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Etablissements et services : le blues des directeurs

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Des directeurs et directrices d'associations médico-sociales ont défilé derrière une banderole « Ségur pour tous » dans les rues de Nantes en novembre 2021.  

Crédit photo Jeremie Lusseau / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP
Une journée d’action nationale des secteurs santé, social et médico-social est annoncée par la CGT ce jeudi 22 septembre. Parmi les manifestants, de nombreux directeurs de structures seront présents pour témoigner de leurs difficultés quotidiennes.

L’été tant redouté est terminé. Bon gré, mal gré, les établissements sociaux et médico-sociaux ont maintenu un accompagnement de qualité. Mais la situation demeure encore très tendue. C’est pourquoi, à l’appel de la CGT, les professionnels des secteurs de la santé, de la protection de l’enfance, du handicap et du grand âge sont invités à manifester ce jeudi 22 septembre.

Le fait est assez rare pour être souligné, de nombreux directeurs vont battre le pavé aux côtés de leurs équipes. « Nous n'avons pas donné de consignes mais beaucoup de chefs d’établissement m’ont assuré qu'ils allaient défiler, indique Daniel Carasco, président de l'ADC (Association de directeurs, cadre de direction du secteur médico-social et sanitaire). Une telle mobilisation montre bien que la situation est extrêmement compliquée. »

Une « fuite des professionnels »

Après deux ans de crise sanitaire, les structures sociales et médico-sociales, tous secteurs confondus, sont confrontées à une pénurie de professionnels sans précédent. « Cela fait 25 ans que je suis directeur, je n’ai jamais connu un été comme celui-ci, assure Daniel Carasco, à la tête de la maison d’enfants à caractère social (Mecs) La Providence, à Nîmes (Gard). Toutes les semaines, nous devons faire face à des absences ou, pire, à des démissions. »

« En juin dernier, j’ai publié une annonce d’emploi pour un poste de moniteur-éducateur ou d’éducateur spécialisé, poursuit-il. Il y a dix ans, j'avais 20 candidats. Cette année, je n’ai eu qu’une seule réponse. J’ai embauché la personne, elle a démissionné au bout de quinze jours. Du jamais vu ! »

Depuis la crise sanitaire, les salariés sont moins enclins à accepter des conditions de travail précaires. « Dans le médico-social, les horaires sont atypiques. On travaille de nuit, les week-ends... Les publics accueillis sont fragiles, les contraintes nombreuses, énumère Catherine Leblanc, directrice de l’Ehpad Résidence des Sources à Sèvremoine (Maine-et-Loire). Tout cela contribue à la fuite des professionnels et complexifie notre tâche au quotidien. »

Un manque de reconnaissance

Autre sujet de tension pour les directeurs : les hausses de salaires consacrées par les accords Ségur et Laforcade. A ce jour, un certain nombre de professionnels en demeurent exclus. Des situations complexes à gérer pour les chefs d’établissement. « Mes salariés sont pratiquement en guerre les uns contre les autres à cause de cela. Ceux qui n’ont pas été revalorisés ne comprennent pas pourquoi. Humainement, ce n'est pas tenable », déplore Betty Derache, directrice du pôle handicap au sein de l’association SAGESS à Saulzet (Allier).

« A deux ans de la retraite, je pensais avoir tout vu, tout connu. Mais les dernières semaines me montrent l'inverse, grommelle Daniel Carasco. Je n'ai jamais considéré ce métier comme un travail mais comme une passion. Or ces derniers temps il n’y a plus de plaisir. » Un sentiment partagé par nombre de chefs d’établissement. A tel point que, comme l’indiquait début septembre le Syncass-CFDT (1), « face à la dégradation constante de leurs conditions d’exercice, certains directeurs ont fait le choix radical d’une nouvelle orientation professionnelle, passant parfois par une rupture conventionnelle. D’autres, de plus en plus nombreux, sont en arrêt de travail pour épuisement professionnel. »

La solitude de la fonction

D’autant que, à l’inverse du sanitaire, ils estiment ne pas être reconnus à leur juste valeur par le grand public et les différents acteurs du secteur. « Nous nous sentons isolés, abandonnés, certifie Betty Derache. Nous devons nous serrer les coudes et défendre notre profession. » « Dans un hôpital, les équipes de direction sont composées de trois ou quatre professionnels alors que nous sommes souvent seuls. Cette solitude de la fonction pèse sur notre moral », complète Catherine Leblanc.

Daniel Carasco va plus loin : « Le métier de directeur est dévalorisé. Notre fonction doit retrouver de son autorité, de son prestige. Donc plus nous serons nombreux dans la rue, plus nous montrerons notre mécontentement, plus nous aurons de chance d’être entendus. » Au risque que cela craque de toutes parts.


(1) Syndicat des cadres de direction, médecins, dentistes et pharmaciens des établissements sanitaires et sociaux publics et privés.

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