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Réforme du chômage : les associations de privés d'emploi sont mécontentes

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Les associations de chômeurs et précaires, organisées en collectif unitaire, ont dénoncé le mépris dont les demandeurs d'emploi font l'objet, à la fois dans le discours de certains responsables politiques et dans les mesures que le gouvernement envisage.

"Vous savez pourquoi on est là ? Parce que l'on vient de rentrer de deux ans de vacances aux Bahamas !" Malika Zediri, porte-parole de l'Association pour l'emploi, l'information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires (APEIS), n'a pas besoin de porte-voix pour se faire entendre, en ce matin du 21 mars. Pourtant, avec une poignée de militants du collectif unitaire des associations de chômeurs et précaires (1), grimés en vacanciers fortunés - chapeaux de paille, Champagne et gros cigares, tubas et lunettes de soleil... - ils se sont regroupés devant une agence de voyage à deux pas de la Place de la République, à Paris, dans le brouhaha des automobiles.

Au cours de cette conférence de presse haute en couleur, alors que le projet de réforme du chômage avait été dévoilé l'avant-veille aux organisations syndicales, les représentants des privés d'emploi ont dénoncé le mépris dont les demandeurs d'emploi font l'objet, à la fois dans le discours de certains responsables politiques et dans les mesures que le gouvernement envisage.

"Après Laurent Wauquiez dénonçant les "chômeurs qui profitent de la vie", après Christophe Castaner insistant sur le fait que "la liberté, ce n'est pas bénéficier des allocations chômage pour partir deux ans en vacances", Damien Adam, député de la République en marche (LREM) de Seine-Maritime accuse les chômeuses et chômeurs de partir "en vacances aux Bahamas grâce à l'assurance chômage". Alors chiche ! allons-y..., écrivait le collectif unitaire en guise d'invitation à sa conférence de presse. Mais avant notre départ, [...] il faut bien défendre une assurance chômage respectueuse des droits des chômeurs".

Le journal de bord, "un outil de contrôle"

Reprochant à la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, d'avoir eu "une grande oreille pour le chef du MEDEF", mais de ne pas avoir pris la peine de recevoir les organisations représentants les chômeurs, Malika Zediri est revenu sur les risques du "journal de bord", prévu dans le projet de réforme du ministère. Cet outil destiné à suivre le parcours de recherche d'emploi fera l'objet d'une "analyse aléatoire selon les conseillers" et pourra être "un outil de contrôle", estime-t-elle.

"On nous tape dessus férocement", dénonce Claire Pauchet, représentante du Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP). "Comme si les chômeurs n'étaient pas assez stigmatisés par leur situation, on va maintenant renforcer les contrôles", constate-t-elle en rappelant le projet du gouvernement de multiplier par cinq le nombre d'agents chargés de contrôle d'ici à 2020.

Moyens à l'accompagnement plutôt qu'au contrôle

Pour le syndicat Solidaires Sud emploi d'Ile-de-France, venu soutenir le collectif, la fraude n'est pas le problème. "Selon l'expérimentation menée par Pôle Emploi, seuls 4 % de chômeurs indemnisés seraient coupables de fraudes ou de manquements", rappelle à cet effet son porte-parole. "Dans mon agence Pôle emploi, chaque agent suit entre 300 et 400 demandeurs d'emploi. Ailleurs, cela peut monter à 500 ou 600. Commençons pas créer des postes, par former les agents, par donner aux conseillers les moyens de faire leur boulot, plutôt que d'investir dans le contrôle !".

"On aimerait bien être reçus par Pénicaud pour lui expliquer ce qu'est le chômage", a insisté Claire Pauchet. Pour lui expliquer les effets de la privation d'emploi ou de l'emploi précaire sur la santé mentale et physique, sur la vie sociale, sur l'accès au logement, aux loisirs et aux vacances...

 

 

(1) AC ! Agir ensemble contre le chômage, APEIS (Association pour l'emploi, l'information et la solidarité des chômeurs et travailleurs précaires), CIP-IDF (Coordination des intermittents et précaires d'Ile-de-France), Cgt chômeurs, Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP)

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