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Comment l’emploi pourrait servir de variable d’ajustement à un secteur associatif en crise

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Fired young woman, employee sitting with box outside the office

17 % des associations en difficulté pensent supprimer des emplois en ne remplaçant pas des départs définitifs, 16 % en annulant ou reportant des recrutements, 8 % en mettant en place des plans de licenciement.

Crédit photo baranq - stock.adobe.com
Confrontées à une baisse générale des subventions, un nombre conséquent d’associations se retrouvent en difficulté de trésorerie en ce début d’année, affirme une étude pilotée par le Mouvement associatif. Certaines imaginent d’ores et déjà tailler dans leurs effectifs pour réduire la voilure.

Avis de tempête sur le secteur associatif. Fortement perturbé par la baisse des subventions actée dans le budget 2025, mais aussi par les coups de rabot sur les emplois aidés (PEC, CUI, CAE et contrats adultes-relais), près d’un tiers des associations (31 %) ne disposent plus que de trois mois de trésorerie. Résultats, elles se retrouvent dans une situation de grande vulnérabilité économique, comme le révèle une étude (ci-dessous, en pièce-jointe) rendue publique le 8 avril 2025 par le Mouvement associatif, Hexopée, le Réseau national des maisons des associations (RNMA) et l'Observatoire régional de la vie associative (ORVA) des Hauts-de-France.

A peine mieux loti, un autre tiers (31 %) des quelque 5 557 associations sondées avoue ne disposer de fonds que pour tenir « entre six mois et un an ». Mais qu’elles soient prises à la gorge sur le court ou le moyen terme, elles n’en restent pas moins 69 % à qualifier le montant de leurs fonds propres en 2025 de « fragile ou nul ».

>>> A lire aussi : Un tiers des structures de l’éducation populaire en grande difficulté économique

Seulement trois mois de trésorerie

Dans le détail, cette limitation de trésorerie à trois mois touche 32 % des structures actives dans le domaine de l’éducation, de la formation et de l’insertion ; 29 % de celles dévolues à la défense de droits et de causes et 27 % de celles présentes sur le secteur de l’action caritative, de l’humanitaire et de la santé. Parmi les plus touchées, les associations employeuses qui souffrent davantage que les autres de l’arrêt brutal des emplois aidés. Ainsi, 23 % des structures recourant à de la main-d’œuvre salariée estiment que leurs difficultés financières sont récurrentes, quand 31 % y sont confrontées de façon ponctuelle.

Quelque 61 % pensent résoudre leurs problèmes financiers par la voie de négociations avec leurs salariés, 35 % en recourant à l’emprunt bancaire, 25 % à des financements Dailly et… 38 % avouent ne pas savoir comment faire face.

>>> Pour compléter: Budget 2025 : le gouvernement torpille les emplois aidés

Le secteur à la diète

Depuis le vote du budget 2025, le secteur associatif a été sérieusement mis à la diète. Les structures d’insertion par l’activité économique (IAE), par exemple, devraient se voir amputées d’un financement équivalent à la prise en charge de 11 000 parcours d’accompagnement et des fonds de réserve du ministère du Travail.

Dans le domaine de l’éducation populaire, un tiers des associations, déjà malmenées économiquement ces dernières années, pourraient définitivement passer dans le rouge.

>>> A lire aussi: En 2025, l'IAE s'attend à un grand coup de rabot budgétaire

Côté collectivités locales, certaines régions ont d’ores et déjà fait du secteur associatif la variable d’ajustement des baisses de leurs dotations d’Etat. Comme dans les Pays de la Loire où l’ensemble des budgets aux associations ont été supprimés, ou en Provence-Alpes-Côte d'Azur et Auvergne-Rhône-Alpes, où ils ont été significativement revus à la baisse.

Quant aux départements, déjà mis à mal par la baisse des DMTO (droits de mutation à titre onéreux), la hausse du RSA (revenu de solidarité active) ou l’obligation de payer le « Ségur pour tous » dans le secteur sanitaire, social et médico-social – deux contraintes dont la majorité d’entre eux ont choisi de s’affranchir –, ils ne paraissent que difficilement en mesure de venir en aide aux associations privées de ressources. Dès le mois de mars 2025, 14 % des associations indiquaient ainsi que leurs demandes de subventions auprès de l’Etat, des collectivités, des organismes sociaux ou même des mécènes privés avaient d’ores et déjà été refusées.

8 % envisagent des PSE ou des licenciements 

Dans ces conditions, les associations imaginent déjà les réponses à apporter pour passer le cap. Si certaines envisagent de réduire la voilure (27 % prévoient une diminution de certaines activités, 22 % leur annulation), d’autres prévoient une redéfinition de leur projet associatif, l’augmentation des cotisations de leurs adhérents ou des reports d’investissement.

Beaucoup cependant pensent à faire de l’emploi la variable d’ajustement de la baisse des subventions. En octobre 2024, l’Udes et ESS France, principales têtes de réseaux de l’économie sociale et solidaire, tablaient sur 186 000 destructions d’emplois dans le secteur. Aujourd’hui, 18 % des associations projettent de réduire la masse salariale en ne remplaçant pas les départs (retraites, fins de CDD, etc.), 16 % en annulant ou reportant des recrutements pourtant planifiés, 8 % en mettant en place des licenciements, voire des PSE, et 7 % en ne remplaçant pas les départs temporaires (congés maternité, etc.). 

Quant aux 43 % qui n’en sont pas au stade de la destruction d’emplois, elles avouent ne pas pouvoir totalement en exclure l’idée non plus…

>>> A lire aussi: Budget 2025 : l'ESS risque de perdre 186 000 emplois

 

>>> Retrouvez ici l'étude sur la santé financière des associations dans son intégralité <<<

 

 

 

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