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Christophe Devys : « Profiter de l’occasion pour repenser notre modèle de protection sociale »

Christophe Devys

Christophe Devys, le président du collectif Alerte.

Crédit photo Crédit Michel Le Moine
Le collectif Alerte regroupe de grandes associations et fédérations de lutte contre la pauvreté (Secours catholique, ATD quart monde, Emmaüs France…) . Il adresse une lettre ouverte au Premier ministre pour demander un plan de relance sociale. Christophe Devys, son président, affirme que l’urgence sanitaire passée, il conviendra de mettre en place une « opération coup de poing » pour éviter un trop grand accroissement des inégalités.

 

Actualités sociales hebdomadaires : Vous réclamez un plan de relance sociale. Quelles doivent en être les principales mesures ?

Christophe Devys : Il est nécessaire parce que la situation des personnes victimes de pauvreté s’est dégradée pendant la crise sanitaire. En matière de logement, de revenus, d’accès au numérique, dans tous ces domaines, nous observons une exacerbation des inégalités. Et ce bien que le gouvernement ait, utilement, prolongé les droits de ceux qui perçoivent des minima sociaux (allocation aux adultes handicapés, revenu de solidarité active…) sans qu’il soit nécessaire de remplir une déclaration. Simplement parce que si les revenus de ces personnes sont restés stables, certaines factures, elles, ont augmenté, comme les coûts de l’alimentation puisque, par exemple, il faut nourrir les enfants qui ne prennent plus de repas à la cantine. Certaines personnes ont par ailleurs vu leurs ressources baisser, celles qui survivent avec des petits boulots, celles qui se retrouvent au chômage technique, les intérimaires… Tout ceci peut conduire à un basculement dans la pauvreté ou à un enfermement dans cette situation. Donc, pour toutes ces personnes, il faut mettre au point un plan de bataille pour les cinq mois à venir. Une opération coup de poing.

Comment cette opération « coup de poing » devrait-elle s’organiser ?

C. D. : Elle comprendrait un volet monétaire, avec une prime de solidarité de 250 € par personne et par mois jusqu’à la reprise de l’activité. Cela permettrait de gérer d’éventuels retards de paiement et de relancer la consommation. Au-delà, nous demandons la continuité des droits : pendant un temps, ne pas demander par exemple aux bénéficiaires du RSA de remplir les déclarations pour conserver leur allocation. En effet, comment trouver une activité en pleine crise ? Il faut aussi que les chômeurs voient leur période de fin de droits décalée, faute d’avoir pu trouver un emploi pendant la crise. En matière d’accès à la santé, nous demandons par exemple la suppression du délai de carence de trois mois pour obtenir l’aide médicale d'Etat. Et puis, il y a aussi de nombreuses réflexions à mener en matière d’enseignement. La période actuelle risque d’avoir conduit à de nombreux décrochages scolaires. Nous n’avons pas toutes les réponses, nous sommes là pour poser les questions.

Et selon vous, c’est à l’Etat d’apporter les solutions ?

C. D. : En situation de crise, l'Etat se retrouve en effet au centre du jeu. Nous raisonnons en deux temps. Pour gérer l’urgence, les discussions avec le gouvernement ont permis de prendre des dispositions positives. La marche suivante, c’est ce plan de relance pour les quatre ou cinq mois qui suivront. Enfin, nous devrions mener une réflexion sur notre modèle de protection sociale. Sur tous ces sujets, le rôle de l'Etat est prépondérant, et il l’a été même dans des pays très libéraux ! Pour l’heure, l'Etat garantit la santé des Français. Ensuite, il devra permettre la sortie de crise, sur le plan économique bien sûr, mais aussi en lançant une reconstruction sociale.

Dans ce contexte, que penser de réformes qui étaient en phase de concertation, avant la crise ? Une « concertation » houleuse pour ce qui est de la création d’un revenu universel d’activité (RUA)…

C. D. : La crise a montré deux choses. D’abord que notre pays reste inégalitaire. Mais aussi l’importance de notre modèle social et des solidarités (familiales, de voisinage…). Nous devons profiter de l’occasion pour repenser notre modèle de protection sociale dans une logique favorable aux personnes en situation de pauvreté. Alors, le RUA, pourquoi pas. Mais à de multiples conditions : il devra favoriser l’automaticité des droits, être ouvert aux jeunes de 18 à 25 ans, revalorisé par rapport au RSA… Alors, les associations pourraient lui être favorables…

 

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