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L'essentiel du Social

#72

L'essentiel du social

Bonjour et bienvenue dans L’Essentiel du social, votre rendez-vous hebdomadaire avec l’actualité du social et du médico-social.

Cette semaine, focus sur un paradoxe tricolore qui, vous le verrez, peut prêter à sourire jusqu’à un certain point… où on en pleure.


Si en France, on n’a pas le fameux DOGE, chapeauté par l’empereur américain de la voiture électrique, on prétend tout de même dépoussiérer les procédures, balayer les comités soi-disant Théodule et autres instances qui ne serviraient à rien. Bien. Quoique l’Observatoire national de la politique de la ville ou le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge pourraient avoir un brin d’intérêt. Mettons. Les temps sont durs, il faut faire des économies, ras-le-bol de ces fonctionnaires pléthoriques et « ya plus de saison ma bonne dame ».


Mais cette volonté de simplifier la vie économique ne semble bizarrement pas s’étendre à la sphère législative. Non seulement les nouvelles lois – en général coercitives – s’empilent (rappelons qu’il y a eu 29 lois sur l’immigration en 40 ans, soit une tous les 17 mois depuis 1980), mais des textes totalement obsolètes sont encore théoriquement en vigueur. Ou ont été supprimés très tard.


L’abrogation de la possibilité d’interdire la circulation de journaux publiés en langue étrangère ou le poinçonnage pour contrôler les betteraves datent ainsi de 2019. Quant à la prohibition des pantalons pour les femmes mariées, elle n’a été levée officiellement qu’en 2013. D’accord, je chipote, aucun représentant de la maréchaussée n’a mis récemment de contravention à une épouse en jean taille basse. Mais lorsqu’on sait que par ailleurs l’homosexualité n’a été dépénalisé qu’en 1982, cette histoire de lois désuètes fait moins marrer.


Cerise sur le gâteau, attention accrochez-vous au bastingage : le Code noir n’a jamais été abrogé. Ce texte promulgué par Louis XIV, destiné à réglementer le statut juridique des esclaves, aboli pendant la Révolution française, rétabli sous Napoléon, existe toujours quelque part dans les tiroirs de la République. Alors bien sûr, il a cessé d’être effectif avec la fin de l’esclavage en 1848, encore heureux ! Mais personne jusqu’ici n’a jugé utile de le supprimer une bonne fois pour toute.


Rappelons que cette délicieuse ordonnance royale avait pour but d’encadrer tous les aspects de la vie et des relations entre « maîtres » et « esclaves noirs des colonies ». Ces derniers y étant déclarés comme des « êtres meubles », c’est-à-dire susceptibles de se faire acheter. Un bonbon.


Mais soyez rassurés, François Bayrou est sur le coup. Il ferait bien de se dépêcher dans un contexte où les extrêmes droites ont organisé ce week-end une petite sauterie à Milan pour parler « remigration », où le Premier ministre britannique prépare des « centres de retour » pour migrants hors de ses frontières et où Donald Trump s’est plongé dans une loi du 18ème siècle pour expulser « les ennemis étrangers ».


Allez, bonne semaine à tous !

Laurence Ubrich, rédactrice en chef des ASH

 
 
 
 
 

Ă€ la Une

 
 

Mobilisation des pros de la protection de l’enfance… et de beaucoup d’autres

On les attendait depuis septembre dernier, lors de leur premier coup d’éclat : Les 400 000 ont à nouveau donné de la voix dans les rues de 8 villes un partout en France. Le collectif composé d’associations, d’institutions, de fédérations, de travailleurs sociaux et de principaux concernés de la protection de l’enfance étaient mobilisés ce 15 mai pour alerter sur la crise systémique et grandissante que traverse ce « système à bout de souffle ». La Cnape (convention nationale des associations de la protection de l’enfance) était la tête de file d’un mouvement aussi déterminé qu’inventif pour faire parler de lui.

A lire également : Pourquoi le collectif des 400 000 se mobilise de plus belle pour les enfants protégés

 

Focus sur la manifestation de Lille où les organisateurs ont imaginé un happening aussi visuel que lourd de sens. Dans le Nord comme ailleurs, on exige de mettre fin aux listes d’attente pour les placements ordonnés, de réinvestir dans le soutien aux familles en difficulté ou encore d’assurer l’accompagnement des majeurs sortant de l’aide sociale à l’enfance (ASE).

Pour approfondir : “La casse de la protection de l’enfance” symbolisée par un tas de jouets


Dans le même temps et en parallèle, à l’exception de plusieurs organisations syndicales, les personnels du social et du médico-social s’étaient donné le mot pour scander l’une des revendications structurelles des travailleurs sociaux : une revalorisation générale de leurs salaires.

Pour en savoir plus : Les personnels du social et du médico-social manifestent pour leurs salaires

 

 
 

Brief en Bref

 
 

HANDICAP  Mise en place progressive. Une proposition de loi destinée au renforcement du parcours inclusif des élèves aux besoins particuliers pourrait bientôt insérer les PAS, jusque-là expérimentaux, dans le Code de l’éducation. Les pôles d’appui à la scolarité bientôt consacrés par la loi ?  

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JUSTICE  Commission mixte paritaire. Après une adoption par les deux chambres du Parlement, il fallait trouver un accord autour de la proposition de loi renforçant les peines à l’encontre des mineurs et de leurs parents. Au Sénat et à l’Assemblée nationale de voter ensuite définitivement le texte. Une première étape franchie par les députés le 13 mai 2025. Justice des mineurs : que contient le texte adopté en commission mixte paritaire?  

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SOLIDARITE  Pacte du pouvoir de vivre. Saisissant au vol la promesse de François Bayrou de consulter les citoyens en amont de la préparation de la prochaine loi de finances pour 2026, les 65 organisations membres du collectif entendent bien faire porter leur voix en faveur d’une fiscalité plus juste. "La société civile doit avoir un droit de regard sur l’usage de l’argent public"  

 
 
 
 
La Punchline (A éditer)

En bénéficiant du RSA nous sommes déjà au bord du gouffre et tout ce que nous avons comme réponse, c’est de nous y pousser davantage. Avec la mise en place des sanctions, nous risquons de perdre notre appartement, de ne plus pouvoir manger, etc.... D’une situation de détresse nous passons à une situation de grande détresse.

Une membre du Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE).

 
 
Plein Cadre (A éditer)

Alors que l’Ecole supérieur de travail social (Etsup) est au bord du précipice – elle risque la fermeture définitive - ses étudiants ont manifesté devant le chantier abandonné de leurs potentiels nouveaux locaux en région parisienne. Ces futurs professionnels réclament le maintien de leurs formateurs et de leurs promotions. La semaine dernière, l’établissement avait reçu cinq offres de reprise.   Pour en savoir plus : Les étudiants de l’Etsup veulent "faire vivre l’avenir de l’école"  

 
 
La Question (A éditer)

Les entreprises à but d’emploi proposent aux chômeurs de longue durée de signer des CDI. S’agit-il de son principal intérêt ?

Ce n’est pas la notion de CDI qui est essentielle, mais le travail. Un travail qui correspond à ce qu’ils savent faire et non rattaché à un diplôme. Du travail local, pour la collectivité. Les mères au foyer qu’on a embarquées dans le projet au tout départ ont finalement attendu plus de trois ans avant de signer leur contrat. Elles ont donné de leur temps en tant que bénévoles. Ce sont des personnes qui ont des moyens modestes, mais qui n’étaient pas pour autant dans une urgence économique. Elles ont donc surtout été guidées par leur curiosité, et ont fini par s’autoriser à se projeter à nouveau dans le travail. Ce qui rend le modèle attractif, c’est aussi la notion de travail à temps choisi, qui permet à des personnes éloignées de l’emploi de trouver une activité compatible avec leur situation.

Patricia Das Neves est cheffe du projet de la nouvelle entreprise à but d’emploi, Nouvel’R, du territoire zéro chômeur de longue durée d’Epinay-sous-Sénart.

Voir aussi Territoires zéro chômeur : "Plutôt que de regarder les problèmes, on s’intéresse aux capacités des personnes".

 
 

Un Pognon de Dingue

 
 

888 milliards d’euros

C’est ce que représentaient les dépenses de protection sociale en 2023, soit 31,5% du PIB français, suivant ainsi la baisse progressive constatée depuis 2020. Année à laquelle elles avaient atteint 34,5%, sous l’effet des mesures exceptionnelles prises dans le cadre de la pandémie de Covid-19.

Pour aller plus loin : Protection sociale : en 2023, les dépenses ont moins progressé que l'inflation

 


 

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