Recevoir la newsletter

Collectif des Ehpad publics en résistance : « Il faut une ambition publique du grand âge »

Xavier Compain est le maire de Plouha, dans les Côtes-d'Armor

Crédit photo mairie de Plouha
Confrontés aux importantes difficultés financières et de recrutement de leurs Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes), cinq maires de communes bretonnes ont rendez-vous, jeudi 31 août, à Paris, avec la nouvelle ministre des Solidarités et des Familles, Aurore Bergé. Membre de la délégation*, Xavier Compain, édile de Plouha (Côtes-d’Armor), détaille leurs revendications.

ASH – Quelle est la situation des Ehpad bretons ?

Xavier Compain : Il y a quelques mois nous avons créé le mouvement des "Ehpad publics en résistance", auquel nous avons rapidement associés les structures associatives. A ce jour, il regroupe une centaine de communes, dont certaines n'ont pas d'Ehpad : une trentaine dans le Finistère, une cinquantaine dans les Côtes-d'Armor, une dizaine dans le Morbihan et quelques autres dans le reste de la Bretagne.

Le constat est le suivant : sept établissements publics sur dix seront dans le rouge fin 2023, avec des déficits compris entre 300 000 et 400 000 euros. Les raisons sont connues de tous et ne datent pas d’hier : explosion des factures énergétiques, un Ségur décrété par l'Etat mais non financé ou mal... Par exemple, l’an dernier, au premier trimestre, les factures étaient comprises entre 35 000 et 40 000 euros. Un an après, elles s’élèvent à 125 000 euros.

Qu’allez-vous demander à madame la ministre ?

Nous estimons avoir un ou deux ans de sursis. Passé ce délai, les petites collectivités n’auront plus la capacité de remettre au pot. Pour autant, demain, nous n’allons pas réclamer des milliards d’euros. Nous allons défendre un modèle. Il faut une ambition publique du grand âge assumée par l’Etat. Une loi grand âge avait été promise, elle doit être votée pour enfin avoir une vision au long cours, sur les vingt ou trente prochaines années. Au risque de laisser des personnes sur le carreau.

La Bretagne est une terre agricole, rurale. En moyenne, les retraites agricoles sont de 800 euros par mois quand une place en établissement public est comprise entre 2000 et 2400 euros. Se pose donc la question de le pérennité de ce modèle social, solidaire, juste et pertinent. L’Etat doit pouvoir le garantir. Après la réunion de demain, plus personne ne pourra dire "On ne savait pas".

Jusqu’où êtes-vous prêts à aller ?

Avant l’été, nous avons fait savoir que nous ne paierons plus les factures d’énergie. Les montants demandés sont actuellement provisionnés sur un compte mais ne seront pas versés tant qu’une solution viable ne sera pas trouvée.

Encore une fois, il ne s’agit pas de simplement débloquer des fonds en urgence. Nous voulons une réponse structurelle, de perspective. Il faut en finir avec le "yakafokon". Sans cela, et c’est notre deuxième levier de menace, nous ne voterons pas nos budgets CCAS/Ehpad pour l'an prochain.

Enfin, nous avons aussi pris attache auprès d'un cabinet d'avocats rennais pour savoir jusqu'où est engagée la responsabilité de l'Etat. En effet, nous avons le sentiment qu’à la première difficulté, les communes deviennent responsables. C'est un peu facile. L’idée n’est pas de se défausser. Nous sommes prêts à être gestionnaires mais nous aimerions que l'Etat nous accompagne jusqu'au bout.


*La délégation sera composée des maires de La Roche-Jaudy (Jean-Louis Even), Hillion (Annie Guennou), Plouaret (Annie Bras-Denis), Plourin-lès-Morlaix (Guy Pennec) et Plouha (Xavier Compain)

Autonomie

S'abonner
Div qui contient le message d'alerte
Se connecter

Identifiez-vous

Champ obligatoire Mot de passe obligatoire
Mot de passe oublié

Vous êtes abonné, mais vous n'avez pas vos identifiants pour le site ?

Contactez le service client 01.40.05.23.15

par mail

Recruteurs

Rendez-vous sur votre espace recruteur.

Espace recruteur