D'un côté, 3,1 millions de logements vides, soit 400 000 de plus en sept ans. De l'autre, 350 000 personnes sans domicile. Voilà le paradoxe accablant qu’a rappelé Bernard Devert, président et fondateur d’Habitat et humanisme, à l’occasion du 40e anniversaire de l’association, créée en 1985 à Lyon. « Même si en 40 ans, on a pu réduire un peu des situations de squat, réduire le nombre de tentes sur les trottoirs, de nouveau elles les jonchent. Le constat est difficile. Ce qu’on a fait, n’est pas une anecdote, mais reste dramatiquement insuffisant », s’indignait-il auprès de nos confrères du Progrès.
Pas de célébration, donc, mais une mobilisation renouvelée. Car en 40 ans, si le mouvement a logé des dizaines de milliers de personnes en détresse, le mal-logement reste l'un des défis du territoire.
Avec ses 58 associations locales, développant pensions de famille, résidences intergénérationnelles, Ehpad sociaux, mais aussi accompagnement vers l’emploi, l’alimentation ou la santé, Habitat et humanisme déploie de véritables passerelles vers l’autonomie, néanmoins encore insuffisantes pour couvrir les besoins des demandeurs. Alors que le coût des loyers explose, et que leur encadrement reste partiellement appliqué, l’association veut aller plus loin. « Il faut innover pour ne pas simplement colmater, mais construire autrement », insiste Bernard Devert.
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Réponse contre la vacance
Porté dans le débat public, le projet de loi « Foncière solidaire » entend rompre avec l’impuissance politique en proposant un dispositif innovant, concret et opérationnel : le démembrement de propriété.
Une solution technique, mais aux impacts bien réels. Le principe ? Un propriétaire confie l’usufruit de son bien pour 12 ans au minimum à une foncière solidaire, qui se charge des travaux, de la gestion locative et propose des loyers modérés. Au terme de l’opération, le bien revient au propriétaire, rénové, sans qu'il ait déboursé un euro.
Présent à l’Université de la ville de Demain le 14 juin 2025, Pascal Isoard-Thomas, directeur général de la fédération Habitat et humanisme, y a défendu un modèle « quatre fois gagnant » :
- Le propriétaire, déchargé des contraintes et exonéré de taxes ;
- Le locataire, qui accède à un logement de qualité à prix juste ;
- L’environnement, via des rénovations énergétiques ;
- La société, qui y trouve une réponse à la précarité des étudiants, des travailleurs pauvres et des familles monoparentales.
« La mobilisation de logements vacants est de longue date présentée comme une solution possible à la crise du logement, mais aucune solution opérationnelle ne semble émerger. Des biens vides face à des vies brisées... », dénonçait-il devant des personnalités comme Emanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat, ou Meka Brunel, présidente de la Fondation Palladio.
Habitat et humanisme mène un combat pour la mixité sociale. « Quarante ans, ce n’est pas un aboutissement, c’est un point d’étape », confie Bernard Devert. « Ce que nous construisons, ce ne sont pas que des logements. Ce sont des ponts vers la dignité. »
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