Mieux connaître la répartition dans l’espace urbain des différentes catégories de population. Tel est l’objectif du nouvel outil de data-visualisation proposé par France Stratégie. Libre d’accès, il s’adresse principalement aux travailleurs sociaux, aux bailleurs sociaux, aux associations ainsi qu’aux municipalités.
Le site donne accès à l’évolution de la composition sociodémographique des différents quartiers des agglomérations de plus de 100 000 habitants de France métropolitaine de 1968 à 2017. Il est ainsi possible de visualiser chaque unité urbaine sur des cartes déclinant le niveau d’activité, l’origine migratoire ou encore les tranches d’âge de population sur des zones précises. Il permet également de comparer le niveau de ségrégation résidentielle (1) et de concentration des unités urbaines à différents moments.
« Il s’agit de données exhaustives. Cet instrument est conçu pour être facilement utilisé et doit permettre d’objectiver un certain nombre d’éléments », indique Gilles de Margerie, commissaire général de France Stratégie.
En parallèle, l’institution propose une analyse de la ségrégation résidentielle depuis le début des années 1990.
Une meilleure répartition du parc social
Il en ressort une tendance à l’homogénéisation de la répartition spatiale des logements sociaux sur les dernières décennies. La loi relative à la solidarité et au renouvellement urbains, dite « loi SRU », qui prévoit l’obligation pour certaines communes d’avoir au moins 25 % de logements locatifs sociaux, y a contribué. Mais pas seulement puisque cette évolution est observable avant sa promulgation, en décembre 2000.
« La part des logements sociaux qu’il faudrait "déplacer" d’un quartier à l’autre pour que leur part parmi les logements soit la même dans tous les quartiers de l’unité urbaine, ce que l’on nomme leur indice de ségrégation, est ainsi passée en moyenne de 61 % à 50 % entre 1990 et 2015 », précise France Stratégie.
Pas d’évolution pour les ménages modestes
Mais si historiquement les logements sociaux accueillaient la classe moyenne, ils sont aujourd'hui occupés par davantage de ménages modestes.
« De 2012 à 2018, l’indice de ségrégation des 20 % des ménages les moins aisés, tous types de logement confondus, est stable au sein des 55 unités urbaines étudiées. Cet indice se situe autour de 31 %, c'est-à-dire qu’il faudrait que 31 % de ces ménages modestes changent de quartier au sein de l’unité urbaine où ils vivent pour qu’ils représentent la même part des ménages au sein de chacun des quartiers », note France Stratégie.
Plusieurs explications sont retenues. En cause, « la hausse des prix de l’immobilier aurait pu aboutir à une augmentation de la ségrégation de ces ménages, dont l’ampleur aurait été compensée par la déségrégation de ceux qui habitent dans le parc social ».
Autres pistes retenues : la paupérisation des quartiers à forte présence de logements sociaux annulerait les effets liés à la diffusion du parc social. Une partie des quartiers où sont construits les nouveaux logements sociaux accueille majoritairement des ménages modestes, ce qui ne favorise pas la mixité sociale.
(1) La ségrégation résidentielle désigne l’inégale répartition dans l’espace urbain des différentes catégories de population. Elle peut résulter de choix individuels, motivés par la recherche d’un entre-soi, ou de phénomènes de relégation, liés notamment au prix des logements.