Réalisée dans la perspective de l’édition 2022 de la Semaine européenne pour l’emploi des personnes handicapées (SEEPH), prévue entre les 14 et 20 novembre prochains, une étude de l’Ifop menée pour l’Agefiph (Association de gestion du fonds pour l’insertion professionnelle des personnes handicapées), propose un état des lieux des ressentis et des attentes en la matière. Un échantillon de plus de 8 000 personnes handicapées a été sélectionné ainsi qu’un certain nombre de recruteurs et de salariés issus de la population générale. D’une catégorie à l’autre, les regards diffèrent lorsqu’on évoque l’évolution du chômage ou le sentiment de vulnérabilité face au marché du travail.
De manière générale, les personnes en situation de handicap sont plus inquiétées par la situation économique du pays que le reste de la population. Leurs trois sujets de préoccupation principaux sont le pouvoir d’achat (59 %), le système de santé (34 %) et les inégalités sociales (32 %), alors que leurs concitoyens « lambda » citent, tout de suite après le pouvoir d’achat (47 %), les thématiques de la délinquance et de l’immigration.
Si une majorité des personnes en situation de handicap (PSH) interrogées estiment que cette crainte est avant tout conjoncturelle – 87 % d’entre elles pointent les prochaines réformes des retraites et de l’assurance chômage –, elles restent dans le même temps assez pessimistes sur leur intégration dans une vie professionnelle satisfaisante.
L’enquête révèle ainsi que 67 % des PSH interrogées craignent « de devoir accepter un emploi qui ne correspond pas à leurs aspirations ou à leurs compétences », et que 64 % d’entre elles ont peur « de ne pas trouver d’emploi ou de le perdre ». Plus globalement, 70 % des personnes en situation de handicap estiment que « la société ne se donne pas assez les moyens de les intégrer » (21 points d’écart par rapport au grand public).
L’écart de ressenti entre les personnes en situation de handicap et l’ensemble de la population est manifeste autour de la question : « Diriez-vous qu’en France, à l’horizon 2027, on peut atteindre le plein emploi ? » Côté recruteurs et grand public, ils sont 35 % à répondre « oui ». Côté PSH, ils ne sont que 24 %. Un chiffre qui descend à 18 % lorsqu’ils doivent se positionner sur leur propre accession au plein emploi. Un manque de confiance dans le système qui tranche avec les 31 % de recruteurs qui y croient.
Les perceptions sont également très différentes en ce qui concerne les mesures jugées prioritaires à mettre en place. Parmi les propositions les plus fréquemment évoquées : développer le télétravail (60 %), améliorer la qualité et les conditions de vie au travail dans les entreprises (26 %) et renforcer les sanctions contre les entreprises qui ne respectent pas l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés (28 %). Ce dernier point est le plus clivant entre PSH et recruteurs (17 points d’écart), ces derniers préférant des incitations fiscales ou des primes à l’embauche.