Pour les professionnels de l’insertion par l’activité économique (IAE), les allers-retours sans fin que connaît le trajet parlementaire du projet de budget pour 2026 prend des allures de roller-coaster émotionnel. D’abord fixées à un niveau inférieur à celui de 2025 dans la première rédaction du projet de loi de finances, les enveloppes de l’IAE ont pu, au cours de l’examen devant l’Assemblée Nationale, être regonflées in extremis de 320 millions d’euros. Et ce grâce au passage de trois amendements portés par les principaux réseaux de l’insertion, avant d’être à nouveau ramenées à leur niveau de départ durant le passage du texte au Sénat.
Bref, c’est presque à partir de la copie initiale – qui prévoyait une dotation totale d’1,29 milliards pour l’IAE, soit 208 millions de moins qu’en 2025 – que repartent les parlementaires alors que le texte arrive dans sa dernière ligne droite.
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Le modèle de l'IAE fragilisé
Sauf que pour les associations représentantes de l’IAE, ces va-et-vient fragilisent le modèle de ce type d'insertion. « Si ces baisses inédites de budget sont adoptées, ce sont toutes les structures d’insertion par l’activité économique (SIAE) qui s’effondrent. L’idée que la transformation à la baisse du montant des aides par type de SIAE transformera la nature des structures sans les impacter est un mépris de la particularité de l’insertion : un accompagnement durable car au plus près de la réalité des situations des personnes », écrivent ainsi dix réseaux (Chantier Ecole, Coorace, Synesi, Réseau national des ressourceries et recycleries, Mouvement des régies de quartier, Fédération des acteurs de la solidarité, Mouvement associatif, Envie, ESS France, Emmaüs France et Tissons la Solidarité) et trois syndicats (Udes, Synesi et Synami-CFDT) dans une lettre ouverte aux parlementaires.
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60 000 parcours menacés
Concrètement, à moins de rétablir les trois amendements disparus (qui, respectivement, rallongeaient l’enveloppe de 244 millions pour financer les aides au poste, 35 millions pour le PIC-IAE destiné à la formation des salariés en insertion et 40 millions pour le Fonds départemental d’insertion), l’année 2026 risque d’être sanglante pour les associations.
En 2025, les précédentes coupes budgétaires avaient déjà rogné le nombre de parcours d’insertion financés de 20 000 (soit près d’un dixième du total). Celles prévues pour l’an prochain pourraient monter la casse à près de 60 000 sur l’ensemble du champ de l’insertion selon les calculs de la FAS.
« S’il faut tout bloquer pour se faire entendre, on bloquera tout », menaçait déjà David Horiot, président de Chantier Ecole en octobre 2025 lors de la présentation de la première mouture du PLF. Sans aller jusque là, les réseaux et syndicats impliqués ont prévu de marquer le coup ce 4 décembre, en descendant dans la rue avec une grande manifestation organisée place de l’Odéon, à Paris. En espérant que leur voix porte jusqu’au Palais du Luxembourg…
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