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Formation obligatoire des 16-18 ans : prometteur, le projet piétine

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Photo d'illustration

Crédit photo Nicolas Liponne / Studio Hans Lucas / AFP
Un peu plus d’un an après l’entrée en vigueur de la formation obligatoire pour les jeunes de 16 à 18 ans, son application reste imparfaite et des dysfonctionnements sont constatés dans les missions locales dont les salariés assurent directement l’application du dispositif.

Alors qu’a débuté cette semaine une campagne de communication du gouvernement pour mieux faire connaître au grand public l’obligation de formation des jeunes de 16 à 18 ans, d’un territoire à l’autre, la saisie du dispositif par les professionnels des missions locales diffère.

Entrée en vigueur en septembre 2020 à la suite d’un décret publié en août de la même année, cette mesure vise à assurer l’entrée en formation ou à proposer un accompagnement personnalisé des jeunes décrocheurs scolaires. Pour ce faire, avec l’aide de partenaires tels que les services du ministère de l’Education nationale, les missions locales recensent les jeunes déscolarisés et les convoquent avec leur représentant légal afin de les obliger à respecter l’obligation de formation. Après deux mois, elles transmettent au président du conseil départemental la liste des jeunes pour lesquels les démarches n’ont pas abouti, afin qu’une enquête sociale débute pour permettre d’en comprendre les raisons.

Retards et dysfonctionnements

« Nous sommes encore en rodage. Nous n’avons pas encore été jusqu’à la phase finale. Pour l’instant, nous recensons les jeunes, nous les contactons et nous les relançons. Après leur première inscription, nous les inscrivons en Pasea [parcours contractualisé d’accompagnement vers l’emploi et l’autonomie] comme les autres jeunes et, ensuite, nous proposons l’accompagnement spécifique aux 16-18 ans. Mais, pour l’heure, nous n’avons pas encore mis en place d’ateliers dédiés », indique Laure Pereira, coordinatrice « accueil, accompagnement et formation » pour la mission locale de la Lyr, située à Pantin (Seine-Saint-Denis).

A Toulouse, depuis le mois de juillet, la mise en œuvre du dispositif est au point mort. En cause, un système d’information défaillant. Théoriquement, le logiciel I-milo permet aux services de l’Education nationale et des missions locales d’échanger des informations et de repérer les jeunes déscolarisés. L’objectif est clair : éviter aux professionnels d’effectuer le travail de relance plusieurs fois si le jeune est déjà dans un parcours professionnalisant. « Nous avions beaucoup d’attentes, ce flux d’interconnexion était une grande avancée. Malheureusement, si nous recevons les informations du ministère de l’Education nationale, ce dernier ne peut pas visualiser nos saisies. Cela rend son utilisation inefficace », explique Corinne Farenc, responsable du pôle « entreprises et compétences » des missions locales de Toulouse (Haute-Garonne).

Par ailleurs, si dans d’autres territoires le logiciel fonctionne, les professionnels reconnaissent que beaucoup de jeunes passent entre les mailles du filet.

Assurer l’adhésion des jeunes

Parmi les grands enjeux du dispositif, la remobilisation d’un public qualifié de « volatile » par les professionnels. L’adhésion du jeune et son implication dans la construction du projet permettent de prévenir son abandon au cours des formations proposées. Informations collectives, sport, culture, sur les territoires, les propositions abondent.

« Pour capter ce public, nous tentons de passer par des leviers innovants et ludiques. Nous nous sommes munis de casques de réalité virtuelle qui permettent de découvrir différents métiers. Nous proposons aussi des applications avec Tchat bot, un logiciel robotisé qui permet de communiquer à distance. C’est un tremplin pour répondre à l’obligation de formation », explique Corinne Farenc.

Si la pratique n’est pas généralisée, pour certains, l’implication des parents apparaît nécessaire. « J’impose leur présence lors des rendez-vous. Ainsi, en cas d’enquête, ils ne peuvent pas dire qu’ils n’étaient pas au courant, et cela fonctionne plutôt bien. La plupart du temps, ils sont rassurés car beaucoup d’entre eux sont démunis face à la situation de leur enfant », affirme Stéphane Gauthier, directeur de la mission locale du bassin de Saint-Dié-des-Vosges et des Hautes-Vosges.

Développement de partenariats

Autre grand pari, le développement de partenariats. Là encore, le déploiement se distingue d’un département à l’autre.

« C’est un grand travail qui va au-delà des actions pour aller vers les jeunes. Protection de l’enfance, protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), médiateurs de rue… Depuis décembre 2020, nous organisons une réunion tous les deux mois avec nos partenaires. Cette mesure est une aubaine qui nous légitime pour remettre en place des actions de mobilisation », indique Stéphane Gauthier.

Selon Stéphanie Pereira, l’approche est plus timide en Seine-Saint-Denis. « Il est vrai que nos rapports avec la Mission de lutte contre le décrochage scolaire (MLDS) et avec le Centre d’information et d’orientation (CIO) sont plus formels et que des points réguliers s’organisent. Ce qui n’était pas le cas avant », reconnaît-elle.

Pour ce qui est de Toulouse, sur cet aspect-là, la mise en route est bien amorcée grâce à des mesures préexistantes. « Nous avons un maillage territoriale très important avec les clubs de prévention, les éducateurs de rue, la PJJ. Les plateformes de suivi et d’appui aux décrocheurs (Psad) étant déjà bien ancrées localement, nous y avons intégré l’obligation de formation », conclut Corinne Farenc.

 

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