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Addictions : maintenir l'accompagnement à tout prix

Seringue

Seringue

Crédit photo DR
Les consignes de confinement confrontent les personnes en situation d’addiction à des problématiques d’approvisionnement en substances et de moindre accès au matériel de réduction des risques. Les structures médico-sociales spécialisées tentent, comme l'exige le ministère des Solidarités et de la Santé, d’assurer une continuité de service.

Qu’il s’agisse de personnes dépendantes confinées, ou en situation de précarité avec des usages à risques, ou non dépendantes mais pouvant s’y exposer pour calmer leur angoisse, la crise sanitaire implique une vigilance redoublée concernant les addictions. Car l’arrêt de l’approvisionnement contraint parfois au sevrage brutal. Pas évident pour « les jeunes adolescents addicts au cannabis : des familles se retrouvent en difficulté », indique Nathalie Latour, déléguée générale de la Fédération Addiction. La responsable mentionne aussi les appels de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) à propos de « foyers faisant face à des fuites de jeunes cherchant à s’approvisionner ». Le milieu carcéral est aussi concerné. Autant de situations explosives, pour les institutions comme pour les personnes, qu’il s’agit de prévenir.

« Le pire pour une personne dépendante, c’est d’être en insécurité par rapport à sa capacité d’acquérir sa consommation », affirme Nathalie Latour. Le ministère des Solidarités et de la Santé a autorisé la délivrance de traitements de substitution pour 28 jours au lieu de 14. Surtout, il est demandé aux Csapa (centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie), Caarud (centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues), aux consultations jeunes consommateurs et centres thérapeutiques résidentiels d’assurer une continuité de service. Pour autant, ces établissements ne figurent pas dans la liste de ceux pouvant prétendre au matériel de protection et à la garde d’enfants. « Quand on sait que nos publics sont très à risque par rapport au Covid-19… », s’insurge Nathalie Latour.

« Les personnes se sentent lâchées de toute part »

Sur le terrain, les structures s’adaptent comme elles peuvent. Tempo-Oppelia, dans la Drôme, garde ouverts son Caarud et son Csapa grâce aux professionnels volontaires. Les plages horaires sont réduites et les services collectifs interrompus. « Nous nous limitons aux rendez-vous individuels avec le médecin, l’infirmière, l’éducatrice ou le psychologue », précise le directeur Eric Pleignet. Il a fallu reconfigurer les locaux : « La salle de consultation a été déplacée dans notre patio, et les espaces communs comme la salle d’attente n’existent plus. »

Pour limiter les déplacements, les champs d’intervention se restreignent. Animateur d’action au Caarud de l’association Aides à la Roche-sur-Yon (Vendée), le seul du département, Vincent Baudouin raconte : « D’habitude, on fait beaucoup d’allers-retours d'une ville à l'autre ; désormais, nous nous concentrons sur le local. » Les usagers peuvent venir y chercher du matériel d’injection ou d’inhalation pour la réduction des risques. Une distribution façon « drive », en-dehors du local. Le Caarud propose aussi de livrer des colis sur le pas de la porte. « Les gens vont consommer de toute façon, donc il faut les accompagner », défend Vincent Baudouin. Une permanence téléphonique est assurée : « Les personnes sont isolées et se sentent lâchées de toute part », souligne le travailleur social.

Des situations qui sortent de l’invisibilité

Le soutien aux équipes non spécialisées devient central : les centres d’hébergement, comme les centres dits de « desserrement » pour sans-abri malades, doivent gérer le sevrage forcé. « Des situations complexes, jusqu’à présents invisibles, sont en train de remonter », alerte Nathalie Latour. De nouveaux usagers apparaissent. « Aujourd’hui nous en avons rencontré trois nouveaux », témoigne Vincent Baudouin. Du côté de Tempo-Oppelia, l’équipe est de plus en plus sollicitée par des patients inconnus pour des traitements psychiatriques ou somatiques. Le médecin tente de les orienter vers d’autres structures, « mais il est difficile d’avoir une cartographie au jour le jour de qui est en capacité de faire quoi », soulève Eric Pleignet.

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