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Logement : une « bombe sociale », selon la Fondation Abbé-Pierre

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Sur les 25 dernières années, le nombre de personnes vivant sous le taux de pauvreté augmente : 9,1 millions recensées en 2021, soit 545 000 de plus qu'en 2020 et 1,5 million supplémentaire par rapport à 2001.

Crédit photo Adobe Stock
Dans son rapport, divulgué le 31 janvier, la Fondation Abbé- Pierre qualifie la crise du logement de « bombe sociale ». Et le détricotage de la loi SRU, annoncé par Gabriel Attal, qui oblige les communes à disposer d'un certain nombre de logements sociaux n'est pas pour rassurer les associations. 

« Les dysfonctionnements s’accumulent sans pour autant qu’à la fin de l’année 2023 se dessinent les prémices d’une politique de logement à la hauteur des difficultés sociales et économiques ». Soixante-dix ans après le discours de l’abbé Pierre, le bilan annuel, publié par la fondation éponyme le 31 janvier, évoque une situation explosive.

Pour preuve, l’augmentation du nombre d’enfants à la rue, celle des expulsions locatives sans solution de relogement et la saturation des dispositifs d’hébergement d’urgence. Avec pour conséquence première, le désarroi des travailleurs sociaux chargés d’accompagner les publics précaires.

Le document énumère plusieurs chiffres :

  • 330 000 personnes sont sans domicile (143 000 en 2012) ;
  • 9 157 000 individus vivent sous le seuil de pauvreté (2021) ;
  • 8 351 personnes (dont 2 822 enfants) se sont vu refuser un hébergement après un appel aux services du 115 (2023) ;
  • 2,4 millions de ménages attendent un logement social (2022) ;
  • 93 000 logements sociaux ont été financés en 2023 (125 000 en 2016).

> A lire aussi : L’essentiel du discours de Gabriel Attal et les réactions du secteur

Disparition progressive du parc « très social »

En complément, la fondation indique que la dégradation de l’accès à l’hébergement tient à la chute brutale de celui du parc HLM (habitation à loyer modéré). « Entre 2017 et 2022, la baisse du taux de satisfaction annuel des demandes HLM est générale, passant de 22 % à 17 % pour l’ensemble des demandes de logement social et elle est particulièrement significative pour les ménages les plus modestes », détaille le rapport. Conséquence : ceux qui disposent de moins de 500 € par mois voient leur taux de succès baisser de 22 % en 2017 à 12 % en 2022.

En clair, les chances d’accès au parc social n’ont pas augmenté en cinq ans pour les personnes sans domicile. Et ce, alors que le premier plan gouvernemental Logement d’abord se déployait en parallèle. « La disparition progressive du parc de logements très sociaux dans le patrimoine HLM ne laisse pas présager d’amélioration », note la Fondation Abbé-Pierre.

Par ailleurs, fragilisés par les conséquences de la crise sanitaire, par l’inflation et par l’augmentation d’environ 10 % des loyers dans certains départements (chiffres Fage et Union étudiante), la grande précarité touche aussi de plus en plus d’étudiants modestes.

Plus globalement, la rigueur budgétaire s’installe progressivement depuis 2017. La baisse de l’effort public pour le logement est estimée à 15 milliards d’euros par an.

> A lire aussi : Abbé Pierre : un témoignage sonore reconstitué

Le logement intermédiaire difficilement accessible

Inédite et systémique, la crise rencontrée par le secteur tient à plusieurs facteurs. La saturation des parcs d’hébergement et de logement s'ajoute à la régression de la construction. « Les prévisions annoncent que, sans changement de cap, la chute pourrait se poursuivre », précise le rapport. « Bien malmenée depuis 2017, la question de l’habitat continue à être traitée avant tout à travers le prisme budgétaire, comme un gisement d’économies, au détriment de la dimension sociale, alors même que la fiscalité du logement rapporte beaucoup à l’Etat », rappelle la fondation.

L’anticipation par l’Etat de la baisse de la croissance démographique explique en grande partie la dissonance entre pouvoirs publics et acteurs sociaux sur ce plan.
Soulevée le 30 janvier par le Premier ministre Gabriel Attal dans son discours de politique générale, la question du développement des logements intermédiaires est également contestée par les associations ainsi que les bailleurs sociaux. En cause : 70 % des 2,4 millions de demandeurs ont des niveaux de ressources qui les rendent éligibles aux logements très sociaux mais les éloignent des logements intermédiaires vers lesquels les organismes HLM vont devoir davantage s’orienter. « La cible sociale n’est à l’évidence pas la même », déplorent les auteurs du rapport.

Les coupes budgétaires menées depuis le premier mandat du président de la République Emmanuel Macron telles que la réduction des APL (aides personnalisées au logement), de leur mode de calcul à la contemporanéité, ou encore la réduction du loyer de solidarité (RLS) subie par les organismes HLM ont largement contribué à l’état des lieux complexe auquel se confronte le secteur.

Pour y répondre, la Fondation Abbé-Pierre enjoint le gouvernement à :

  • relancer le financement du logement social ;
  • revaloriser les APL ;
  • rehausser les minima sociaux ;
  • soutenir le travail social ;
  • généraliser l’encadrement des loyers ;
  • ériger en priorité nationale que plus personne ne dorme à la rue, en s’appuyant sur la philosophie des dispositifs Logement d’abord.

Pour l’heure, aucun ministre ou secrétaire d’Etat n’est chargé du logement. Jusqu'à quand ?

>> Le rapport L’Etat du mal-logement en France 2024 de la fondation Abbé-Pierre

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