« Donner la mort peut-il être considéré comme un soin? » C’est le titre de l’avis publié le 16 février par plusieurs organisations de soignants, dont l’Association nationale des médecins coordonnateurs en Ehpad et en structures médico-sociales (MCOOR), qui s’inquiètent des dérives que pourrait engendrer une future possible loi sur l’euthanasie et le suicide assisté en France. Du calme! Depuis des années qu’on en parle, elle n’est pas encore écrite.
D’ailleurs, à peine les 184 membres – tirés au sort – de la convention citoyenne sur la fin de vie, mise en place par Emmanuel Macron, viennent-ils de se prononcer à 75 % en faveur d’une « aide active à mourir », que la Première ministre a laissé entendre que rien n’était tranché. On pense direct à l’arrière-goût laissé par la convention citoyenne pour le climat dont les préconisations n’ont pas été suivies par le gouvernement.
A quoi bon faire comme ci si on fait comme ça ? Certes le dossier est sensible. Et les positions des uns et des autres sont susceptibles d’évoluer. Une personne peut exprimer son refus d’un acharnement thérapeutique lorsqu’elle est en bonne santé, par exemple, et en décider autrement lorsqu’elle est confrontée à la finitude. Pour autant, le débat semble légèrement pipé…
Il ne s’agit pas de « donner la mort », comme le stipule l’intitulé orienté du MCOOR, mais de la penser, de la préparer et de l’accompagner si telle est la volonté du patient. Le pouvoir médical a des limites, les convictions morales et religieuses aussi. Quant à l’éthique, elle a bon dos. Quand un résident d’Ehpad réitère à maintes reprises son désir d’en finir, c’est souvent que les conditions de sa prise en charge sont indignes, faute de ressources humaines. Les services de soins palliatifs pourraient faire le job, comme le suggère le Comité consultatif national d’éthique, mais ils manquent cruellement de moyens.
Il y a des sujets comme ça où l’hypocrisie règne. Depuis 2016, la loi Clayes-Leonetti autorise les médecins à mettre en œuvre une « sédation profonde et continue jusqu’au décès ». À ce jour, ce texte reste très peu appliqué. En Belgique, au Luxembourg, aux Pays-Bas, l’injection d’un produit létal est dépénalisée depuis 2002. Contrairement à l’argument parfois avancé, en plus de vingt ans, les demandes d’euthanasie sont restées stables. Dont acte.