Ils ont été jusque près de 800 par semaine. Repérés par le Crous (centre régional des œuvres universitaires et scolaires) de Bordeaux-Aquitaine, un grand nombre d’étudiants ont reçu des colis alimentaires depuis le printemps dernier grâce à un partenariat entre ce service et la Banque alimentaire de Bordeaux et de la Gironde. Et très vite, les deux premiers partenaires ont été rejoints par des municipalités puis par le conseil régional.
Selon l’Observatoire de la vie étudiante, 20 % des étudiants vivraient sous le seuil de pauvreté et, en juin 2019, une enquête de la Mutuelle générale de l’Education nationale auprès de 1 002 étudiants pointait que 26 % d’entre eux sautaient au moins un repas par semaine et 16 % avaient déjà reçu une aide alimentaire de la part d’une association(1). Impossibilité de rejoindre leur famille pour certains, notamment ceux venus des DOM, perte des jobs étudiants, le printemps confiné a renforcé cette précarité pour des milliers de jeunes.
De quoi accélérer le projet de travail en commun : « Nous avions noué des contacts en décembre dernier avec le Crous, raconte Pierre Veit, administrateur de la Banque alimentaire. Mais nous pensions intervenir à la rentrée. Le confinement a indéniablement précipité le mouvement. »
« Le plus difficile, témoigne pour sa part Anie Bellance, cheffe de service social au Crous de Bordeaux-Aquitaine, consistait à repérer les étudiants et à faire connaître notre action. » Car les bénéficiaires, au préalable, faisaient l’objet d’une évaluation sociale. Certains étudiants ont aussi rejoint les rangs des bénévoles pour la distribution. D’autres volontaires de la Banque alimentaire préparent les colis en amont et le transport a été assuré par les municipalités, à commencer par celle de Bordeaux.
Un dispositif qui fait école
Initialement lancé sur le campus bordelais, un soutien du conseil régional a permis d’étendre le dispositif à compter de juin à l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine. Ce service continuera jusqu’à fin octobre, pour environ 400 étudiants désormais. Début novembre, une épicerie sociale étudiante devrait s’implanter sur le campus, toujours soutenue par la Banque alimentaire, qui dispose d’une épicerie solidaire itinérante.
Cette offre vient compléter les interventions du Crous auprès des jeunes : logement, fourniture de chèques services ou des cartes d’achat en ligne…
« Ce que nous proposons n’est pas une première en soi, explique Anie Bellance, il y a déjà eu des aides de ce type. Mais la nouveauté tient à ce que des mairies se soient greffées sur notre initiative. Ce qui est nouveau, c’est l’ampleur du partenariat, sur le plan géographique aussi bien que politique. » Au point que le campus de Bordeaux a servi de modèle pour l’ensemble de la région Nouvelle-Aquitaine.
(1) Sur le même sujet, voir ce numéro p. 34.
