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De nombreux enfants précaires exclus du retour à l’école

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Crédit photo piqsel
Bidonvilles, squats, hôtels sociaux : dans tous ces lieux, nombre d’enfants n’ont pas eu accès à la continuité pédagogique pendant le confinement et demeurent loin des bancs de l’école. Les acteurs de terrain réclament aux pouvoirs publics le développement de la médiation scolaire dans la réouverture progressive des établissements.

Mineurs isolés étrangers ; enfants vivant dans des bidonvilles, des squats, des hôtels sociaux, voire à la rue ; voyageurs sur les aires d’accueil… Nombre de jeunes restent éloignés de la reprise scolaire, comme ils l’ont été des dispositifs de continuité éducative durant le confinement. Selon le collectif Ecole pour tous, près de 100 000 enfants demeurent hors de l’école, rien qu’en métropole. Plusieurs organisations (Unicef, Fédération des acteurs de la solidarité, Ligue des droits de l’Homme) ont adressé le 30 avril un courrier au ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, alertant sur ces enjeux. « Des associations dont ce n’était pas le cœur de métier ont développé dans l’urgence du soutien pédagogique », constate Anina Ciuciu, avocate et marraine du collectif Ecole pour tous.

Le confinement a exacerbé les fractures existantes. En premier lieu numérique, tandis que la continuité éducative repose sur les moyens informatiques. « Avoir accès à un ordinateur est compliqué quand on vit dans un bidonville sans accès à l’électricité », pointe Clémentine Sinquin, déléguée générale du CNDH Romeurope, signataire du courrier. La délégation interministérielle à l’hébergement et au logement (Dihal) estime que près d’un tiers des personnes vivant dans les bidonvilles sont des enfants – soit près de 6 000 mineurs. « Des familles ont vu leur vulnérabilité économique s’aggraver et ne disposaient parfois pas de crayons ni de papier », ajoute Clémentine Sinquin.

Des jeunes « hors des radars »

Des expulsions ont également eu lieu « au début du confinement », assure Anina Ciuciu. Et elles risquent de reprendre. Une expulsion, « c’est en moyenne six mois de déscolarisation. C’est une année scolaire de perdue », déplore la marraine d’Ecole pour tous. Le collectif défend la trêve scolaire, à l’image de la trêve hivernale prolongée à la faveur du confinement. Des solutions « pour préserver les droits des plus précaires, dont le droit à l’éducation », y compris au-delà de la crise.

Dans leur courrier, les organisations considèrent que les mesures de soutien éducatif prévues pour le confinement et sa sortie laissent de côté les plus exclus. « Il est plus facile de mettre en place des solutions pour les quartiers prioritaires de la politique de la ville car les structures administratives sont déjà en place », observe Clémentine Sinquin, contrairement aux lieux plus instables, plus informels, où résident les enfants en situation de grande précarité. Les dons des autorités sont ainsi allés aux jeunes « déjà identifiés par l’Education nationale ou par des opérateurs de l’Etat. Les plus précaires ne se situent pas dans ces radars », abonde Anina Ciuciu.

Développer la médiation scolaire

Une solution pour ces acteurs de terrain : la médiation scolaire. Le dispositif reste « extrêmement ponctuel, rare, porté par des associations avec peu de moyens », décrit Anina Ciuciu. La Dihal travaille sur un programme « opérationnel à la rentrée prochaine » avec des recrutements de médiateurs « si possible durant l’été » dans la « trentaine de départements concernés », indique la délégation. Mais pas de précision sur le budget alloué : inscrit dans le cadre des stratégies territoriales de résorption des bidonvilles, ce dernier « dépendra de multiples facteurs liés aux demandes formulées, à la cohérence des stratégies proposées, au nombre d’enfants à accompagner ». Les associations souhaitent que ce programme soit élargi à tous les jeunes vulnérables (protection de l’enfance, asile…).

Les inscriptions scolaires pour septembre seront aussi un enjeu central dans les mois à venir. Certaines communes continuent d’opposer des refus illégaux, au motif de l’absence de domiciliation. L'article 16 de la loi pour une école de la confiance visait à simplifier les pièces justificatives, mais son décret d’application est toujours attendu. « Il devait sortir en avril », indique Anina Ciuciu. « La veille du confinement, nous connaissions des enfants qui, en Seine-Saint-Denis, se battaient encore pour s’inscrire à l’école », témoigne l’avocate. Sur toutes ces problématiques, le collectif demande une mission d’information parlementaire. Là encore, « un parlementaire devait être nommé au premier semestre pour l’initier, mais le confinement a aussi suspendu cela », explique-t-elle. L’urgence de lutter contre les discriminations scolaires a pourtant été accentuée par la crise. « Les enfants exclus seront encore plus nombreux si l’on ne prend pas, maintenant, les solutions adaptées », fait valoir Anina Ciuciu.

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