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TRIBUNE - L’extrême droite est la négation même de la solidarité

Pascal Brice

Pascal Brice, président de la FAS

Crédit photo Thomas SAMSON / AFP
En réaction aux résultats du premier tour de l'élection présidentielle, Pascal Brice, président de la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) lance un appel à signature de cette tribune que les ASH et L'Obs publient conjointement en exclusivité.

Notre Fédération d’associations engagées contre la pauvreté, partout dans le pays, s’alarme à nouveau du risque, à chaque fois plus pressant, de voir l’extrême-droite exercer le pouvoir en France. Car l’extrême droite est la négation même de la solidarité. Même lorsqu’elle se pare des mots et des atours du social.

Nous sommes lucides sur les fragmentations, les assignations sociales et territoriales, les abandons, les inquiétudes, les instrumentalisations, les exaspérations qui alimentent l’extrême droite dans un temps de fragilités sociales et culturelles. Nos associations, les travailleurs sociaux comme les bénévoles et les personnes que nous accompagnons, sont au premier rang du combat contre ces fractures. Elles sont trop plongées dans le réel, dans la vie des hommes, des femmes et des familles qui basculent dans la précarité, trop conscientes de la grandeur et des difficultés de l’exercice de la solidarité, pour croire que le déni, les slogans ou les leçons de morale puissent être d’une quelconque utilité.

Mais la solidarité ne se divise pas. En exclure les étrangers, ou certains étrangers en raison de leur origine ou de leur religion, c’est admettre que l’humanité peut être divisée et autoriser ainsi l’exclusion des pauvres, des sans domicile fixe, d’autres encore, étrangers comme français. C’est laisser le champ libre aux catégorisations, aux stigmatisations, aux violences. Il n’y a pas de limite à cet engrenage qui finit toujours par broyer bien d’autres que les seuls étrangers.

Notre Nation a le droit de décider, dans le cadre de ses engagements internationaux pour l’asile et pour la vie de famille, qui peut ou ne peut pas résider dans notre pays. C’est un choix politique qui relève du débat démocratique. Mais exclure par principe, au nom de la « préférence nationale », les étrangers de la solidarité nationale, c’est porter une atteinte mortelle au principe même de solidarité. Ce sont toutes celles et ceux qui en ont besoin, qui y ont droit, mais aussi celles et ceux pour qui vivre la solidarité par métier ou par engagement citoyen est une condition de la dignité et de l’ordre social, qui finiraient par rejoindre le rang des bannis.

Aucun risque ne doit être pris avec une telle perspective. Personne ne devrait le minimiser.

Il faudra bien apporter des réponses républicaines, pleinement républicaines, aux fractures du pays. Il faudra bien réinventer la solidarité. Il faudra bien la faire vivre dans les faits pour celles et ceux qui y ont droit, qui en ont besoin, pour une alimentation saine, le logement, l’emploi, la santé, la culture. Il faudra bien réconcilier des classes moyennes fragilisées avec la solidarité.

Le moment est venu de dissiper le vertige que ressentent tant de Français face au miroir tendu de la précarité et de la pauvreté. Cette inquiétude s’accompagne de bien des engagements solidaires de la part de celles et de ceux qui, quelle que soit leur situation sociale, regardent et tendent la main. Mais elle provoque aussi la peur, le repli, la recherche de responsabilités dans la dénonciation des « assistés » ou des étrangers.

Empêcher l’extrême droite de diriger notre pays et décréter la mobilisation générale pour la solidarité, tel est l’appel de notre Fédération des acteurs de la solidarité.

Nous devons et pouvons viser le plein emploi. Mais il doit s’accompagner d’une lutte acharnée contre la précarité et la pauvreté ; d’une reconnaissance de la valeur sociale du travail de tant de salariés, notamment dans les métiers du social et du soin ; d’une relance du logement social ; d’une politique migratoire enfin digne et ordonnée. Nous n’y parviendrons qu’en changeant de méthode, en sortant d’approches formatées et centralisées, en partant des besoins sociaux des personnes, de leurs envies, de leurs possibilités, des initiatives, des territoires, non seulement pour être efficaces mais aussi pour donner à notre pays l’agilité, la mobilité, la liberté sociale, la reconnaissance qui lui font défaut, alimentant les colères et corrodant la solidarité.

Pour que notre Fédération n’ait plus à lancer de tels appels,

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