Dans le cadre de son programme « Santé mentale et psychiatrie », la Haute Autorité de santé (HAS) s’est saisie de la question des soins apportés aux enfants bénéficiant d’une mesure de protection. L’autorité rappelle les spécificités de ce public, à savoir un risque accru de présenter des troubles psychiques et neurodéveloppementaux et, dans le même temps, un accès aux soins plus difficile. Pour y remédier, elle incite à effectuer un repérage des troubles le plus tôt possible :
- Évaluation globale en amont de la mesure,
- Réalisation du bilan de santé obligatoire dans un délai de moins d’un mois après le début de la mesure,
- Rencontre avec un psychologue pour chaque enfant confié.
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Afin d’éviter les ruptures dans les parcours de soins, il est par ailleurs préconisé de mettre en place des échanges réguliers entre les professionnels des deux champs. Du côté de la protection de l’enfance, les acteurs sont par exemple invités à communiquer avant le premier rendez-vous en psychiatrie, mais aussi lors de l’élaboration du projet pour l’enfant (PPE) et à chaque rapport de situation. Inversement, il est important que les services de psychiatrie entretiennent le lien au moment de la période d’évaluation, « a minima une fois par an et à chaque changement significatif de prise en charge ».
Développer la formation
Dans le cas d’une hospitalisation à temps plein en psychiatrie, la HAS recommande à l’équipe de transmettre rapidement une estimation de la durée des soins aux professionnels de protection de l’enfance, à l’enfant (selon les cas), et à ses parents. Au cours de l’hospitalisation, la collaboration est de mise afin de faciliter la prise de nouvelles, les visites, ainsi que les sorties temporaires. Il en va de même au moment de la sortie, en ce qui concerne par exemple la transmission du calendrier des rendez-vous et l’appui - si nécessaire - aux professionnels de la protection de l’enfance.
Des actions sont également à mettre en place au niveau territorial (conseils départementaux, agences régionales de santé (ARS), directions territoriales et inter-régionales de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ)…). Le document mentionne notamment :
- La signature de conventions entre psychiatrie et protection de l’enfance à l’échelle de chaque département pour clarifier les rôles et les engagements de chacun,
- La création d’un espace « pérenne et multipartenarial » pour traiter des situations complexes,
- L’état des lieux des liens existants entre les professionnels des deux champs. Selon les carences, la mise en place d’espaces de rencontre dédiés et la création de « périodes d’immersion réciproques »,
- Le développement conjoint de formations sur les pratiques professionnelles pour favoriser l’acculturation de part et d’autre.
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Dernier point et non des moindres, l’autorité publique « souligne la nécessité d’accompagner ses recommandations des moyens humains (…) ainsi que des moyens financiers suffisants à leur mise en œuvre. »
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