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La transition écologique : atout ou handicap pour les établissements ?

[LA QUESTION QUI FACHE] Les experts et les professionnels témoignent de leur volonté de s’engager, malgré les difficultés liées aux normes environnementales et aux spécificités du secteur.
 
 

Utilisation quotidienne de produits nocifs pour répondre à une course à l’hygiène, habitude d’aérer des bâtiments surchauffés, propension à jeter des tonnes de denrées alimentaires non consommées… Les établissements sociaux et médico-sociaux n’ont pas toujours pris les habitudes les plus vertueuses en matière de transition écologique ! Et pourtant, sur le terrain, c’est une problématique prise à bras-le-corps par nombre de professionnels et de directions, sensibilisés et engagés autour de la valorisation des déchets, des achats responsables et d’une alimentation plus saine et locale.

Reste à généraliser et à structurer ces pratiques, à les intégrer au projet d’établissement. Avec la volonté de passer du bricolage à une approche transversale et cohérente. La marche est encore haute pour de nombreux acteurs, même s’ils ne se posent plus la question du « quand s’engager », mais bien celle du « comment ». Et si certains ont devancé les réglementations, on ne peut que regretter qu’ils ne soient ni récompensés, ni avantagés… mais plutôt découragés, faute de soutien.

>>> A lire aussi : Les chiffres clefs de l’empreinte carbone du secteur de l’autonomie

A l’heure de la prise de conscience de l’urgence climatique, la transition écologique constitue plus que jamais une opportunité pour le secteur de se démarquer, de réaliser des économies substantielles, de gagner en qualité de vie, de renforcer son attractivité avec l’ambition d’attirer de nouveaux salariés. Encore faut-il ne laisser personne au bord de la route. C’est là que le bât blesse. L’enjeu est de ne pas séparer les « supposés » sachants (directions) et les suiveurs (usagers) ; tous doivent mener ensemble ce combat, avec pour objectif de sensibiliser et de faire participer les publics accompagnés afin qu’ils deviennent des écocitoyens à part entière.


LES REPONSES DES PROS

1. La force par l’exemple

Ecouter les désirs des équipes et des résidents est une entrée gagnante pour garantir l’engagement nécessaire de tous. Le succès repose sur la bonne compréhension et sur la motivation sincère à agir. Des établissements deviennent exemplaires et, ce faisant, embarquent les salariés, les familles et leurs parties prenantes dans une démarche de bon sens, respectueuse de chacun et de l’environnement. Parmi eux, certains structurent rigoureusement leur démarche, installent une gouvernance, identifient des priorités et fixent des objectifs, mesurent, déploient des actions, évaluent, etc. D’autres préfèrent partir à l’aventure et décident en marchant. Chacun choisit sa formule en fonction de sa taille, de ses ressources, de sa culture d’entreprise…

Véronique Molières, directrice du comité pour le développement durable en santé (C2DS).


 

2. Un retour aux sources du plaisir

En 2019, nous avons décidé de remanier la totalité de nos menus, avec pour objectifs premiers de retrouver ce plaisir de manger et de lutter contre la dénutrition. Le second enjeu était de réduire la surproduction et de limiter ce gâchis alimentaire. En comprenant l’envie de nos résidents, nous avons supprimé les grammages du GEMRCN(1)qui nous poussait à la consommation sans tenir compte de l’appétit des personnes en fonction de leurs besoins, de leurs pathologies et des effets de l’âge. Les protéines animales servies matin et soir ont disparu au profit de plats et préparés avec des produits de meilleure qualité nutritionnelle, viande bio ou de producteurs locaux le midi et légumes, fruits et céréales le soir. Le choix de mettre deux fois par jour du fromage à la coupe nous permet d’équilibrer l’apport en protéines. En parallèle, nous avons décidé de proposer cinq gâteaux faits maison pour les goûters en supprimant au maximum les goûters individuels.

Yoann Laffay-Fabre, gestionnaire de projets Ehpad Foyer du Romarin, à Clapiers (Hérault).


 

3. La participation au projet

Il m’a été confié le poste de direction de l’association Les Maisons de Saint-Joseph, où j’ai pu mener des actions pionnières dans un Ehpad, avec la volonté de changer les pratiques et autres habitudes néfastes pour l’environnement. Après quelques mises en place de base (récolte de piles ouverte aux salariés, familles, et résidents et tri de papier), il n’a pas été trop difficile de motiver les équipes. Nous avons donc créé un groupe de travail composé de salariés volontaires représentant chaque catégorie de métier. Le constat est sans appel sur la motivation des professionnels, chacun ayant des talents cachés et souvent des idées simples et efficaces à transmettre. Le nettoyage vapeur fut notre première avancée commune et je ne pense pas que nos équipes reviennent sur ces pratiques plus propres, plus sûres.

Nous avons pu constater que les familles trouvaient ces sujets très importants, mais que, pour autant, elles ne voulaient pas s’intégrer à notre groupe de réflexion.

Pour les résidents, certains s’y intéressaient, mais il nous a paru compliqué de les engager avec nous sur la durée. Alors, de temps en temps, j’allais en parler avec les plus motivés, qui trouvaient un intérêt supplémentaire à avoir fait le choix de notre établissement.

Dominique Gelmini, ancien directeur de l’Ehpad La Maison Saint-Joseph, à Jasseron (Ain).


 

4. Une aventure humaine 

Nous avons décidé de produire une petite partie de notre électricité par nos propres moyens. Bien qu’originale, voire improbable, pour un tas de bonnes raisons, cette démarche a néanmoins été initiée par les résidents et les professionnels du foyer d’accueil médicalisé (FAM). Pour ce faire, une dizaine de résidents étaient présents lors des ateliers et ont participé, selon leurs connaissances, leurs goûts, leurs envies, leurs possibilités, à telle ou telle étape… que ce soit pour regarder, observer, travailler, modifier ou critiquer. Les éléments de raccordement au réseau ont été étudiés en amont, il ne restait donc plus que l’obtention de l’autorisation administrative. Nous ne sommes pas propriétaires des locaux, nous avons sollicité le bailleur. C’est là que s’est arrêtée l’aventure.

Aujourd’hui, nous n’avons pas abandonné le projet d’engager l’établissement dans la production d’une énergie verte. Simplement, ce projet d’auto-construction a montré ses limites en termes de faisabilité, et plus particulièrement sur le plan administratif. Cela reste néanmoins un formidable atelier pour les résidents, tant dans l’apprentissage de gestes techniques que dans la pédagogie du projet. Enfin, et c’est peut-être là le plus important, l’auto-construction d’un tel engin par des résidents et des professionnels a été une formidable « aventure humaine ».

Benoit Barbet, adjoint de direction du FAM Résidence Espace de l’APF France handicap, à Nœux-les-Mines (Pas-de-Calais).


 

5. Un jardin pour se rencontrer

Le point de départ du projet de jardin potager écologique était une volonté d’ouverture de notre établissement sur la cité, ou comment une opération de développement durable permet de nouer des relations et de dépasser les clichés. Le jardin potager constitue un moyen de s’ouvrir sur l’extérieur, aux autres et de favoriser l’intégration des publics. Ce type de projets permet de sensibiliser les jeunes à la diversité. Il joue un vrai rôle social. C’est une démarche de co-construction qui renforce le tissu relationnel et la confiance en soi, car tous les acteurs s’échangent des conseils, reçoivent des compliments et grandissent ensemble.

Catherine Gibaudan, cadre de santé au MAS Les Iris de l’association Vivre et devenir, à Saint-Rémy-de-Provence (Paca).

Notes

(1) Groupement d’étude des marchés en restauration collective et de nutrition.

 

>>> Toutes ces contributions sont extraites du hors-série des ASH n°16 Transition écologique en établissement
Pour le commander, rendez-vous sur la boutique

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