Dans son édition 2025 sur les minima sociaux et les prestations sociales, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) en offre une vue d’ensemble, selon les dernières données disponibles.
En préambule, l'ouvrage établit les critères utilisés pour catégoriser les ménages étudiés. Il indique ainsi qu’en 2023 :
- 40 % des personnes en France métropolitaine vivaient avec un revenu inférieur à 1 919 €, et sont qualifiées de foyers « modestes ».
- Parmi elles, 15,4 % vivent avec moins de 1 288 € par mois et sont donc considérées comme étant « pauvres monétairement ».
>>> Sur le même sujet : Comment la précarité est passée de "conjoncturelle" à "structurelle" en 30 ans
Augmentation des bénéficiaires. En ce qui concerne le nombre d’allocataires de minima sociaux, la Drees estime qu’au 31 décembre 2023, 4,20 millions de Français étaient bénéficiaires d’au moins une prestation. Un chiffre en légère évolution par rapport à l’année précédente (+ 0,5 %). La hausse continue et se vérifie de manière plus marquée en 2024 avec une augmentation de 1,3 %, atteignant ainsi 4,25 millions de personnes sur le territoire à la fin de l’année. De manière plus détaillée, l’étude révèle une certaine disparité :
- Pour le revenu de solidarité active (RSA), les effectifs (1,84 million) sont en faible baisse par rapport à 2023 (- 0,5 %).
- A l’inverse, le nombre de bénéficiaires de l’allocation aux adultes handicapés (AAH) augmente de manière significative, avec 1,4 million de personnes concernées, soit 3,3 % de plus qu’en 2023.
- Une situation qui s’observe également pour l’allocation de solidarité spécifique (ASS) qui, après avoir subi des baisses et des augmentations successives entre 2017 et 2023, repart à la hausse en 2024 avec 265 000 allocataires (+ 4,7 % par rapport à l’année précédente).
Au total, ce sont 33,3 milliards d’euros d’allocations qui ont été versées en 2024. Une progression par rapport à 2023 (31,6 millions d’euros, soit + 3,2 % en euros constants).
Impact de la redistribution. Selon les données enregistrées par la Drees, les prestations sociales non contributives et les impôts directs réduiraient de 6,9 points le taux de pauvreté. De même, l’intensité de la pauvreté (mesurée par un indicateur appréciant l’écart entre le niveau de vie médian et le seuil de pauvreté) est affectée, passant de 38 % à 19,3 %.
Cet effet se vérifie particulièrement pour :
- Les familles monoparentales (- 20 points pour celles avec au moins deux enfants).
- Les familles nombreuses (- 13,8 points pour les couples avec au moins trois enfants).
- Les moins de 20 ans (- 11,2 points).
- Les personnes en situation de handicap de 15 ans ou plus (- 10,9 points).
>>> A lire aussi : A Nantes, la Fabrique des 16-25 ans ferme, 28 jeunes sur le carreau
Incidence sur le revenu disponible. Un locataire dans le parc privé, sans revenu, en âge de travailler et sans handicap, bénéficie en janvier 2025 de 873 € mensuels.
- S’il travaillait pour un Smic à temps plein, la Drees observe que son revenu net disponible serait plus élevé, atteignant 1 673 € (salaire de 1 426 € auquel s’ajoutent 246 € au titre des prestations sociales grâce à la prime d’activité).
- Une réalité qui se vérifie quelle que soit la configuration familiale. Dans le cas d’une famille monoparentale avec deux enfants : 1 720 € contre 2 544 € avec un Smic.
Sortir des minima sociaux. Cette sortie peut s’opérer de différentes manières, comme l’explique l’étude. Par exemple en trouvant un emploi, ce qui est le cas pour 53 % des bénéficiaires de l’ASS en 2021.
- Pour ceux bénéficiant du revenu de solidarité active, beaucoup oscillent entre les périodes d'activité et d'inactivité.
- Ainsi, 41 % en sont sortis au moins une fois, avant d’y revenir.
A noter que beaucoup d’entre eux sont également en difficulté pour en sortir durablement (26 %, âgés de 35 à 64 ans fin 2023, percevaient un minimum social chaque fin d’année entre 2013 et 2023).
>>> Retrouvez ici : l'ouvrage complet de la Drees <<<