Malgré les turbulences provoquées en 2024 par les brutaux changements de braquet politiques concernant les aides financières à l’apprentissage, le réseau des centres de formation d’apprentis (CFA) du social et du médico-social a tenu bon. Et même connu une nette montée en puissance, à en croire le bilan annuel que vient de dévoiler la Fédération nationale pour l’apprentissage aux professions sanitaires, sociales et médico-sociales (Fnapss), le 17 juin 2025.
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11 800 apprentis dans le réseau
Si, au cours de l’année écoulée, le réseau s’est étoffé avec l’adhésion de quatre nouveaux établissements de formation (soit au total à 18 sur l’ensemble du territoire), le nombre d’apprentis, lui, a carrément enregistré une nette progression, passant de 9 300 en 2023 à 11 800 fin 2024.
Attention cependant aux effets d’optique : la hausse des effectifs n’a pas été uniforme dans l’ensemble des centres de formation « et si certains CFA ont enregistré une augmentation, d’autres ont vu leurs effectifs diminuer », prévient la fédération qui attribue ces variations à l’incessant stop-and-go gouvernemental sur le soutien financier à l’apprentissage.
Un quart d'aspirants éduc spé
Très marqué par l’extrême féminisation des effectifs (79 %), l’apprentissage dans le social et le médico-social se caractérise par la prédominance de deux cursus, ceux d’éducateur spécialisé et d’aide-soignant qui représentent respectivement 20,4 % et 15,9 % des diplômes choisis par les alternants parmi les 50 proposés par les CFA adhérents de la Fnapss. Loin derrière viennent ceux de moniteur-éducateur (9,3 %), d’accompagnant éducatif et social (6,6 %), d’auxiliaire de puériculture (6,01 %), d’accompagnant éducatif petite enfance (5,9 %) et d’éducateur de jeunes enfants (5,2 %).
En 2024, le taux de rupture de contrat – c'est-à-dire de décrochage en cours de cursus – s’est stabilisé à 6 % contre plus de 8 % l’année précédente. Avec cependant une légère augmentation des abandons pour les diplômes compris entre le niveau CAP (niveau 3) et la licence (niveau 6). La baisse de ruptures est surtout portée par l’assiduité des apprentis préparant des diplômes de niveau bac +4 et au-delà.
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L'Opco santé, premier financeur
Le secteur sanitaire, social et médico-social non lucratif représente le premier employeur de ces apprentis, comme en témoigne l’examen des conventions collectives de rattachement de leurs contrats de travail : 25,8 % se situaient dans le champ de la convention collective 66 (Nexem) et 9,3 % dans celui de la 51 (périmètre Fehap). Les trois fonctions publiques (Etat, territoriale et hospitalière) représentaient 14 % des employeurs ; l’hospitalisation privée 9,6 % ; la branche des acteurs du lien social (convention Alisfa) 2,7 % et celle des services à la personne 1,9 %.
L’opérateur de compétences (Opco) santé était, en 2024 comme en 2023, de très loin le premier financeur des contrats d’apprentissage des alternants inscrits dans les établissements de la Fnapss puisqu’il représentait 49,3 % des financements. Loin devant Uniformation (l’Opco cohésion sociale) qui n’en prenait en charge que 9,57 %. A noter le la part non négligeable assurée par le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT, 9,8 %) et par l’Association nationale pour la formation des personnels hospitaliers (ANFH) – seul Opca (organisme paritaire collecteur agréé) ayant survécu à la réforme de la formation de 2017 sans passer au statut Opco – qui pesait pour 6,2 % dans le total de prise en charge des contrats.
L’Opco EP, celui des entreprises de proximité, représentait quant à lui 6,7 % des financements de contrats du fait de la présence parmi ses adhérents de la branche des services à la personne.
Autrement dit, la situation 2024 de la Fnapss est sans doute un peu meilleure que celle à laquelle elle pouvait s’attendre. Mais alors que les turbulences rencontrées l’an dernier ont montré la faiblesse du système de financement de l’apprentissage, la fédération projette, en 2025, de muscler son réseau en attirant de nouveaux adhérents, mais aussi en développant ses partenariats avec les acteurs de l’apprentissage, particulièrement la Fnadir (Fédération nationale des directeurs de CFA) ou l’Unaforis (Union nationale des associations de recherche en formation et intervention sociale), ainsi qu’avec la CNSA.
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