"Aujourd'hui, un habitant des quartiers prioritaires de la politique de la ville a trois fois moins de chances qu'un autre de trouver un emploi, a déploré la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, lors du lancement officiel des emplois francs, mardi 17 avril à Clichy-sous-bois (Seine-Saint-Denis). Les emplois francs vont permettre d'inverser cette fatalité."
Promis par Emmanuel Macron lors de sa campagne, les emplois francs consistent en une prime d’un montant de 15 000 euros étalée sur 3 ans pour un CDI ou 5 000 euros sur deux ans pour un CDD de plus de six mois, versée à tout employeur (hors particulier ou employeur public) embauchant une personne résidant dans un quartier prioritaire.
L’expérimentation débutée le 1e avril 2018 dans 194 quartiers prioritaires de sept territoires dont la Seine-Saint-Denis, Cergy-Pontoise, les métropoles de Lille, ou encore Angers, devrait être généralisée à toute l’Hexagone en 2020.
280 contrats auraient déjà été signés ou sont en cours de signature selon les chiffres du ministère de la Cohésion des territoires, dont une centaine en Île-de-France. L’exécutif vise 12 000 à 15 000 contrats signés cette année.
Déjà expérimentés en 2013 sous le quinquennat Hollande, les emplois francs avaient été abandonnés face à leur trop faible portée : moins de 300 contrats avaient été signés en 18 mois. "Nous avons tiré les leçons de l'échec de la formule mise en place sous le précédent quinquennat", a assuré Muriel Pénicaud. De fait, les emplois francs ne sont plus limités aux salariés de moins de trente ans et n'importe quelle association ou entreprise peut y recourir, même si son siège n'est pas situé dans les quartiers ciblés.
Une "mesure gadget" a estimé pour sa part Stéphane Troussel, président PS du département de la Seine-Saint-Denis, qui réclame un "investissement massif et prolongé" pour les quartiers.