Les travailleurs sociaux n’en ont pas fini avec les mouvements sociaux. Après les manifestations des 10 et 18 septembre puis du 2 octobre, une soixantaine de syndicats locaux affiliés à la CGT ou à Solidaires et des collectifs de travailleurs sociaux appellent à la grève du mardi 16 au jeudi 18 décembre, date de la « journée internationale des migrant.es ».
Trois jours qui ont été fixés conjointement avec différents collectifs lors des « rencontres nationales du travail social en lutte », en octobre dernier à Marseille, pour protester contre les politiques d’austérité. La Fédération de la Santé et de l’Action sociale CGT a, elle aussi, déposé des préavis de grève nationaux, sur une période plus étendue, du 12 au 18 décembre.
Des salariés qui hésitent moins à faire grève
A Montreuil, mardi 16 décembre, derrière les banderoles « 115 sans places » et « nique la convention unique », une petite centaine de personnes, salariés de différentes structures, bénévoles voire personnes en situation d’exclusion, ont répondu à l’appel. Tous sont réunis autour du piquet de grève des salariés d’Interlogement 93, choisi comme premier point de passage de la journée.
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Des personnels de cet opérateur associatif qui gère le 115 de Seine-Saint-Denis et les services d’accueil et d’orientation ont décidé de cesser le travail ce mardi pour exprimer leur ras-le-bol, « à l’appel du syndicat CGT et du Catsi, un collectif « autonome » de salariés. « Quel est le nombre de pauvres qu’il est acceptable de laisser dans la rue ? », interroge Math*, l’une des grévistes.
Sollicité par ASH, le directeur d’Interlogement 93, Philippe Avez, était absent lors de la mobilisation du mardi 16 au matin. Mais il « comprend » la colère des équipes, car l’accès à l’hébergement et au logement a continué de se dégrader, tout comme les conditions d’exercice des missions du 115. « Le ras le bol exprimé est légitime », regrette-t-il. Il souligne que les grèves sont peu fréquentes chez Interlogement93. « Quand ça arrive, c’est souvent justifié », souligne-t-il au téléphone.
Selon Jordan Bernard, secrétaire général de la CGT Samu social de Paris, présent à ce rassemblement avec des collègues, des écoutants du 115 parisien devaient également faire grève ce mercredi 17. « Il y a une prise de conscience que ça ne peut plus durer comme ça », explique-t-il.
Les travailleurs sociaux hésitent moins, aujourd’hui, à cesser le travail, tant la situation s’est dégradée. Et pour cause : « seulement un tiers des usagers nous appelle, et on ne décroche qu’une partie de ces appels », souligne le syndicaliste. Les syndicats CGT de six services intégrés d'accueil et d'orientation sur les huit que compte l’Ile-de-France se sont également joints au mouvement.
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« Regrouper les luttes »
Le nombre de grévistes au sein d’Interlogement 93 et du Samu social de Paris n’est pas encore connu. Mais la mobilisation de ce mardi a un autre intérêt. « On essaie de créer des choses avec d’autres associations », souligne Ludovic Bernabeu, délégué CGT d’Interlogement 93. « On avait peu de lien avec le 115 du 93 », souligne Jordan Bernard.
Ce mardi, on trouve aussi des salariés d’autres structures associatives comme Séverine, de l’association de lutte contre le VIH Aides, en plein plan social. « C’est une manière de rejoindre des personnes dans les mêmes situations que nous », souligne cette accompagnatrice communautaire en santé. Elle a réagi à l’appel de la Commission de mobilisation du Travail Social Ile-de-France, un collectif qui, depuis 2017, cherche à « regrouper les luttes », selon l’une de ses militantes.
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D’autres militants associatifs étaient également présents ce matin, comme le collectif pour l’avenir des foyers (Copaf) ou Utopia 56, l’association d’aide aux exilés. Une première, car ces deux milieux se parlent rarement. « Ca nous aide à comprendre comment fonctionne le 115, le système de priorisation. C’est l’occasion de mieux comprendre les conditions de travail de leurs agents », souligne une bénévole.