La France compte 943 établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) rattachés à un hôpital public. Dans ces structures, le ratio d’encadrement est très largement supérieur à la moyenne (près de 20 % d’ETP supplémentaires). Le prix de journée y est plus faible que dans les Ehpad non rattachés au secteur hospitalier : 55 € en moyenne, contre 56,5 € pour les Ehpad publics autonomes, 61 € dans le privé non lucratif et 85 € pour le privé lucratif.
En revanche, le bâti de ces établissements est extrêmement démodé. Ainsi, encore 30 % des chambres sont doubles, contre 10 % en moyenne dans l’ensemble des Ehpad. L’âge moyen de ces bâtiments est de quatre ans plus élevé que la moyenne nationale. Pour beaucoup d’entre eux, les derniers travaux datent de plus de vingt ans. Par conséquent, ce sont bien souvent des passoires énergétiques.
Des Ehpad « indispensables »
« La situation de ces établissements est problématique, alors même qu’ils sont indispensables à la prise en charge des personnes âgées, résume Stéphane Pardoux, directeur générale de l’Anap. Il est donc nécessaire de regarder objectivement comment améliorer leur situation. » C’est tout l’enjeu de la mission qui a été confiée à cette agence publique en mars dernier par le cabinet de Brigitte Bourguignon, à l’époque ministre déléguée chargée de l’autonomie. Si les résultats de cette enquête, effectuée sous la supervision de la CNSA et de la DGCS, ne seront connus qu’à l’automne, Stéphane Pardoux en a présenté les grandes tendances ce mercredi 14 septembre, à l'occasion des Assises nationales des Ehpad, à Paris.
« Le premier diagnostic est qu’il n’y a pas de corrélation entre la situation foncière des Ehpad publics hospitaliers et la situation financière des établissements auxquels ils sont rattachés, assure-t-il. Autrement dit, il y a autant d’établissements sanitaires en déficit qui ont un Ehpad en très bonne situation patrimoniale que de structures en mauvaise situation financière avec un Ehpad en très mauvais état. Le sujet n’est donc pas uniquement financier. »
Une réflexion sur le prix de journée
« Le second constat est qu’il existe une incompréhension entre les financeurs et les directeurs. Ces derniers ont l’impression de ne jamais être prioritaires, de ne pas avoir de liens privilégiés, alors que les autorités indiquent avoir des difficultés à trouver le bon interlocuteur », renseigne encore Stéphane Pardoux.
C’est pourquoi, parmi les premières pistes d’amélioration, l’Anap préconise une certaine autonomisation, par le biais d’une individualisation des budgets. « L’idée est de pouvoir différencier les investissements de l’Ehpad et de l’hôpital. Cela permettrait de rendre le budget de cette structure plus lisible, plus transparent. »
L’agence ne s’interdit pas non plus d’agir sur les prix de journée – « il convient de réfléchir à un autre modèle » – et s’interroge aussi sur la possibilité de regrouper davantage ces établissements dans une même entité. « La logique de groupe fait souvent la force des structures associatives, estime Stéphane Pardoux. Cela permet de mutualiser les compétences, de disposer de ressources supplémentaires. Nous sommes persuadés que la coopération est une réponse à certaines difficultés de fonctionnement de ces structures ».