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Livre : travailleurs de l’ombre en ESAT

Le journaliste Thibault Petit a mené une enquête pendant six ans dans des ESAT partout en France. Il en publie les résultats dans un livre édifiant : "Handicap à vendre" (Ed. Les Arènes).

« Resteriez-vous sept heures à trier des vis ? Eux oui ! » Reprenant une publicité pour des Esat (établissements et services d’aide par le travail), le bandeau du livre donne le ton. Pendant six ans, le journaliste Thibault Petit a enquêté dans ces structures auprès des personnes en situation de handicap, leurs familles, les dirigeants. En France, 120 000 personnes malvoyantes, bipolaires, déficientes intellectuelles… travaillent dans ces dispositifs subventionnés à 70 % par l’Etat. Manutentionnaires, soudeurs, jardiniers, agents d’entretien…

L’auteur a voulu saisir le parcours de ces « usagers des structures médico-sociales », comme on les appelle, en oubliant qu’ils sont salariés moyennant 700 € net par mois. « J’ai découvert un monde éloigné des tableaux idéaux qu’on nous présente : un univers de sigles, de maladies graves, de parcours brisés, de non-dits, de cris étouffés, de brimades, de lourdeurs administratives, de mal-être et d’intérêts mercantiles », explique-t-il. A l’Esat Les Gardons, à Salindres (Gard), le rendement est élevé : les usagers lavent jusqu’à 100 plaques par jour. Le directeur adjoint, un ancien de la grande distribution, sait que certains souffrent, mais, peu importe le milieu protégé, il faut répondre aux commandes.

Il y a des « résultats à atteindre », dit-il. Les temps ont changé : créés en 1950, les anciens centres d’aide par le travail (CAT) doivent aujourd’hui montrer qu’ils sont aussi performants que n’importe quelle entreprise, quitte à sacrifier un peu – beaucoup – de leur vocation sociale. Le public aussi a évolué : dans certains établissements, jusqu’à 40 % des usagers peuvent venir du milieu ordinaire. En cause, la dégradation des conditions de travail, qui épuise ou réactive une fragilité. « On a davantage de handicapés psychosociaux qu’avant », pointe une médecin coordinatrice. Des professionnels qualifiés dont les Esat ont aussi besoin pour être compétitifs. Emilien, lui, a démissionné, dégoûté : « On te demande de travailler comme un pro en restant à ta place de petit handicapé. »

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