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Guyane : un droit à l’éducation marqué par des inégalités profondes

Ecole primaire Fleuve Maroni Guyane éducation

École primaire du village amérindien de Twenke, près du fleuve Maroni en Guyane. 

Crédit photo Jody Amiet / AFP
Dans une étude publiée le 8 juillet, des chercheurs guyanais et parisiens, avec le soutien d'Unicef France et du défenseur des droits, brossent un panorama préoccupant sur l’effectivité du droit à l’éducation en Guyane, qui, dans certaines zones isolées, est régulièrement bafoué.
 

Nouveau coup dur pour la Guyane dont les difficultés d’accès aux droits et aux services publics avaient déjà été pointées en mars 2017 par le défenseur des droits. Cette fois, le département ultramarin français doit faire face à une autre réalité : celle de la persistance des inégalités socio-territoriales affectant le droit à l’éducation de certaines catégories d’enfants et de jeunes.

La publication des résultats de l’étude « Guyane : les défis du droit à l’éducation », le 8 juillet dernier, dans laquelle une équipe de quatre chercheurs dresse un état des lieux peu reluisant du système éducatif de l’une des plus petites académies de France, a suscité la controverse. En s’appuyant sur des enquêtes terrains menées entre septembre 2019 et avril 2021, avec le concours d’Unicef France et du défenseur des droits, cette recherche met en effet en évidence une série d’obstacles d’ordre géographique, démographique, économique, culturel et linguistique qui entravent l’accès et la qualité de l’éducation sur ce territoire. 

Pas d’accès à l’école garanti

Premier obstacle de taille : l’insuffisance du maillage en infrastructures scolaires. Les auteurs estiment ainsi que, malgré des efforts de rattrapage, le programme de construction qui doit s’étendre jusqu’en 2030 et permettre la création de 44 nouveaux établissements, accuse un retard de dix ans. Une situation qui entraîne, sur le littoral, une difficulté à absorber un public scolaire de plus en plus nombreux.

Conséquence ? Dans certains établissements, les taux de remplissage frisent parfois les 140 % à 150 %. Dans les territoires isolés sur les « fleuves-frontières », en revanche, le manque d’infrastructures scolaires représente l’un des facteurs déterminants d’absentéisme et de décrochage. En cause, l’inadéquation des transports scolaires dont l’accessibilité et le financement constituent un frein majeur pour les familles concernées. Entre autres solutions, des mesures telles que la gratuité et l’amélioration des conditions de transport scolaire fluvial, la création d’un nombre de places suffisant pour garantir le déplacement de tous les élèves, le développement des places d’internat... amélioreraient, selon les auteurs de l’étude, l’accès scolaire et réduiraient les distances familles-structures scolaires. 

Miser sur l’après-3e  

A l’éloignement s’ajoutent toutefois de multiples autres facteurs venant amoindrir la qualité scolaire et éducative dans cette académie. Parmi eux, l’absence de cantine scolaire dans un grand nombre d’institutions, affectant la disponibilité des élèves pour les apprentissages. Un enjeu auquel l’académie doit répondre en proposant une restauration sur l’ensemble de son territoire. Côté enseignants, le manque structurel de titulaires et l’instabilité chronique des équipes éducatives dans certains sites isolés compliquent également la construction d’un travail pédagogique pérenne. Sans compter la faible prise en compte du contexte plurilingue des élèves dont 70 % d’entre eux n’ont pas le français pour langue maternelle (1). Des fragilités qui s’accentuent à mesure que l’enfant grandit. Ainsi, passé 15 ans, entre le manque de moyens dédiés aux métiers de l’orientation, de places en filières adaptées aux réalités scolaires et aux aspirations des collégiens ou encore l’absence d’implication des familles, la déscolarisation atteint des records, avec près de 15 % des 16-18 ans qui ne sont pas scolarisés (contre 5 % en moyenne nationale). Outre le développement d’une politique jeunesse encourageant l’implication de tous les secteurs, notamment éducatif, social et sanitaire, des dispositifs de type « salons des métiers », visant à promouvoir les métiers de l’enseignement, ou « missions-fleuve », dont l’ambition est de faire découvrir aux professeurs stagiaires les sites éducatifs les moins accessibles de Guyane pour susciter des vocations, pourraient pourtant contribuer à renforcer la qualité de l’éducation dans le département.

Un soutien à travers « les pirogues du Rectorat » pourrait aussi être proposé aux équipes éducatives des communes isolées qui rencontrent des problèmes logistiques, administratifs et financiers. Enfin, en réponse au manque d’implication des familles, les auteurs proposent de pérenniser des postes de « médiateurs », en s’appuyant notamment sur la « pair-aidance ». Des mesures, en apparence simples, mais dont la mise en œuvre va devenir urgente si l’académie guyanaise veut pouvoir redorer son blason.


(1) Cour des comptes - « Le système éducatif dans les académies ultramarines » - Décembre 2020, p. 6.

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