Depuis 2015, l’Observatoire national de la politique de la ville (ONPV) tente de « dresser un panorama global » de la situation dans les quartiers prioritaires. Sa dernière édition, consacrée au « bien-vivre » des habitants, met en lumière un cadre de vie « dégradé ».
Ainsi, 36 % des résidents rapportent que les parties communes ou les équipements à l’intérieur de leur immeuble sont en mauvais état (1) (ascenseurs mal entretenus, boîtes aux lettres endommagées, tags…). Ce chiffre descend à 16 % lorsqu’on interroge les habitants des quartiers environnants.
Un sentiment d'insécurité
Préoccupés par le bruit, la délinquance, l’environnement sale ou mal entretenu, les habitants des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sont 42 % à ne pas trouver leur lieu de vie sûr, et seuls 24 % le jugent « tout à fait agréable à vivre » (contre 58 % dans les autres unités urbaines).
Toutefois, ces habitants bénéficient d’une meilleure accessibilité aux services et équipements du quotidien (santé, sport, culture, commerces alimentaires non spécialisés, boulangeries, guichets de La Poste et points d’accueil du défenseur des droits), pointe l’ONPV. Mais cette facilité d’accès reste à nuancer, puisque les équipements sportifs et les pharmacies sont, par exemple, davantage à leur portée que les équipements culturels.
Renoncements aux soins de santé
La proximité des équipements « constitue un facteur clé rendant possible leur accès effectif », soulignent par ailleurs les auteurs de l’Observatoire, illustrant leurs propos par le renoncement aux soins de santé. Si ces renoncements relèvent dans moins de 5 % des cas de l’éloignement géographique (alors que 40 % du temps l’obstacle est lié à un coût financier trop important), « le renoncement pour éloignement est néanmoins plus important en QPV que hors QPV (3 %) ». Un chiffre qui peut s’expliquer, entre autres, par le plus faible niveau de mobilité des résidents des quartiers prioritaires.
Des discriminations plus fréquentes
Autre point mis en avant par l’Observatoire : les discriminations subies par les résidents des QPV. Celles-ci sont plus fréquentes qu’ailleurs, particulièrement lorsqu’il s’agit d’une recherche de logement ou d’une demande administrative. L’origine réelle ou supposée de la victime est mentionnée comme critère du dernier comportement discriminant par 52 % des habitants des quartiers prioritaires (contre 27 % dans les unités urbaines environnantes). De la même manière, 33 % rapportent avoir été discriminés en raison de leur couleur de peau et 16 % à cause de leur religion (contre respectivement 18 % et 8 %).
Enfin, les résidents des quartiers prioritaires se disent davantage exposés aux risques de chômage et aux conditions de travail précaires. Près d’un quart (23 %) des actifs occupent ainsi un contrat à durée déterminée (CDD) ou assurent une mission d’intérim, alors qu’ils sont 12 % dans les autres quartiers. Les difficultés rencontrées par les femmes sont d’autant plus marquées, puisque plus de la moitié d’entre elles sont aujourd’hui en dehors du marché du travail.
(1) Source : enquête « Cadre de vie et sécurité 2018 », Insee, ONDRP, SSMSI.