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Contrat d’engagement jeune : les missions locales dans l’incertitude

France politique emploi jeunesse Jean Castex Mission locale

Le Premier ministre Jean Castex pose pour un selfie avec des jeunes rassemblés à l'occasion de sa visite d'une mission locale à Vitry-sur-Seine le 2 novembre 2021.

Crédit photo JULIEN DE ROSA / AFP
Insertion - Les déclarations du gouvernement le 2 novembre dernier sur le « contrat d’engagement jeune » ont plongé les équipes des missions locales dans le flou concernant sa mise en œuvre dès mars prochain. Autre inquiétude : la crainte d’une perte progressive de leur spécificité, centrée sur un accompagnement global de ce public.

« On l’a appris mardi matin par voie de presse », « Cela nous est tombé dessus », « Je ne sais pas encore ce que cela veut dire ».

Partout en France, les équipes des missions locales sont dans l’expectative depuis l’annonce mardi dernier de la mise en place d’un « contrat d’engagement jeune » visant à favoriser l’insertion professionnelle des personnes de moins de 26 ans les plus éloignées de l’emploi. Un message sur Facebook d’Emmanuel Macron, suivi d’une allocution du Premier ministre, Jean Castex, lors d’une visite à la mission locale de Vitry-sur-Seine (Val-de-Marne), annonçaient le lancement d’un nouveau dispositif d’aide uniformisé pour les jeunes les plus démunis, étendu à 400 000 allocataires. « Sous condition de revenus, d'assiduité et d'acceptation des offres d'activité faites », les bénéficiaires pourraient ainsi recevoir une allocation, dont le montant ne pourra excéder 500 € par mois. 

Une déception pour de nombreux acteurs qui espéraient des réformes plus ambitieuses, touchant tous les jeunes les plus en difficulté, les travailleurs précaires en particulier, comme le gouvernement l’avait laissé pressentir quelques mois plus tôt. « Ce n'est pas une refonte structurelle et un changement de paradigme des politiques d'insertion des jeunes comme le préconisait le Conseil d'orientation des politiques de jeunesse (COJ) avec les 30 propositions du rapport “La garantie jeunes, un droit pour demain” », écrivait ainsi hier, sur son compte Facebook, Antoine Dulin, président de la commission « insertion des jeunes » au COJ. 

Nombreuses questions en suspens

Depuis les déclarations de l’exécutif, de nombreuses questions restent en suspens. En particulier pour les mission locales qui devraient se charger du dispositif, au côté de Pôle emploi mais aussi d’organismes privés et d’associations. La « garantie jeunes » va-t-elle être totalement remplacée ? Quelle sera la durée du nouveau dispositif ? « C’est budgétisé sur 2022, mais par la suite ?, questionne Dimitri Hinault, délégué syndical CGT dans une mission locale du Morbihan. Des parcours vont démarrer, mais un droit qui dure un an, cela rime à quoi ? »

D’autant que les missions locales souffrent déjà depuis plusieurs années du manque de visibilité, comme le soulignaient les sénateurs Emmanuel Capus et Sophie Taillé-Polian, auteurs d’un rapport d’information publié début octobre : « L’incertitude sur l’évolution des objectifs [...] est dans le contexte actuel encore plus forte qu’à l’accoutumée. Cela fait peser sur les missions locales une difficulté importante de gestion concernant le pilotage de leurs ressources humaines, matérielles et immobilières. »

Autre crainte : les conditions pour la mise en place du contrat d’engagement jeunes. « Les missions locales peinent déjà à absorber l’objectif fixé en 2021 des 200 000 jeunes en gardant la qualité de l’accompagnement et la valeur pédagogique de la garantie jeune historique, souligne Dimitri Hinault. Les équipes vont encore être dans la tourmente. Elles sont déjà fatiguées, exténuées. »

L’emploi comme unique indicateur ?

Ces nouvelles mesures devraient, en outre, accentuer les objectifs de performance imposés à ces équipes. Une stratégie qui présente, d’après les sénateurs, le risque d’écarter peu à peu les missions locales de leur savoir-faire en matière d’accompagnement global, au-delà de la seule question de l’emploi. « En matière de financement, il importe que les modalités d’évaluation de la performance des missions locales soient davantage en adéquation avec la vocation réelle de ces structures », indiquaient-ils.

Selon Dimitri Hinault, l’accompagnement des jeunes est par ailleurs, depuis plusieurs années, de plus en plus associé à des logiques financières : « Tous les jeunes qu’on accompagne en mission locale rentrent dans des dispositifs où il y a des contrôles permanents. Que ce soit la garantie jeune, les Pacea [parcours contractualisés d'accompagnement vers l'emploi et l’autonomie], l’obligation formation... Pourtant, un des principes de base pour le travail du conseiller en mission locale est d’être face à une action volontaire, sur la base de la relation de confiance. » « L'action initiale des missions locales est fondée sur l'accompagnement global des jeunes. Or force est de constater que ce nouveau dispositif nous inscrits dans une configuration de "Pôle emploi jeunes", renchérit Fatiha Ouakli, directrice d’une mission locale dans le Val-de-Marne. Les missions locales voient leur visibilité amoindrie comme acteur premier de l'accompagnement de ces publics et plus spécifiquement des jeunes “ni en études, ni en formation, ni en emploi”. Allons-nous assister à une concurrence entre les acteurs du service public de l'emploi, voire avec des opérateurs privés, déjà expérimentés, en vain, dans le cadre du contrat d'autonomie il y a plusieurs années ? Il n'y a pas de prise en compte de quarante ans d'actions des missions locales en faveur des jeunes en difficultés sociales et professionnelles », déplore-t-elle.

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