Donner une « photo à l’instant T » et fournir des clés pour cheminer vers une association plus inclusive. C’est ce que propose l’« Inclusiscore », un outil d’évaluation lancé la semaine dernière par le Mouvement associatif après 18 mois de travail. A l’origine de cette initiative : l’envie de lutter contre toutes les formes de discrimination. « Nous avons été touchés par le fait qu’on aborde souvent la question de l’inclusion d’une manière un peu restrictive, principalement à travers le rapport au handicap, représenté par cette petite icône d’une personne en fauteuil roulant qu’on affiche sur la devanture de certains établissements, rapporte Anne-Claire Devoge directrice générale adjointe des Centres d'entraînement aux méthodes d'éducation active (Ceméa) et vice-présidente à l’engagement du Mouvement associatif. Cela caractérise une partie de l’inclusion, mais pas l’ensemble du spectre. Nous voulions ouvrir la focale. »
Il s’agit ainsi de parler de toutes les typologies de handicap, qu’ils soient moteurs, visuels, psychologiques, mentaux ou physiques, de faire la lumière sur les questions d’homophobie, de mettre le doigt sur les inégalités territoriales, d’origine sociale, entre les femmes et les hommes... « On s’aperçoit par ailleurs qu’il y a dans les conseils d’administration beaucoup de visages aux cheveux blanchissants. L’inclusion c’est aussi cela : comment permettre aux jeunes d’accéder à ces espaces de négociations, de décisions, de pilotage. »
« Capitaliser les bonnes pratiques »
L’ « Inclusiscore » prend la forme d’un questionnaire qui s’articule autour de trois axes : « le projet associatif », « l’ouverture à tous » et « la gouvernance ». A chaque question, les répondants peuvent se noter de 1 à 6, selon leur propre perception de l’inclusivité de la structure dans tel ou tel domaine. Il est possible d’effectuer ce test seul ou à plusieurs. Et toutes les parties prenantes de l’association, des bénévoles aux salariés en passant par les élus, sont invitées à prendre part à la réflexion, souligne Anne-Claire Devoge. « Cela peut mettre en dynamique de le renseigner d’une manière collective et de solliciter des profils et des statuts différents. »
Une fois le formulaire rempli, un score sur 132 est obtenu et il est possible de se situer par rapport à un panel d’associations. Mais cet « instantané », cette capture de la situation à un moment donné, se veut le point de départ d’un processus vers davantage d’inclusion. A l’issu de la démarche, la structure peut, en effet, voir ses points forts et ses points faibles, puis s’inspirer des bonnes pratiques mises en place ailleurs. « Dans le milieu associatif, on retrouve toute une galaxie d’éléments sur cette question, à travers des pratiques sensibles, opérationnelles, statutaires, réflexives… » Après avoir cheminé, la structure est invitée à se rendre compte de sa progression en réalisant le test une nouvelle fois.
Dans quelques mois, un point d’étape doit être effectué par la commission engagement du Mouvement associatif. L’occasion de répertorier de nouveaux modèles inspirants. « Les associations ne partagent pas forcément de manière spontanée leurs bonnes pratiques », confie Anne-Claire Devoge.