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L’Etsup mise en péril par un fiasco immobilier

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La Région Ile-de-France a refusé, en avril dernier, d’accorder à l’école l’aide de 400.000 euros demandée pour prendre en charge des frais de bail ainsi qu'un nécessaire déménagement.

Crédit photo DR
Faute de repreneur, l’illustre école du travail social parisienne risque de fermer ses portes. Un coup dur pour une institution déjà fragilisée depuis plusieurs années.

L’Etsup, l’école supérieure de travail social, n’a pas réussi à se sortir de ses difficultés. Depuis le 24 avril dernier, cet établissement d’enseignement supérieur – situé dans le 15ème arrondissement à Paris - est à la recherche d’un repreneur, sur décision de son administrateur judiciaire. A défaut d’offres d’ici au 12 mai, cette institution plus que centenaire sera liquidée, mettant fin à la procédure de sauvegarde déclenchée en janvier dernier.

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Les étudiants, informés le lundi 28 avril, accusent le coup. « Une école historique du travail social, reconnue pour la qualité de son enseignement et de sa formation, se retrouve aujourd’hui au bord du gouffre », écrit un collectif dans un communiqué, diffusé sur LinkedIn. « Fondée dans l’élan d’après-guerre, née des cendres de la Première Guerre mondiale, cette association était une réponse humaine, sociale, éclairée, à un monde brisé », ont aussi déploré les élus CGT du CSE de l’Etsup.

« Les étudiants vont être réorientés vers d’autres écoles de formation de travailleurs sociaux avec l’aide des services de la région Ile-de-France », nous indique Stanley Jacquet, président de l'association des surintendantes d’usines et de services sociaux, gestionnaire de l’Etsup. « L'etsup me semblait indestructible, de par tout ce qu'elle a apporté et représente, encore aujourd'hui dans le champ du travail social », a réagi de son côté une formatrice catastrophée, Stéphanie Fare, dans un texte sur LinkedIn, louant auprès d'ASH cette école « à taille humaine ».

« La Région ne nous a pas suivis »

Comment l’Etsup en est arrivée là ? C’est un fiasco immobilier qui a porté le coup final à une école déjà en difficulté économique avant la crise sanitaire. La démolition-reconstruction de nouveaux locaux de 2.500 mètres carrés à Arcueil, financée par la vente du bâtiment historique de l’Etsup situé dans le quartier coquet du Parc-de-Montsouris en 2020, n’a jamais abouti. Le chantier a été abandonné en avril 2024 par le maître d’œuvre, lui-même en liquidation. Résultat : l’Etsup s’est éternisée dans une location à la Tour Montparnasse, alors qu’elle devait, initialement, emménager en 2022.

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Devant quitter ces locaux onéreux, l’Etsup négociait un nouveau bail afin d’emménager à Ivry-sur-Seine en juillet 2025. Sauf que la Région Ile-de-France a refusé, en avril, d’accorder à l’école l’aide de 400.000 euros demandée pour prendre en charge des frais de bail ainsi que le déménagement. « Après une période de discussion, la Région ne nous a pas suivis. Elle a invoqué un motif de restriction budgétaire », déclare Stanley Jacquet.

Sollicitée par ASH, la Région Ile-de-France renvoie la balle à l’école. « La Région, garante de la bonne gestion des fonds publics, ne peut pas compenser une situation déficitaire sans un plan précis de redressement financier et des garanties concrètes sur la poursuite de l’activité », nous indique-t-elle par mail. Au courant des difficultés de l’école depuis 2023 au moins, elle indique avoir « alerté l’association sur ses difficultés financières » à « de nombreuses reprises ». Et à une délégation d’étudiants et de formateurs, reçus le 29 avril, la Région a expliqué qu’elle manquait d’éléments financiers mais aussi « administratifs », relatifs aux nouveaux locaux, selon ces derniers.

La direction accusée de mauvaise gestion

Pour les élus CGT du CSE, la direction est la première responsable de ce fiasco. « On s’est rendu compte que l’entreprise de rénovation en charge du chantier n’avait ni d’expérience en matière de construction, ni l’envergure suffisante pour un tel projet au vu de son chiffre d’affaires », affirment-ils. « Il y a eu un appel d’offre, l’entreprise apportait des garanties », dément Stanley Jacquet, qui explique n’avoir pas imaginé « que le chantier serait aussi compliqué », invoquant la crise sanitaire pour justifier le début du dérapage.

En 2023, l’Etsup comptait quelque 2.000 étudiants et stagiaires, d’après son dernier rapport d’activité. En 2024, son chiffre d’affaires était de 4,8 millions d’euros. Au 1er mai 2025, elle comptait 40 salariés.

En 2019, elle avait déjà lancé un premier plan de redressement pour se relancer. Selon Stanley Jacquet, « les leviers d’un modèle économique de développement sont complexes à identifier pour une association dont la taille critique est trop modeste pour entreprendre un développement ». Il évoque, pêle-mêle, la difficulté à développer la formation continue comme à attirer des étudiants du fait de Parcoursup.

 

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