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Un rapport international sur les faces cachées de la pauvreté

"Lutter efficacement contre la pauvreté, c’est d’abord la comprendre", estime ATD quart monde, qui a participé à une enquête menée sur le sujet dans six pays, publiée ce 10 mai, et qui montre que la pauvreté a plusieurs visages, liés entre eux.

La pauvreté ne se caractérise pas uniquement par un manque de revenus, elle est  multidimensionnelle. Mais comment ces différentes facettes interagissent-elles ? Une étude internationale, rendue publique le 10 mai par ATD quart monde et menée avec l’université d’Oxford, lève le voile. Intitulée "Les dimensions cachées de la pauvreté", la recherche a impliqué des équipes françaises, américaines, britanniques, boliviennes, tanzaniennes et bangladaises. Son originalité est d’avoir croisé les savoirs et les pratiques en faisant collaborer ensemble des chercheurs, des professionnels et des personnes en situation de pauvreté dans chacun de ces pays.

Cette coopération a permis de distinguer trois thématiques interdépendantes :

1/ La dépossession du pouvoir d’agir, ou "disempowerment", qui se caractérise par l‘impossibilité de contrôler sa vie, l’absence de choix et le fait de dépendre des autres. Une dépendance forcée (par exemple, aux minimas sociaux), au point de toujours dire "oui" de peur de tout perdre, et une demande d’aide pouvant engendrer une perte de dignité... "Souvent, elles n’ont pas leur mot à dire dans les décisions prises à leur place par des personnes qui ont autorité sur elles", pointe le rapport. Ce que, au Royaume-Uni, une personne démunie résume ainsi : "La pauvreté, c’est comme une toile qui t’englue dont tu ne peux jamais t’échapper."  Elle empêche tout simplement de se projeter.

Alimentation et habitat de mauvaise qualité, manque de prévention, retard dans l’accès aux soins… La pauvreté a une incidence sur la santé physique et mentale. Non seulement elle entraîne plus d’obésité, de maladies chroniques, d’addictions à l’alcool ou au tabac, de décès prématuré,s mais elle est pourvoyeuse de stress, de peur face aux incertitudes, de honte face au regard des autres. "C’est un fardeau sur les épaules, c’est compliqué d’assumer toutes les difficultés, les reproches de la société et de ceux qui vous entourent", souligne un professionnel. Pour survivre, les pauvres se battent en permanence, mais leur combat est invisible pour le reste de la société.

2/ Les dynamiques relationnelles qui recoupent aussi bien la maltraitance institutionnelle que sociale. Certes, le rapport aux institutions dépend des pays concernés. Mais, globalement, les personnes en situation de pauvreté se sentent jugées, dominées, humiliées parfois, et pas toujours reconnues dans leurs droits. "Les gens n’osent plus aller à la mairie tellement ils y ont été mal reçus", constate un professionnel français. Les pauvres ont également le sentiment d’être ignorés, inaudibles, exclus du reste de la population. Un phénomène de stigmatisation qui "mène à l’incapacité de reconnaître ce que les personnes en situation de pauvreté peuvent apporter à la société", affirme les chercheurs. D’autant que leurs compétences sont rarement recherchées et valorisées. Pourtant, leur expérience de la pauvreté leur a fait acquérir de nombreuses capacités, ne serait-ce qu’apprendre à se débrouiller, à résister, à s’adapter. Exemple : « Moi, quand j’ai des vieux habits, j’en refais d’autres dedans. Je me débrouille comme cela ». Faute de pouvoir inviter sa famille, ses voisins, la pauvreté isole aussi.

3/ Les privations, qui passent par l’absence de travail décent et à long terme, maintenant les personnes dans la précarité à plusieurs niveaux (logement, non-accès aux études supérieures et aux loisirs, obligation d’emprunter de l’argent au risque de ne pas pouvoir rembourser ses dettes, etc.). L’inquiétude face à l’argent est majeure : elle ronge, culpabilise, décourage…  "On n’est pas en mesure de payer le loyer et les charges", souligne un Français. Difficile, dans ces conditions, de subvenir aux besoins quotidiens de sa famille et aux demandes des enfants, comme l’explique cet Américain : "Il vous faut choisir ce pourquoi il est le plus important de donner de l’argent : la maison, l’électricité et l’eau viennent d’abord ; les autres choses matérielles en second." C’est encore pire dans les pays du Sud : "En tant que femmes qui vendent du poisson au marché, nous avons de la difficulté à garder nos clients masculins. Certains exigent des rapports sexuels. Quand vous refusez, vous finissez par les perdre", déclare une Tanzanienne.

Le rapport de la recherche est disponible en cliquant ici.

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