. Une régression reelle. »

Jean-Pierre Rosenczveig (juge des enfants honoraire) sur LinkedIn

 

 

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