Les immigrés vivant sur le territoire français font-ils beaucoup de bébés ? Participent-ils ainsi à faire de notre pays le champion du taux de fécondité en Europe ? Pas sûr. En effet, contrairement à une idée assez fortement répandue, une étude de l’Ined, publiée le 10 juin dans « Population & Société », montre que l’apport des étrangers au taux de fécondité de la France est de + 0,1 enfant par femme.
Avec en moyenne 1,9 enfant par femme en 2017, les Français ont le taux de fécondité le plus important de l’Union Européenne dont la moyenne se situe à 1,6. La même année, 19% des enfants avaient une mère immigrée contre 16% en 2009. « La contribution des immigrées à la natalité de la France progresse donc et mérite d’être soulignée », pointe Sabrina Volant, Gilles Pison et Français Héran, les auteurs de l’étude. Alors que les natives ont eu 1,8 enfant en 2017, les immigrées ont eu 2,6, soit un écart de 0,8.
Pour autant, l’immigration participe peu aux taux de fécondité. Car ce n’est pas le prorata des naissances qui comptent le plus dans le calcul mais le nombre de femmes en âge de procréer et leur propension à en avoir. « Pour que les immigrées contribuent fortement aux taux de fécondité et pas seulement aux naissances, il faut à la fois qu’elles représentent une fraction importante des mères et que leur fécondité soit très supérieure à la moyenne », affirme l’étude. Or, les immigrées représentent seulement 12% des femmes en âge d’avoir des enfants.
En 2009, les immigrées relevaient le taux de fécondité de la France de 5% contre 6% aujourd’hui. Celles qui font le plus d’enfants sont originaires du Maghreb (3,5 enfants) suivies des femmes d’Afrique subsaharienne et de Turquie (3 enfants). Les mères européennes et venant d’autres pays du monde (Asie, etc.) se limitent plutôt à deux enfants. Dans la moitié des pays européens, les immigrées participent légèrement à l’augmentation du taux de fécondité national mais dans certains pays comme le Danemark, l’Islande ou les Pays-Bas elles le diminuent ou n’ont aucun effet.