La loi du 5 mars 2007 les a créés, et désormais 93 observatoires départementaux de la protection de l’enfance (ODPE) sont recensés en France. Dans une note biannuelle publiée en novembre 2025, l’Observatoire national de la protection de l’enfance (ONPE) fait un état des lieux de leur mise en place.
Augmentation des ODPE et disparités territoriales. Depuis 2009, leur développement ne cesse de croître. Avec un pic en 2016, avec près de 68 sites officiellement implantés sur l’ensemble du territoire. Néanmoins, les données fournies ne montrent pas les disparités entre les départements. Cette information se vérifie notamment par rapport au nombre de personnes rattachées à chaque ODPE. L’écart varie ainsi entre 0 et 7 équivalents temps plein (ETP) affectés à l’animation des observatoires.
- En termes de rattachement hiérarchique, sur l’ensemble des sites comptabilisés, 78 % de ces personnels indiquent être rattachés à la direction enfance-famille (DEF), et 8 % à la direction générale ou générale adjointe.
- En outre, 13 % des ODPE déclarent être rattachés à d’autres instances ou services de l’aide sociale à l’enfance (ASE).
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Difficultés hiérarchiques. En ce qui concerne l’ancienneté des DEF, le document indique majoritairement une prise de poste inférieure à deux ans, avec une vacation de poste de seulement 8 %. Toutefois, les répondants ont tenu à accentuer des complications liées à leur entrée en fonction. Ils invoquent notamment une insuffisance ou une absence de transmission d’information.
- A ce titre, seuls 25 % indiquent faire partie d’un réseau régional.
- Une situation qui peut venir fragiliser le travail d’observation mené sur le territoire.
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Situation des personnels chargés de l’animation. Pour un quart des observatoires installés, personne n’est affecté exclusivement à cette fonction. Ce qui signifie que des référents ODPE exercent d’autres missions, en complément de l’animation. Ainsi, pour que celles-ci soient menées à bien, 70 % des référents indiquent faire appel, en raison du manque de moyens humains, à des forces extérieures telles que des professionnels :
- de l’ASE,
- de la cellule de recueil des informations préoccupantes (Crip),
- de la protection maternelle et infantile (PMI),
- des services informatiques du département.
Composition des ODPE. Selon les informations recueillies, la justice y participe activement (dans 97 % des ODPE pour la magistrature, et à 95 % pour la protection judiciaire de la jeunesse). Tout comme les services de police (68 %) et de gendarmerie (85 %).
- Le secteur sanitaire est également très présent, notamment les maisons départementales des personnes handicapées (MDPH) dans 90 % des ODPE, et les agences régionales de santé (91 %).
- Une forte représentation de l’Education nationale est aussi notable (97 %), tout comme celle des préfets (présents dans la moitié des instances en 2016, ils y siègent désormais à 83 %).
- Une évolution tout aussi visible pour l’ASE, qui investit les ODPE à 95 % (contre 44 % en 2016).
- En revanche, les centres médico-psycho-pédagogiques (CMPP) ne sont présents que dans 32 % des ODPE, tout comme les établissements et associations du secteur du handicap (38 %).
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Fonctionnement des ODPE. Comme rappelé dans la note de l’ONPE, les observatoires départementaux occupent une fonction centrale dans le pilotage de politiques en protection de l’enfance. Ils se divisent ainsi en trois niveaux : stratégique, décisionnel et opérationnel. Malgré cela, l’arsenal législatif français ne donne aucune information quant à son pilotage et son animation.
En outre, en matière de partenariats, plusieurs responsables d’observatoires « pointent un décalage entre les textes règlementaires auxquels leurs partenaires semblent adhérer et leur présence effective au sein d’instances de travail (journée ODPE, groupe de travail, etc.) ».
Les cinq missions des ODPE. Ces dernières sont définies par le code de l’action sociale et des familles. Dans son enquête, l’ONPE s’est interrogée sur la façon dont les professionnels les hiérarchisent dans le travail quotidien des observatoires :
- Recueillir, examiner et analyser les données chiffrées : cette tâche est jugée primordiale pour 68 % des ODPE, qui considèrent que cela permet d’objectiver la situation de la protection de l’enfance.
- Suivre la mise en œuvre du schéma départemental : 38 % des observatoires indiquent être impliqués à différentes échelles, la majorité participant notamment à l’élaboration et à l’évaluation des objectifs du schéma départemental.
- Formuler des propositions et avis sur la mise en œuvre de la politique de protection de l’enfance : jugée prioritaire par 47 % des ODPE répondants, cette mission se concrétise par la volonté d’ouvrir le débat sur les possibles axes d’amélioration et de coconstruire des politiques en coopération avec leurs partenaires.
- Être informé de toute évaluation des établissements médico-sociaux : peu mise en œuvre dans les ODPE (13 %), cette tâche a vocation à évaluer la capacité de la structure ou du service à respecter les droits des personnes accompagnées.
- Réaliser un bilan des formations continues : tout comme la mission précédente, celle-ci est peu investie par les ODPE.
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Attentes et besoins de formations. Interrogés sur leurs volontés en la matière, les ODPE ont ainsi indiqué leur volonté d’être formés sur :
- l’analyse, le traitement et la valorisation des données chiffrées,
- la gestion de projet et l’animation de réseaux d’acteurs de la protection de l’enfance,
- la participation des publics,
- l’accompagnement et la posture professionnelle.
Activités des ODPE. Outre les conférences et leur participation à des activités de recherche, les observatoires sont très actifs pour mettre en musique des dispositifs de participation collective des enfants protégés. Cela se traduit notamment par l’implication des enfants à la créations d’espaces baptisés « conseils de jeunes », à des travaux ponctuels ou encore à des recherches-actions ou des études menées par des chercheurs. Ils sont ainsi invités à témoigner de leur quotidien et de leur ressenti sur l’aide sociale à l’enfance.
En conclusion, l’ONPE indique que, dans un cadre en constante évolution, il entend continuer à « garantir la cohérence et la lisibilité du réseau des ODPE, au service d’une meilleure compréhension des besoins des enfants et des familles ».
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