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Prostitution des mineurs : un compte Snapchat pour maintenir le contact (1/4)

Prostitution des mineurs: le compte Snapchat d'Arc-EA pour aller vers (1/4)

Face à des jeunes filles très mobiles, pour la plupart originaires de la banlieue parisienne ou du nord de la France (Lille, Maubeuge, Dunkerque, etc.), Snapchat permet de maintenir le lien, après un premier contact physique.  

Crédit photo Adobe Stock
Les membres du projet Paré (Piloter et animer un réseau d’acteurs mobilisés) contre la prostitution des mineurs organisaient le 27 mars un webinaire sur la création et le maintien du lien avec les jeunes. Retour en quatre épisodes sur les expériences partagées. Aujourd’hui, celle de l’association Arc-EA aux abords des gares du Nord et de l’Est, à Paris.

Le contexte :

Quinze équipes de l’association Arc-Equipes d’amitié (Arc-EA) interviennent, au titre de la prévention spécialisée, au sein des Xe, XIIIe, XVe et XVIIIe arrondissements de Paris. Après le premier confinement lié à la crise sanitaire, les éducateurs ont constaté la présence régulière de jeunes filles devant les gares du Nord et de l’Est. Sept à huit, jamais les mêmes, isolées ou en interaction avec des groupes d’hommes, consommant alcool ou stupéfiants. Leur apparence – soit très apprêtée avec des habits inadaptés pour la saison, soit très dégradée, avec la peau abîmée, comportant des traces de coups et blessures – intriguait.

Lire aussi : Prostitution des mineurs : 6 outils de prévention vus du Québec et de Belgique

« L’équipe s’est questionnée, souligne Jérôme Savre, chef de service éducatif de l’association Arc-EA. D’où viennent-elles ? Pourquoi cette présence continue de jeunes qui, pour autant, ne s’implantent pas. Sont-elles sous emprise des hommes ? Comment entrer en contact, alors qu’elles nous mettent à distance à chaque fois qu’on essaie de le faire ? »

La réponse :

Habituée, dans le cadre de sa pratique professionnelle, à attendre la récurrence pour aller au contact, l’équipe a dû penser « une clinique nouvelle ». « Elle pressentait qu’il fallait notamment s’implanter auprès des groupes d’hommes pour accéder aux jeunes filles, explique le professionnel. Il fallait être accepté sur le territoire, travailler avec les auteurs (les agresseurs) et les victimes de violence physique, voire sexuelle. »

Sur le même sujet : Comment repérer les situations de prostitution chez les mineurs (1/2)

Face aux difficultés d’approche, liées à la mise à distance et au turn-over, l’équipe a créé une carte de visite sur laquelle figure un QR code lié à un compte Snapchat. « C’était une manière de dire : vous pouvez nous contacter discrètement si vous êtes confrontées à un risque de contrôle social de la part de ces hommes, poursuit Jérôme Savre. Notre présentation était claire : nous sommes des travailleurs sociaux, mais on ne va pas prévenir la police. Nous proposons une libre adhésion. »

Les enseignements :

Lorsque les jeunes se connectaient au compte Snapchat, et qu’un contact se nouait, l’équipe a gardé en tête une règle : répondre aux besoins de manière immédiate, « ici et maintenant », avec une grande réactivité. « Si on diffère, on perd le lien. »

Autre règle : adopter une posture éducative non intrusive. « On ne va pas questionner tout de suite “que fais-tu là ? d’où viens-tu ?” –, sans quoi elles nous éviteraient, explique Jérôme Savre. On accepte la parole de la jeune comme elle est, et on tourne autour de cette parole. »

Sur le même sujet : Comment réagir face aux conduites prostitutionnelles de mineurs (2/2)

Souvent, les éducateurs parviennent à accrocher les jeunes, à travers le soin. « “Tu as une douleur, je t’emmène à l’hôpital”, illustre le chef de service. La sage-femme peut prescrire des examens médicaux et passer par le compte Snapchat pour donner les résultats. »

Malgré ces dispositions, le lien demeure aléatoire. Très mobiles, les jeunes filles sont souvent originaires de banlieue parisienne ou du nord de la France. Dans toutes les situations rencontrées, elles bénéficiaient d’une mesure de protection de l’enfance, souvent nourries de fugues régulières, et d’une grande défiance à l’égard des travailleurs sociaux et des institutions. « On estime qu’il est nécessaire d’être en contact avec les professionnels de leur lieu d’origine, souligne Jérôme Savre. On demande à nos partenaires de nous transmettre le contact des jeunes filles. Mais on observe que tant que la rencontre physique n’a pas eu lieu, elles ne répondent pas. »

La présence de ces jeunes filles a augmenté de façon permanente au fil des années, renforçant la pertinence du travail des éducateurs. L’association note avoir ainsi accompagné 33 jeunes filles, âgées de 12 à 22 ans en 2020. En 2023, elles étaient 59.
 

>>> Notre dossier sur le maintien du lien avec les mineures prostituées

1. Un compte Snapchat pour maintenir le contact (en accès libre)

2. Un Mousqueton pour raccrocher les ados fugueurs

3. La démarche partenariale d’Asthériia

4. La force du réseau marseillais

 

>>> En savoir plus sur le réseau Paré contre la prostitution des mineurs

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