Un « changement de culture radical » dans la lutte contre les violences sexuelles faites aux enfants et un « objectif prioritaire des politiques publiques » : c’est à cela que la Défenseure des droits, Claire Hédon, et son adjoint Eric Delemar, Défenseur des enfants, ont exhorté les pouvoirs publics, dans un communiqué diffusé le 10 mai, après leur audition par la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise).
Des blocages récurrents
Rappelant l’urgence de ce combat, et soulignant le travail essentiel de la Ciivise, la Défenseure a évoqué les blocages récurrents, dans les situations qui lui sont soumises.
Elle note des difficultés persistantes dans le traitement judiciaire, avec « des enquêtes très succinctes dans lesquelles ni les professionnels en contact quotidien avec le mineur ne sont sollicités ou entendus, ni d’autres membres de la famille ou de l’entourage du mineur », et souvent « l’absence d’actes d’enquête pendant plusieurs mois doublée d’un délai de procédure trop long jusqu’au jugement de l’affaire ».
Autre lacune majeure, le manque de communication et d’échange d’informations entre les professionnels, conduisant parfois à une prise en charge inadaptée de l’enfant par les institutions et à un défaut de protection efficace.
En outre, la Défenseure pointe le recueil encore inapproprié de la parole de l’enfant, malgré un rapport et des recommandations réalisés en 2019 et 2020. Enfin, elle juge l'éducation à la sexualité trop peu développée dans les établissements scolaires, malgré la loi de 2001, pour pouvoir contribuer à aider un enfant ou un adolescent à mettre des mots sur le comportement déviant d’un adulte et le dénoncer.
Mobiliser les pouvoirs publics et les professionnels
Aussi la Défenseure appelle-t-elle non seulement à la mobilisation des pouvoirs publics mais aussi à celle des professionnels, pour « faire primer l’intérêt supérieur de l’enfant sur toute autre considération dès les premiers soupçons de violence » : « Il est urgent de faire cesser l’omerta sur ces violences par la mobilisation et le renforcement de la formation des professionnels en lien avec les enfants, y compris des médecins […] et de favoriser l’évolution des pratiques et du droit. »