Le 14 octobre 2025, le gouvernement Lecornu II nouvellement constitué a présenté en conseil des ministres les projets de loi de finances (PLF) et de financement de la sécurité sociale (PLFSS). Au programme, des recrutements pour le grand âge ou encore le déblocage de l’enveloppe destinée aux « oubliés du Ségur ». Mais d'autres mesures attirent les foudres de plusieurs acteurs du secteur.
Gel des prestations sociales. A titre d’exemple, le PLFSS vient geler l’ensemble des prestations de retraite de base et des allocations familiales. Des dispositions critiquées notamment par le Collectif Handicaps, dénonçant des atteintes envers les plus vulnérables : « Ces attaques permanentes contre le modèle social détricotent peu à peu les fondations mêmes de notre cohésion sociale », s'insurge le collectif dans son communiqué du 21 octobre 2025.
- Une mesure également réprouvée par l’Union nationale interfédérale des œuvres et organismes privés non lucratifs sanitaires et sociaux (Uniopss).
- Elle alarme sur les conséquences qu’une telle disposition pourrait avoir sur les publics en situation de précarité, notamment sur le pouvoir d’achat des familles en difficulté.
- Le collectif Alerte y voit de son côté des budgets dont les mesures, prises dans leur globalité, « pourraient avoir un impact très négatif sur le pouvoir d’achat des personnes pauvres et des foyers modestes, alors que la France compte plus de 10 millions de personnes pauvres, et que le taux de pauvreté, comme les inégalités, ont atteint des niveaux inédits ».
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Diminution des ressources allouées au travail. L’Uniopss met également l’accent sur la baisse annoncée des moyens octroyés à France travail, avec une baisse prévue de 515 équivalents temps plein. Dans la loi de finances pour 2025, le plafond d’emploi était fixé à 49 147. Pour 2026, le projet de loi prévoit de le descendre à 48 632.
- Une diminution qui se traduirait donc par l’impossibilité de mettre en œuvre, « de manière satisfaisante pour les allocataires du RSA, la réforme qui conditionnera ce revenu à 15 heures d’activité obligatoire ».
- En outre, le gouvernement envisage d’abaisser à 12,3 millions d’euros les crédits de paiement du budget de l’action relative à l’économie sociale et solidaire (ESS).
- A noter également une réduction de 541 millions d’euros, en autorisations d’engagement, du budget dédié à l’insertion par l’activité économique. Ce qui, selon le Mouvement associatif, sacrifie « le développement local et l’insertion professionnelle des personnes éloignées de l’emploi ».
L’habitat négligé par l’Etat. Du côté du logement, le constat est tout aussi alarmant, à commencer par les aides. Fixées à 16,7 milliards d’euros en 2025, les autorisations d’engagement seraient abaissées à 16,1 milliards d’euros en 2026. Sans oublier que le projet de loi prévoit de geler le montant des aides au logement. Pour les étudiants internationaux, il est également prévu de réserver le bénéfice des allocations aux boursiers.
- L’Union sociale pour l’habitat (USH) dénonce un désengagement de l’Etat dans le financement du Fonds national des aides à la pierre, permettant la production de logements très sociaux, qui se traduirait par une charge pour les bailleurs sociaux.
- Ces derniers devraient alors verser 375 millions d’euros à la Caisse de garantie du logement locatif social.
- Enfin, l’USH signale, dans le PLF, l’absence des aides relatives à la rénovation des logements.
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Des projets de loi insuffisants à plusieurs niveaux. Enfin, pour l’Union nationale des centres communaux d’action sociale (Unccas), « le compte n’y est pas », dénonçant notamment un manque d’engagement de l’Etat pour le secteur des solidarités : « Absence de perspective sur une loi grand âge, silence sur la revalorisation des prestations sociales, aucune mention du statut des travailleurs sociaux et médico-sociaux. »
L’Assemblée nationale commencera l’étude du PLF dès le 24 octobre 2025, et du PLFSS à partir du 4 novembre.