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Christophe Robert : « Il convient de créer des solutions durables de logement, et non d’ouvrir des places d’urgence »

Le 18 janvier, le Collectif des associations unies va lancer une nouvelle campagne pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics.

Crédit photo : Collectif des associations unies
Le Collectif des associations unies (CAU), qui regroupe 39 acteurs de la lutte contre le mal-logement, lance le 18 janvier une nouvelle campagne pour alerter l’opinion et les pouvoirs publics sur les mesures à prendre. Son co-porte-parole dénonce le manque de prise en compte des enjeux de long terme par les politiques publiques. Au risque de créer des effets collatéraux irréversibles à la crise sanitaire.  

Actualités sociales hebdomadaires : Le Collectif des associations unies lance lundi prochain une nouvelle campagne de sensibilisation pour que la crise sanitaire ne se transforme pas en crise humanitaire. Pourquoi maintenant ?

 

Christophe Robert : Pour deux raisons. D’abord, les échanges, le débat public, se penchent, et à juste titre, sur les nouvelles fragilités, sur les personnes qui risquent de basculer. Nous redoutons que les plus défavorisés se retrouvent trop peu pris en compte. Or, le travail que nous accomplissons au quotidien nous le montre, il demeure de nombreuses situations d’urgence non satisfaites pour ceux de nos concitoyens qui vivaient déjà dans des situations très tendues. Notre deuxième motivation, c’est l’absence de changements structurants. Certes, la puissance publique locale et nationale a mis en œuvre des réponses d’urgence. Mais, si on s’en contente, il sera permis de penser que les enseignements de la crise n’ont pas été tirés. Il est urgent d’appréhender autrement le problème du mal-logement dans les politiques publiques. On ne parle déjà plus du monde d’après, et on ne l’a pas bâti ! On a même manqué des occasions, par exemple avec le plan de relance. Pendant la crise, on a ouvert énormément de places d’hébergement d’urgence. La question est maintenant de savoir comment on en sortira, après la crise sanitaire. Même si elle n’est pas encore terminée, c’est maintenant qu’il faut se poser la question, anticiper. Dans ce cadre, nous demandons par exemple des baisses de quittance ciblées pour permettre l’accès aux logements sociaux à des personnes jusque-là sans domicile. Nous sommes plus inquiets encore que d’habitude sur ce qui va se passer à la fin de la trêve hivernale, d’autant que beaucoup d’expulsions ont été différées.

 

A.S.H. : Comme vous, la Cour des comptes se montre critique à l’égard des politiques publiques, elle qui vient de rendre un avis sévère sur la réalisation du plan Logement d’abord. Mais elle n’est pas tendre non plus avec des acteurs comme vous…

 

C.R. : Elle partage notre analyse sur la nécessité d’un changement d’échelle sur le Logement d’abord. Elle estime que les enjeux sont compris mais qu’on continue à courir après les urgences. Mais pour changer d’échelle, il faut avoir de l’ambition. Au lieu de cela, les pouvoirs publics ont diminué les aides personnalisées au logement, réduit la construction de logements sociaux… Cette année, ce budget a encore perdu 1,3 milliard d’euros ! De notre côté, on ne parvient pas toujours à inverser la logique, même si maintenant les têtes de réseau ont pris conscience que le Logement d’abord représente un changement culturel. Mais cette logique n’est pas encore intégrée partout sur le territoire par les intervenants locaux. On fait passer le message qu’il convient de créer des solutions durables de logement, et non d’ouvrir des places d’urgence dans des gymnases comme on le faisait il y a vingt ans. Il nous reste du travail, c’est vrai, mais le changement d’état d’esprit est bien en train de s’opérer.

 

A.S.H. : Quelles sont aujourd’hui les priorités que vous voulez voir avancer au travers de cette nouvelle campagne de communication ?

 

C.R. : Nous regrettons que le plan de relance ne prévoie pas de construction de logements sociaux. Donc nous défendons des enjeux structurels d’abord. De même pour l’ouverture des minima sociaux aux moins de 25 ans et pour leur revalorisation. Et, à court terme, nous demandons que soient annulées les coupes dans les APL, qui ont subi une baisse de 5 €, leur désindexation par rapport à l’inflation, la suppression de l’APL « accession » et la contemporanéisation des revenus pris en compte pour leur calcul. C’est une priorité absolue, puisque ça permettra aux ménages de conserver leur logement et aux personnes sans domicile de quitter les hébergements d’urgence. Il faut aussi soutenir ceux qui rencontrent des difficultés pour payer leur loyer et leurs charges. Nous ne pensons pas que les impayés vont être massifs, mais si on attend qu’ils explosent, on ne pourra plus revenir en arrière. Les conséquences de cette crise s’inscrivent dans le long terme sur ce plan. La grille de lecture politique doit être changée, comme elle l’a été avec la mise en place du chômage partiel. C’est une nécessaire anticipation des problèmes avant qu’ils soient irréversibles. Sans compter que, si le coût du mal-logement pour les finances publiques est difficile à établir, il n’en est pas moins réel. Loger des personnes de façon durable et digne sera moins onéreux. Mais, décidément, on a du mal à se faire entendre, les politiques publiques n’intègrent pas le temps long.

 

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