En novembre 2024, la Fédération des acteurs de la solidarité (FAS) publiait le premier volet de son enquête relative à la précarité des femmes, en constante augmentation. La seconde partie de cette étude, diffusée le 22 mai 2025, se concentre sur les dispositifs de veille sociale. Elle s’appuie sur l’ensemble des données produites par les 194 réponses de ses adhérents.
Profil des publics concernés. Le premier constat souligne une hausse du suivi des femmes sans-abris, pour 65% des structures, depuis 2020. Une augmentation à hauteur de 41,5%, variable en fonction des territoires. Certains observant une progression plus importante que d’autres, tels que les départements du Rhône, de l’Isère, des Hauts-de-Seine ou encore des Yvelines.
Quels sont les dispositifs de veille sociale ? Le rapport s’intéresse également aux types de structures ayant répondu à l’enquête, à savoir les accueils de jour et les maraudes. Pour ces dernières, le document indique notamment que 87% d’entre elles sont d’intervention sociale et que 59% des équipes mobiles exercent une mission de distribution. Enfin, 31% déclarent avoir une spécialisation, telle que les femmes en situation de prostitution ou d’addiction.
- Pour les autres structures, l’étude note qu’une majorité accueille tous publics confondus (38%).
- D’autres sont, quant à elles, destinées soit à des hommes et femmes isolés (35%), soit à des femmes et enfants isolés (20%), soit à des femmes seules (7%).
- A noter également que certains établissements se concentrent sur des thématiques spécifiques, telles que la prise en charge des demandeurs d’asile pour 32% d’entre eux.
- Par ailleurs, il existe le cas spécifique de l’accueil mixte, qui concerne 73% des répondants.
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Pour terminer sur les spécificités des structures, le rapport soulève la problématique de l’accueil des familles. Parmi les 58% de celles assurant cette mission, 41% indiquent qu’elles ne disposent pas de locaux adaptés.
Structuration des dispositifs de veille sociale. Ces publics demandent une prise en charge adaptée et spécifique à leurs besoins. Néanmoins, le rapport constate que le niveau de formation des équipes reste peu satisfaisant, que ce soit pour celles ayant bénéficié d’une formation ou une sensibilisation à l’accompagnement des femmes en situation de précarité.
Compositions familiales. D’après les données enregistrées, 61% des publics rencontrés par les structures sont des femmes isolées. Celles-ci se décomposent en cinq catégories différentes, à savoir :
- Les femmes vieillissantes, régulièrement rencontrées (49%),
- Les femmes enceintes isolées,
- Les femmes issues de la communauté LGBTQIA+,
- Les femmes issues d’un parcours migratoire, fréquemment ou majoritairement rencontrées à hauteur de 72%,
- Les jeunes femmes.
Par ailleurs, plus de la moitié des répondants ont indiqué rencontrer des mineurs âgés de 0 à 3 ans (52%) et de 4 à 17 ans (55%). Des données en hausse pour 86% des structures, qui constatent une augmentation du nombre d’enfants à la rue de 29,3% entre 2020 et 2024.
Parcours des femmes sans-abri. Interrogés, les dispositifs de veille sociale dressent le constat alarmant que 91% des femmes rencontrées ont été victimes de violences. Il apparait qu’il s’agit majoritairement de violences au sein du couple ou de violences de rue.
- L’enquête observe aussi qu’une grande majorité des personnes rencontrées a vécu une rupture dans son parcours.
- A titre d’exemple, 67% des établissements ont indiqué que les femmes reçues ont vécu une sortie de l’outil « Accueil, hébergement, insertion » (AHI) sans solution.
- Une situation également constatée pour les sorties d’hôpitaux (pour 70% des structures) et les femmes ayant subi une sortie de maternité sans solution (pour 31% des répondants).
En outre, ces publics sont confrontés à des problématiques de santé importantes, qu’elles soient psychiques, somatiques ou encore gynécologiques.
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Un ensemble d’éléments alarmants, auquel s’ajoute celui de l’errance des femmes accompagnées. Pour les plus isolées, il faut compter en moyenne trois ans avant de se voir proposer une solution.
Faciliter la prise en charge. Le rapport indique que « le SIAO constitue le maillon central d’une bonne coopération partenariale entre les différentes structures de veille sociale. » Une collaboration qui semble effective, selon les résultats de l’enquête, qui révèlent que seulement 2% des répondants ont indiqué n’avoir aucun lien avec ce service d’accueil et d’orientation. Des liens ont également été tissés avec des dispositifs de droit commun (maraudes et accueils de jour partenaires) et du secteur médico-social.
Les préconisations de la FAS. Afin d’améliorer la prise en charge et l’aide des femmes sans-abris, la Fédération a élaboré sept recommandations :
- Défendre et respecter les droits fondamentaux, les principes de l’accueil inconditionnel et de la continuité, la dignité des conditions d’accueil et un accompagnement social adapté.
- Mettre en place une véritable programmation pluriannuelle « de la rue au logement. »
- Accroitre les moyens dédiés à la veille sociale.
- Assister les accueils de jour dans l’adaptation des espaces non-mixtes.
- Encourager les partenariats dans les secteurs médicaux, sociaux et médico-sociaux.
- Systématiser les formations continues et initiales des professionnels.
- Inciter à des réflexions sur le transfert de compétence à l’Etat de la responsabilité de l’hébergement des femmes enceintes et isolées avec un enfant de moins de trois ans.
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