Menaces de plafonnement budgétaire, réduction des crédits alloués aux personnes étrangères, consignes préfectorales illégales, critères d’exclusion arbitraires, injonctions à faire sortir les personnes sans solution de repli, pressions sur les associations... La liste des dérives est longue. Au point que la FAS s'en alarme, déclarant dans une note adoptée à l’unanimité en conseil d'administration jeudi 22 mai 2025 : « Ces impasses pèsent sur les personnes, sur le secteur associatif, ainsi que sur les finances publiques. »
Un contexte préoccupant
Depuis plusieurs mois, de nombreux adhérents évoquent une pression accrue exercée par les services de l’État, avec des exigences de rotation rapide dans les structures d’hébergement, parfois sans solution de sortie adaptée pour les personnes concernées.
Loin de répondre aux besoins des personnes les plus vulnérables, ces pratiques fragilisent l’ensemble du secteur et vont à l’encontre de la logique du Logement d’abord et du travail social. Dans de trop nombreux territoires, des critères sont mis en place afin d’empêcher l’accès de personnes en situation de précarité à l’hébergement.
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Alors que les dispositifs d’hébergement atteignent leurs limites, que les nuitées hôtelières deviennent des solutions par défaut sans horizon durable, et que les publics les plus fragiles s’enfoncent dans la précarité, l’État accentue la pression sur les structures pour accélérer les sorties. Résultat : le principe d’inconditionnalité, pourtant inscrit dans la loi, vacille. « Le sans-abrisme constitue une atteinte à la dignité des personnes et à la tranquillité publique », s’insurge la fédération.
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Des principes non négociables
Principe fondamental, souvent ignoré dans les pratiques : l’inconditionnalité de l’hébergement. Lequel implique que « toute personne présente sur le territoire national doit être prise en charge, sans discrimination liée à sa situation administrative, son parcours ou sa supposée priorité », rappelle fermement la FAS. Un appel à l’État à respecter le cadre légal en vigueur et à « ne pas remettre sciemment à la rue » des personnes en grande précarité.
La fédération dénonce également la logique de court terme imposée aux structures : « des périodes limitées de séjour sans considération de la situation des personnes » et « un lien entre le respect de ces consignes et les conventions de financement ». Pour l'organisation, cette politique de « tri » fragilise le secteur associatif et compromet les parcours d’insertion.
La FAS appelle l’ensemble du réseau à se montrer vigilant, réactif et uni, pour faire respecter ces principes face à une politique publique marquée par un raidissement général : réduction des marges de manœuvre, tensions budgétaires, injonctions préfectorales variables, voire expérimentations de gestion autoritaire de l’hébergement.
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« Construire dans la durée »
Au-delà du constat, la fédération trace une voie : celle de la transformation structurelle. Elle appelle à « construire dans la durée la politique d’hébergement et de logement d’abord », en s’attaquant aux causes profondes : « dysfonctionnements de politiques publiques » (aide sociale à l’enfance, santé mentale, violences faites aux femmes), « panne de la construction de logements », et « blocages administratifs pour les étrangers ».
La FAS insiste sur la nécessité de « respecter et faciliter l’expertise des travailleurs sociaux et l’engagement des bénévoles », et se dit « disponible pour travailler dans ce cadre, nationalement et localement ». Le tout, dans une logique de coopération, non de coercition.
Forte de ses 900 associations et 2 800 structures membres, elle a prévu d'animer au niveau national et régional des espaces de veille et de partage, et n’hésitera pas à « saisir les juridictions compétentes » si les principes inhérents à l'hébergement d'urgence venaient à être violés.
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