D’après une information révélée par nos confrères du Journal du dimanche (JDD) le 15 novembre, la Fondation Abbé-Pierre estime que 300 000 personnes en France vivent aujourd’hui sans domicile. Contactée par la rédaction des ASH, la fondation explique qu’« en reprenant la définition des sans-domicile utilisée par l’Insee [Institut national de la statistique et des études économiques] pour les enquêtes de 2001 et de 2012, on aboutit à un chiffrage a minima de 300 000 personnes en 2020 ». Elle précise que ce nombre aurait triplé entre 2001 et 2020. « Il a augmenté de 50 % entre ces deux seules enquêtes existantes de l’Insee, puis a doublé entre 2012 et nos estimations de 2020 ».
Pour apprécier la situation de l’année 2020, la fondation a additionné les chiffres publiés par différentes sources officielles. Il s’agit du cumul de :
• 180 000 personnes en hébergement généraliste (sources officielles, octobre 2020) ;
• 101 000 personnes hébergées dans le dispositif national d’accueil (fin 2019) ;
• 11 000 personnes « européennes » en bidonvilles (délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement, chiffres 2020) ;
• 27 000 personnes sans abri (recensement de la population de 2016), un nombre récemment corroboré par l’addition des différentes Nuits de la solidarité dans les grandes villes de France (3 600 à Paris, 1 600 à Montpellier, 1 000 à Rennes, etc.).
L’urgence d’une nouvelle enquête Insee
Au regard de l’augmentation significative des chiffres, la Fondation Abbé-Pierre demande que soit relancée au plus vite une enquête « sans-domicile » par l’Insee. Par ailleurs, elle propose la création d’un fonds d’indemnisation des loyers et des charges « pour éviter la bombe à retardement des expulsions locatives dans les prochains mois et les prochaines années ».
Pour finir, la construction de 150 000 logements sociaux par an permettrait de régler la situation des personnes à la rue ou logées en hébergement d’urgence. Des moyens supplémentaires et une politique du « Logement d’abord » plus solide permettraient d’en garantir la mise en œuvre.